Publié : 7 octobre 2022

Ma petite école

Mai p’tète écôle

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 7 octobre 2022

Mai p’tète écôle

Mai p’tète écôle, predjûe pèrmé les paîtures pairs’mennèes de saipïns, i l’aî ainmée de tot mon tyûere, i l’aî ainméee en tote séjon. I l’aî ainmée l’huvie, tiaind les oûeraidges de nage engoûerdgïnt l’entrèe qu’è faiyait dégaidgie è côps d’ pâle. I l’aî ainmèe en lai fïn d’èrba, envirtolèe dôs son mainté de brussâles tiaind les fromes atoé prenyïnt des djèts de bredons. I l’aî ainmée dains les médis di tchâtemps tiaind qu’ les bétes r’tyerïnt lai frâtchou d’ l’ailombre. Mains i l’aî ainmée chutot â bontemps, tiaind qu’en djuïn les tçhaimp’nattes tchaindgïnt le pran en raimoiyaint taipis void èt djâne. I aî ainmè mes p’tèts paiysains que m’airrivïnt hâbresait â dos èt tchâssès de yos grôs soulaies è çhiôs. Ès réchpirïnt lai sainté èt lai sïmpyicitè. C’était l’écôle di bonhèye, le pairaidis. Note envirtolèe, blottie les tçhaimp’nattes, les jonquilles Mai p’tète écôle, ma petite école. Il s’agit de l’école des Rouges-Terres, dans les Franches-Montagnes. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Ma petite école

Ma petite école, perdue au milieu des pâturages ponctués de sapins, je l’ai aimée de toutes mes fibres, je l’ai aimée en toute saison. Je l’ai aimée l’hiver, lorsque les bourrasques de neige en obstruaient l’entrée qu’il fallait dégager à la pelle. Je l’ai aimée à l’arrière-automne, blottie sous son manteau de brume lorsque les formes à l’entour prenaient des airs fantomatiques. Je l’ai aimée dans les midis d’été, lorsque les troupeaux recherchaient la fraîcheur de l’ombre. Mais je l’ai aimée surtout au printemps, lorsqu’en juin les jonquilles transformaient le pré en un somptueux tapis vert et jaune. J’ai aimé mes petits paysans qui m’arrivaient sac au dos et chaussés de leurs gros souliers à clous. Ils respiraient la santé et la simplicité. C’était l’école du bonheur, le paradis. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}