Radio Fréquence Jura
RFJ
Rubrique en patois du 15 février 2012
Auteur : Eribert Affolter
Thème : Carême et une philosophie pour aujourd’hui, comment vivre avec les autres
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RFJ /26 d’feuvrier 2012
Aimis di patois bondjoué.
Adjd’heû, ç’ât le premie duemoine de careime. Dains le temps, c’était l’ècmencement d’ènne grôsse boussèe de r’nonçement. An botè en rantche (en crêche). Mitnaint ç’n’ât pus dïnche. Ç’ât deveni ïn temps c’ment tos les âtres. Entre les dous an dairait botaie ïn djeûte moitan. Po çoli è fât tchaindgie lai rligion de l’airdgent pai lai rligion de l’aimoué.
Aiprès aivoi fait carimantran, aiprès aivoi bïn maindgie, aiprès ç’être empifrai de pîe-de-tchîevre, de crâpés, d’oriates, de schtriflatte è fât in p’tét po musaie ès béyie ès maindgie en l’échprit. Musaie en l’âtre. Tiu ât-ce l’âtre
? Cés que vôs r’trovèz tos les djoués, tchu lai vie, â traivaiye, dains les chouchietès, â cabairet.
I n’è’p l’aîme d’ïn tiurie, ni d’ïn pasteur, mais des côps çoli fait di bïn de musaie ïn po pus hât que les cocattes (les jonquilles).
Tiaint qu’an muse, c’ment nôs sons hèyerous dains ci care de tiere, nôs dairaint aivoi vorgoigne de s’piaindre. Ềt poétchaint nôs nos piaignant aidé :
Ềs fait tra fraid
Nos v’lant’p allaie ensoinne
Les trains aint di r’taid
Ề n’y é’p prou de çoci, è y é tra de çoli
Des vrais poeres afaints. I en étôs li dains mes musattes, tiaint i se tchoit tchu ïn paipie que quéqu’un m’é béyie. I crais bïn que ç’ât ci Marc Monnin. I me se dit è fât qui le dieuche ès mes aimis. I vôs l’e bèye vôs en frèz ce que vôs vôrèz.
Oyi-te
!
{Ainmaie :
Ç’ât pâre l’âtre c’ment èl ât.
Ç’ât saivoi dire. «
vïnt ïn cop tchie nôs
».
Ç’ât poyaie dire en l’âtre. «
I aî fâte de toi
».
Ç’ât saivoi r’cogniâtre que l’âtre é réjon.
Ç’ât poyaie dire. «
I te compyimente
».
Ç’ât poyaie poidgenaie.
Ç’ât poyaie euvri lai gordge po ne dire que lai voirtaie.
Ç’ât saivoi r’teni sai landye po n’peus dire di mâ.
Ç’ât poyaie r’cide des cops sains les r’bèyie.
Ç’ât poyaie yutaie sains écâchai l’âtre.
Ç’ât poyaie montaie sains boussaie les âtres aivâ.
Ç’ât faire lai pai èt bèyie di bonyèye â dito d’lu.
Ç’ât saivoi euvri les brais èt peus chore les eûyes.
Ç’ât poyaie dire èchtiuse me.}
Voili
! I n’é’p voyu vôs bèyie ènne yeson de morale mains i me seus dit que che vôs bottaie en piaice doux obïn trâs de ces musattes vôs allaie péssaie ènne tote bélle annèe dou mille doze. Ç’ât ce qu’i vôs tchvâ de tot mon tiuere. Le meus s’ré d’en r’teni ènne pai mois. Dïnche vôs s’réz vite â bon an èt vous vouérez c’ment vôs s’réz hèyerous.
Èt bïn ç’ât tot po adjed’heû. I vôs tchvâ ïn bon duemoine èt ïn bon peûtou che vôs péssè è tâle.
{E. Affolter}
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26 février 2012
Amis du patois bonjour,
Aujourd’hui, c’est le premier dimanche de carême. Autrefois, c’était le commencement d’une longue période de renoncement. On mettait en crèche. Maintenant ce n’est plus ainsi. C’est devenu un temps comme toutes les autres. Entre les deux il devrait y avoir un juste milieu. Pour cela il faudrait changer la religion de l’argent par la religion de l’amour.
Après avoir fait carnaval, après avoir bien mangé, après s’être goinfré de pieds de chèvres, de crêpes, de merveilles et de beignets, il faut un peu penser à nourrir l’esprit. Penser à l’autre. Qui est l’autre
? Ceux que vous retrouvez tous les jours, sur la route, au travail, dans les sociétés, au restaurant.
Je n’ai pas l’âme d’un curé, ni d’un pasteur, mais quelquefois cela fait du bien de penser un peu plus haut que les jonquilles.
Lorsque l’on pense, comme nous sommes heureux dans ce coin de pays, nous devrions avoir honte de nous plaindre. Et pourtant nous nous plaignons toujours :
Il fait trop froid
Nous ne voulons pas aller ensemble
Les trains ont du retard
Il n’y a pas assez de ceci, il y a trop de cela
De vrais pauvres enfants. J’en étais là dans mes pensées, lorsque je suis tombé sur un document que quelqu’un m’a donné. Je crois bien que c’est ce Marc Monnin. Je me suis dit : «
Il faut que je le dise à mes amis
». Je vous le donne vous en ferez ce que vous voudrez.
Ecoutez
!
{Aimer :
C’est prendre l’autre comme il est.
C’est savoir dire «
Viens une fois chez moi
».
C’est pouvoir dire à l’autre. «
J’ai besoin de toi
».
C’est savoir reconnaître que l’autre à raison.
C’est pouvoir dire. «
Je te félicite
».
C’est pouvoir pardonner.
C’est pouvoir ouvrir la bouche pour ne dire que la vérité.
C’est savoir retenir sa langue pour ne pas dire du mal.
C’est pouvoir recevoir des coups sans les redonner.
C’est pouvoir lutter sans écraser l’autre.
C’est pouvoir monter sans pousser l’autre à terre.
C’est faire la paix et donner du bonheur autour de soi.
C’est savoir ouvrir la bouche et fermer les yeux.
C’est pouvoir dire. «
Excuse moi
».}
Voilà
! Je n’ai pas voulu vous donner une leçon de morale mais je me suis dit que si vous mettiez en pratique deux ou trois de ces pensées vous passerez une toute belle année deux mille douze. C’est ce que je vous souhaite de tout mon cœur. Le mieux serait d’en retenir une par mois. Ainsi vous serez vite à Nouvel An et vous verrez comme vous serez heureux.
Et bien c’est tout pour aujourd’hui. Je vous souhaite un bon dimanche, un bon carême et un bon appétit si vous passez à table.
E. Affolter