Radio Fréquence Jura
RFJ
Rubrique en patois du 22 août 2010
Auteur : Eribert Affolter
Le son
- Eribert Affolter, RFJ, 100822
----
Texte en patois :
Rfj. 22 ot 2010
Aimis di patois, bondjoué.
Voili
! Les condgies sont en drie (les vacances sont terminées). Mon Dûe ç’que le temps pésse vite. Les afaints aint r’pris le tchmïn de l’écôle. Les gros aint r’trovè le poiye de traivayie, l’aitli, l’ujine. È fât bïn ïn côp r’pâre le boéré (reprendre le collier).
I seus bïn hèyerous de vôs r’trovaie èt i airôs lai tchaince de vôs pailaie en patois, totes les trâs s’nainnes de c’t’hèrbâ èt de c’t’heuvie. Ç’ât, po moi, ïn vrâ piaîji.
I échpère que vôs é péssè ènne boène boussèe è ne ran faire. Que vôs èz r’trovè des novèlles conéçhainces, que vôs vôs èz fait de novés aimis. Les condgies ç’ât fait po çoli
!
Mitnaint les dgens poyant allaie i ne sais diaîle laivoù
! En Italie, en Fraince, en Espagne èt meinme brâment pu laivi, po cés qu’ainmant voulaie dains ces gros ojés en fi. È y en è qu’aimant lai montaigne, d’âtre l’âve. È n’y é pu de frontiere, pu de dichtaince. Vôs peutes allaie, bïn soie, é quaitre cares de c’te bôle.
Èt peus, tiaint ç’ât fini, ç’ât bè de r’voûere totes ces tétes. È y en é que sont r’veni pu sôles que tiaint è sont paitchi. Hèyrousement qu’é s’aint r’pris le traivaiye po s’r’posaie, sains çoli,
i fais sèrdgeint, i n’sais’p c’ment è fairïnt po t’ni le côp.
D’âtres sont r’venis bruns, c’ment di pain trap tieu, nois c’ment ïn reûti rébiaie dains le foué di foénat tiaint les fannes baidgelant, roudges c’ment des graibeuses dains l’âve tchâde.
Èt peus è y é cés que sont r’venis malaite. Cés qu’aint maindgie des breuyeries que vôs font v’ni djâne c’ment ïn citron. È y en é vrâment po tos les gots.
Moi i’seus’p encoère allaie bacalaie. I veus léchie les oeûvraies (les ouvriers) r’pâre le traivaiye. C’ât bïn pu aige d’allaie tiand è y é moins de dgens, tchu les vies, dains les caibairets, dains lai côte.
Mains, an n’peut’p aidé faire c’ment an veut, nôs aint achi du, tiant nôs aivïns des p’téts l’afains, faire c’ment tot le monde. Nos aivïns les r’leudgieres (les vacances horlogères) èt peus ç’ât tot. Tos les r’leudgères se r’trovïns ès Rimini, ès Cattolica. An airèz craiyus r’voûere «
Lle Pod
» ès la Tchâd-d’Fonds. Les dgens pailait di traivayie èt des aiffaires des v’laidges des Fraintches Montainges.
Mains che vôs d’morèz bïn en l’hôtâ, dains vote tieurti, vôs peutes voiyaidgie en sondge. Les dous aibres di tchaimpois devegniant ènne côte, les p’téts frelats d’hierbes ïn gros tchaimpois, èt le nô lai mée (et la fontaine la mer). Çoli achi ç’ât des condgies.
Les condgies, ç’n’ât’p de n’ran faire. Ç’ât de faire des tchôses qu’an ainme, de les faire bïn, tot bâlement èt de musaie an ce que vôs fait piaîji. Ènne pamme d’aivô quéqu’un que vôs ainmèz ç’ât moiyou que di caviar daivô vôte diridgeou.
I peus vôs dire que bïn des dgens sont aîge de r’trovaie l’hôtâ èt chutôt yote yet.
Voili
! I veus vôs léchie. I tchvâ, en cés que n’sont’p encoé allaie en condgie, di bé temps et chutôt brâment de piaîji. Èt en cés qu’aint r’pri le traivayie le couéraidge d’aittendre cés d’l’annèe qu’vïnt.
Èt bïn ç’ât tot po adjed’heû. I vôs tchvâ ïn bon duemoine èt ïn bon peûtou che vôs péssè è tâle.
E. Affolter
----
Texte en français :
Rfj. 22 août 2010
Amis du patois, bonjour.
Voilà
! Les vacances sont terminées. Mon Dieu que le temps passe vite.
Les enfants ont repris le chemin de l’école. Les adultes ont retrouvé le bureau, l’atelier, l’usine. Il faut bien une fois reprendre le collier.
Je suis heureux de vous retrouver et j’aurai la chance de vous parler en patois, toutes les trois semaines, cet automne et cet hiver. C’est, pour moi, un vrai plaisir.
J’espère que vous avez passé un bon moment à ne rien faire. Que vous avez retrouvé de nouvelles connaissances, que vous vous êtes fait de nouveaux amis. Les vacances, c’est fait pour ça
!
Maintenant les gens peuvent aller je ne sais diable où
! En Italie, en France, en Espagne et même bien plus loin, pour ceux qui aiment prendre l’avion. Il y en a qui aime la montagne, d’autres l’eau. Il n’y a plus de frontière, plus de distance. Vous pouvez aller, facilement, aux quatre coins du monde.
Et puis, quand c’est fini, c’est beau de revoir toutes ces têtes. Il y en a qui sont revenus plus fatigués que lorsqu’ils sont partis. Heureusement qu’ils ont repris le travail pour se reposer, sans cela, je fais serment, je ne sais comment il ferait pour tenir le coup.
D’autres sont revenus brun, comme du pain trop cuit, noir comme un rôti oublié dans le four du fourneau quand les femmes bavardent, rouge comme des écrevisses dans l’eau chaude. Et puis il y a ceux qui sont revenus malades. Ceux qui ont mangé des spécialités qui vous font venir jaune comme un citron. Il y en a vraiment pour tous les goûts.
Moi, je ne suis pas encore allé promener. Je veux laisser les ouvriers reprendre le travail. C’est bien mieux d’aller lorsqu’il y a moins de monde, sur les routes, dans les restaurants, dans la forêt.
Mais, on ne peut pas toujours faire comme on veut, nous avons aussi dû, lorsque nous avions des petits enfants, faire comme tout le monde. Nous avions les vacances horlogères et c’est tout. Tous les horlogers se retrouvaient à Rimini, à Cattolica. On aurait cru revoir
«
Le Pod
» à la Chaux-de-Fonds. Les gens parlaient du travail et des affaires des villages des Franches-Montagnes.
Mais si vous restez sagement à la maison, dans votre jardin, vous pouvez voyager en rêve. Les deux arbres du pâturage deviennent une forêt, les petits brins d’herbe un grand pré et la fontaine la mer. Ça aussi c’est des vacances.
Les vacances, ce n’est pas de ne rien faire. C’est de faire des choses que l’on aime, de les faire bien, tout doucement et de penser à ce qui vous fait plaisir. Une pomme avec quelqu’un qu’on aime c’est meilleur que du caviar avec votre directeur.
Je peux vous dire que bien des gens sont contents de retrouver la maison et surtout leur lit.
Voilà
! Je veux vous laisser. Je souhaite, à ceux qui ne sont pas encore partie en vacances, du beau temps et surtout beaucoup de plaisir. Et à ceux qui ont repris le travail le courage d’attendre celles de l’année prochaine.
Et bien c’est tout pour aujourd’hui. Je vous souhaite un bon dimanche et un bon appétit si vous passez à table.
E. Affolter