Publié : 10 avril 2015

Les Pâques

Les Paîtçhes

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 10 avril 2015

Les Paîtçhes

{Faire ses Paîtçhes, c’était s’conféssaie ènne fois l’an, po Paîtçhes. Tus d’vïnt y péssaie. C’était di travaiye po les tiuries. Ès conféssïnt des côps tote la sïnte snainne. È faiyait qu’tos yos bairoitchous feûchïnt bïn nats po le grant djoué de Paîtçhes. Po airrivaie à cheudre, not’ chire d’maindé l’aippûe d’ïn vicaire d’lai vèlle. - Qu’ât-ce que vôs bèyies cment péniteince ? I n’ai p’brament d’éxpérience. - T’n’és p’fâte de t’faire di tieusain. I t’aî botè ènne yichte drie ton dyaitchat. Le djûene prétre yét : « Po ïn pieinteusse, ïn Pater èt ïn Ave. Po l’traivaiye di dûemoéne sains autorijâchion, cintçhe Pater, cïntçhe Ave, ïn Gloria. Po ïn hanne que bait sai fanne, ïn tchaip’lat. Po ènne fanne que bait son hanne, ènne pautrenatte... » Ènne péniteinte s’enfeule dains sai boéte és mentes. 
- Pére, i aî fâtè. 
- Dûe vôs ô, mai fèye. Djâsèz pie. - Mon hanne vait è gâtche. - Vôs n’y étes po ran. Le fâtou, ç’ât lu. - Nian, ç’ât mai fâte, poéche que, tot di temps di carème, i l’ai eurfijè. « Eurfijaie son hanne, musait l’conféssou tot hât, ât-ce que ç’ât ïn péché ? I n’l’aî p’ chu mai yichte. » - I veus m’rensangnie, i vôs r’bèyerai des novelles. Allèz en paix. Po vôs, ç’ât en ouedre. Envoyietes-me vote hanne. I veus l’ouyi.} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Les Pâques

Faire ses Pâques, c’était se confesser une fois l’an, pour Pâques. Tous devaient y passer. C’était du travail pour les curés. Ils confessaient parfois durant toute la semaine sainte. Il fallait que tous leurs paroissiens fussent bien purs pour le grand jour de Pâques. Pour arriver à suivre, notre curé demanda l’aide d’un vicaire de la ville. - Qu’est-ce que vous donnez comme pénitence ? Je n’ai pas beaucoup d’éxpérience. - Tu n’as pas besoin de te faire du souci. Je t’ai mis une liste derrière ton guichet. Le jeune prêtre lit : « Pour un ivrogne, un Pater et un Ave. Pour le travail du dimanche sans autorisation, cinq Pater, cinq Ave, un Gloria. Pour un homme qui bat sa femme, un chapelet. Pour une femme qui bat son homme, un rosaire... » Une pénitente s’enfile dans son confessionnal.
- Père, j’ai péché. 
- Dieu vous écoute, ma fille. Parlez, je vous prie. - Mon homme me trompe. - Vous n’y êtes pour rien. Le coupable, ç’est lui. - Non, c’est ma faute, car durant tout le carême, je l’ai refusé. « Refuser son mari, est-ce que c’est un péché ? dit le confesseur qui réfléchissait à voix haute. Je ne l’ai pas sur ma liste. » - Je vais me renseigner et je vous redonnerai des nouvelles. Allez en paix. Pour vous, c’est en ordre. Envoyez-moi votre mari. Je veux l’entendre. ---- La chronique patoise du QJ en direct :