Publié : 24 décembre 2021

Une consultation à domicile

Ènne conchultâchion en l’hôtâ

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 24 décembre 2021

Ènne conchultâchion en l’hôtâ

En lai poûetche di tçhetchi, è gâtche de lai boéte és lattres, è y é ènne cieutchatte penjue â bout d’ènne coûedge. Le dottoé é soénnè, èl é travoéchè l’allou, èl ât entrè. Ç’ât ïn médcïn de campaigne, dgénérou d’ son temps, que n’ compte pe ses ses hoûeres. È s’ dépiaice po les véyes, les écoute d’aivô bïnvéyaince. Çoli yos fait taint d’ bïn. Le pére Matthieu s’aittendait en sai visite. Èl était sietè dains sai tieûjènne, le tchait chu ses dg’nonyes. Ch’ lai tâle, è y aivait encoé les rèchtes di dédjunon. Chutot, qu’an n’yi djâse pe d’ lai mâjon d’ retréte en ci Matthieu. « I seus tchoé â monde ci, ç’ât ci qu’i veus meuri. Ç’ât mon hôtâ laivoù qu’i m’ sens bïn, laivoù qu’i aî tos mes seuv’nis. » - Cment qu’ çoli vait, Pére Matthieu, ci maitïn ? - Ç’ât ces tchaimpes que n’ me poétchant pus. Ç’ât aidé pé. - Èt peus, po lai p’ tète commichion, çoli s’ pésse bïn ? - Ô, tos les maitïns. Voi les sept, qu’è m’ sanne. Tiaind qu’è soénnent les ailumairiâs. - Èt peus, po lai grante commichion ? - Le gros, vôs v’lèz dire. Voi les heûte, qu’è m’sanne. È pô prés. I n’ raivoéte pe mon révoiye. - Yè bïn, tot vait des fïn meus. - Pe taint qu’çoli, poéche qu’i n’ me yeve pe aivaint les nûef. Note les ailumairiâs, n.m.pl., l’angélus ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Une consultation à domicile

À la porte du jardin, à gauche de la boîte aux lettres, une clochette est suspendue au bout d’une corde. Le docteur a sonné, il a traversé l’allée, il est entré. C’est un médecin de campagne, généreux de son temps, qui ne compte pas ses heures. Il se déplace pour les personnes âgées, les écoute avec bienveillance. Cela leur fait tant de bien. Le père Matthieu s’attendait à sa visite. Il était assis dans sa cuisine, le chat sur ses genoux. Sur la table traînaient les restes du petit déjeuner. Surtout, qu’on ne lui parle pas de la maison de retraite au père Matthieu. « Je suis né ici, c’est ici que je mourrai. C’est ma maison, où je me sens bien, là où j’ai tous mes souvenirs. » - Comment ça va, ce matin, Père Matthieu, ? - C’est ces jambes qui ne me portent plus. C’est toujours pire. - Et puis, pour la petite commission, ça se passe bien ? - Oui, tous les matins. Vers les sept heures, qu’il me semble. Quand sonne l’angélus. - Et pour la grande commission ? - Le gros, vous entendez ? Vers les huit heures, je pense. À peu près. Je ne regarde pas mon réveil. - Eh bien, tout est pour le mieux. - Pas tant que ça, parce que je ne me lève pas avant neuf heures.