Par : Fleury LJ
Publié : 5 mai 2013

Le bon sens…

Le s’né…

Jean-Marie Moine

Paru dans Arc Hebdo du 2 mai 2013

Le s’né…

Tiaind qu’ an voit ç’ que s’ pésse ïn pô poitchot dains l’ monde, an se d’mainde che ïn djoué, les dgens v’lant r’trovaie ïn chembyaint de s’né. Sains airrâte, an nôs prepôje des méroibo-lainnes novâtès. Aich’tôt, lai radio, lai laivïnmaîdge, les feuyes nôs éssoédg’lant. C’ment qu’ diait ïn d’mé-fô, lai moiyou faiçon d’ eurjippaie en l’ envietainche, ç’ ât d’ yi caibuchaie. Brâment d’ dgens n’ saint p’ eurfujaie – è fât cheûdre lai môde – pe, aiprés, èlles sont tot ébâbi d’ se r’trovaie mâ loti. An n’ ont p’ fâte d’ se musaie bïn grand po trovaie des réjons d’ ces aidgéch’ments. Âdjd’heû, i vôs en bèye dous. È m’ sanne qu’ ènne premiere réjon, ç’ ât qu’ chutôt dâs lai fïn d’lai driere mondiâ dyiere, l’ hann’lâ sochietè s’ ât botè, nian pus è chubv’ni és b’sains des aibaingnous, mains è orinaie (créer) les b’sains. Poquoi …poch’que v’ni en éde de ces qu’ en aint fâte, çoli côte, mains orinaie des b’sains, çoli raippoétche des sôs. Ïn éjempye m’ât aivu bèyie poi yun d’ mes collèdyes di Loûeçhe qu’ é péssè ènne annèe dains ïn paiyis d’Aifrique, po édie des afaints, dains ç’ qu’ èls aipp’lant ènne écôle. Ces afaints, ces dgens mainquant d’ quâsi tot. È bïn, des uropéennes l’ ïnduchtries s’ braigant d’ aivoi envie en ces écôlies des poétchâbyes laividjâses ! Laîs-Dûe, bïn des dgens trovant qu’ ces ïnduchtries aint bèyie âtçhe, qu’ èlles aint fait ïn bé l’éffoûe, qu’ èlles n’ étïnt p’ foûechie d’ le faire ! Ch’ èlles aivïnt ïn pô de s’né, ces dgens trov’rïnt qu’ tot çoli, ç’ n’ ât ran qu’ ènne hontouje raimôle (réclame). Ènne chconde réjon : i crais qu’ l’ hanne se léche entrïnnaie poi l’ordyeû, pe qu’ è rébie qu’ è y é des boûenes qu’ è n’ é p’ le drèt d’ sâtraîyie. Ïn djûene, qu’ les pairents s’ étïnt poétchaint bèyie bïn di mâ po l’ éyeutchie, aivait aidé réjon, è v’lait aidé faire tot ç’ qu’ yi péssait poi lai téte. Â nom d’ lai chaicro-sïnte tchie-bridâ, ses pairents n’ aivïnt dj’mais éjidjie qu’ è traideu-che. È déchidé d’ tçhittie son v’laidge laivoù qu’ ran n’ était en lai hâtou d’ son ordyeû. È beurlandé an n’ sait p’ trop laivoù, trovè d’ âtres djûenes que tot c’ment lu, vétçhïnt sains fei ne lei. Ïn djoué, lai diaîdge v’nié dire en ses pairents qu’ yôte boûebe était en prijon, pe qu’ èl était malaîte. Tiaind qu’ son pére è pe sai mére l’allainnent voûere, lai seingne tchôje qu’ è yôs dié, feut : « vôs n’ m’ aivïns p’ prév’ni ». Sai mére pûeré. Son pére, en l’ raivoétaint drèt dains les eûyes, t’ yi foté - mains c’ était ïn pô taîd - ènne boinne pére de toûertches. J-M. Moine

Le bon sens…

Quand on voit ce qui se passe un peu partout dans le monde, on se demande si un jour, les gens vont retrouver un semblant de bon sens. Sans cesse, on nous propose de mirobolantes nouveautés. Aussitôt, la radio, la télévision, les journaux nous rebattent les oreilles. Comme disait un demi-fou, la meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y succomber. De nombreuses personnes ne savent pas refuser – il faut suivre la mode – puis, après, elles sont tout étonnées de se trouver mal loties. On n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour trouver des raisons de ces agissements. Aujourd’hui, je vous en donne deux. Il me semble qu’une première raison, c’est que surtout depuis la fin de la dernière guerre mondiale, la société humaine s’est mise, non plus à subvenir aux besoins des nécessiteux, mais à créer les besoins. Pourquoi…parce que venir en aide à ceux qui en ont besoin, cela coûte, mais créer des besoins, cela rapporte des sous. Un exemple m’a été donné par un de mes collègues du Locle qui a passé une année dans un pays d’Afrique, pour aider des enfants dans ce qu’ils appellent une école. Ces enfants, ces gens manquent de presque tout. Eh bien, des industries européennes se vantent d’avoir envoyé à ces écoliers, des téléphones portables ! Hélas, bien des gens trouvent que ces industries ont donné quelque chose, qu’elles ont fait un bel effort, qu’elles n’étaient pas obligées de le faire. Si elles avaient un peu de bon sens, ces personnes trouveraient que tout cela n’est rien qu’une réclame honteuse. Une deuxième raison : je crois que l’homme se laisse entraîner par l’orgueil, et qu’il oublie qu’il y a des bornes qu’il n’a pas le droit de franchir. Un jeune dont les parents s’étaient pourtant donné bien du mal pour l’élever, avait toujours raison, il voulait sans cesse faire tout ce qui lui passait par la tête. Au nom de la sacro-sainte liberté, ses parents n’avaient jamais exigé qu’il cédât. Il décida de quitter son village où rien n’était à la hauteur de son orgueil. Il rôda on ne sait trop où, trouva d’autres jeunes qui tout comme lui, vivaient sans foi ni loi. Un jour, la police vint dire à ses parents qu’il était en prison, et qu’il était malade. Quand son père et sa mère allèrent le voir, la seule chose qu’il leur dit, fut : « vous ne m’aviez pas prévenu ». Sa mère pleura. Son père, en le regardant droit dans les yeux, lui flanqua – mais c’était un peu tard – une bonne paire de gifles. J-M. Moine