Mal nommé …
Mâ nanmè …
Jean-Marie Moine, Arc Hebdo avril 2016
Mâ nanmè …
Di temps d’ lai d’riere dyierre, an aivait orinè des siejâ-mécainichmes (servomécanismes) que daivô l’ éde de beuyous, poéyïnt déchidaie meu è pe chutôt pus vite que les hannes, de c’ment qu’ è fayait répyiquaie ès aittaitçhes d’ lai feuraimi l’ avionèevaidge. En 1947, l’ aiméricain mathémâtichien, ci Norbert Wiener boté chus pie lai tyiorie d’lai dyid’nétique (cybernétique) qu’ le dév’yopp’ment feut tot comptant r’yuéjaint. I m’ muse bïn s’vent â chaloune Boss qu’ i aî t’aivu lai tchaince de reincontraie tiaind qu’i f’sôs mes raicodges en l’eunivèrchitè, en l’èc’menç’ment des annèes soichante. Èl ensoingnait les mathémâtiques â Caitholique Ïnchti-tut pe en lai Poyitènitçhe Écôle de Pairis. I me ch’vïns qu’ è m’aivait dit ïn djoué qu’ él était en tieûsain pochque lai dyid’nétique léchait è trévoé dains l’ enraîme d’ ènne haidgi échtrapô-yâchion, l’ ïnmaîdge d’ ènne futu sochietè c’maindèe poi des machines è musaie pe è govèr-naie ! È bïn ô ! I crais qu’ nôs y’ sons ! Adjd’heû, nôs sons dépeindaints d’ l’ oûerd’nâtou. An fait tot po yuttaie contre l’aid’nicchion en l’ aiyco, â potïndye, en lai goulâfrie, â touba ... Mains an n’ fait ran contre l’aid’nicchion en l’ oûerd’nâtou ! Bïn â contrére : è fât tot faire « en laingne », è fât aivoi r’coué en « l’ é-commèrce » en « l’ é-yivre » en « l’ é-pub », è fât étre « counèctè »… En ïn mot, l’ hanne d’ adjd’heû n’é pus fâte de s’musaie. È s’ léche moin-naie poi l’ bout di nèz, poi les progranmes pe les youdgichâs, que bïn ch’vent, ènne dgeurnâ-chion de dgens preussies d’ s’ enrétchi sains chcrupuyes, yi preupôjant. Les pairents pe l’ é-côle tchoiyant tos les djoués dains l’ pairnè. È fât dire que les dgens n’yi compregnant pus ran tiaind qu’ an yôs djâse d’ airtifichiâ l’ ailuainche (intelligence artificielle) Ch’ è fât r’coé-gnâtre que botaie chus pie ènne machine c’ment qu’ ïn oûerd’nâtou r’yeve d’ ènne grôsse tènitçhe proudèche, ç’ ât offeinchaint po l’ hanne de dire qu’ ènne machine ât ailuèe. I crais qu’ èl ât temps de r’botaie l’ môtie â moitan di v’laidge. Ïn oûerd’nâtou n’sait ran faire d’ âtre qu’ les opérâchions qu’ sont aivu ouergannijie poi ïn progranmou. L’ aivaintaidge qu’ l’ oûer-d’nâtou é chus l’ hanne, ç’ ât qu’ è peut faire les opérâchions è tote chique. Pe, ch’an yi d’mainde de rèc’mencie encoé pe encoé, è n’ sôle pe ! Mains, c’ment ç’ que vôs voérïns
qu’ ci moncé de flès, d’ bouts d’ fie, d’ piaichtique, pe d’ éyètroniques éy’ments feuche ailué ? Tiaind qu’ an veut râtaie de djâsaie béet’ment d’ l’ airtifichiâ l’ ailuainche ?
J-M. Moine
Mal nommé …
Pendant la dernière guerre, on avait créé des servomécanismes qui avec l’aide de radars, pouvaient décider mieux et surtout plus vite que les hommes, de la façon dont il fallait répliquer aux attaques de l’aviation ennemie. En 1947, le mathématicien américain Norbert Wiener mit sur pied la théorie de la cybernétique dont le développement fut immédiatement fulgurant. Je pense bien souvent au chanoine Boss que j’ai eu la chance de rencontrer quand je faisais mes études à l’université, au début des années 60. Il enseignait les mathématiques à l’Institut Catholique et à l’Ecole Polytechnique de Paris. Je me souviens qu’il m’avait dit un jour qu’il était en souci, parce que la cybernétique laissait entrevoir dans le cadre d’une extrapolation hardie, l’image d’une société future commandée par les machines à penser et à gouverner ! Eh bien oui ! Je crois que nous y sommes ! Aujourd’hui, nous sommes dépendants de l’ordinateur. On fait tout pour lutter contre l’addiction à l’alcool, à la drogue, à la boulimie, au tabac… Mais on ne fait rien contre l’addiction à l’ordinateur ! Bien au contraire, il faut tout faire « en ligne », il faut avoir recours à « l’e-commerce », à « l’e-book [e-livre] » à « l’e-pub », il faut être « connecté »… En un mot l’homme d’aujourd’hui n’a plus besoin de penser. Il se laisse mener par le but du nez par les programmes et les logiciels, que bien souvent, une génération de gens pressés de s’enrichir sans scrupules, lui proposent. Les parents et l’école tombent tous les jours dans le panneau. Il faut dire que les gens n’y comprennent plus rien lorsqu’on leur parle d’intelligence artificielle. S’il faut reconnaître que mettre sur pied une machine comme un ordinateur relève d’une grande prouesse technique, c’est offensant pour l’homme de dire qu’une machine est intelligente. Je crois qu’il est temps de remettre l’église au milieu du village. Un ordinateur ne sait rien faire d’autre que les opérations qui ont été organisées par un programmeur. L’avantage que l’ordinateur a sur l’homme, c’est qu’il peut faire les opérations à toute vitesse. Et si on lui demande de recommencer encore et encore, il ne fatigue pas ! Mais comment voudriez-vous que ce tas de fils, de bouts de fer, de plastique et d’éléments électroniques soit intelligent ? Quand cessera-t-on de parler ridiculement de l’intelligence artificielle ?
J-M. Moine