Publié dans le Quotidien Jurassien le 11 août 2023
 tribunâ
C’était ïn rôlou. È dremait dains ènne bâme, des côps dains ènne leudge, des côps dains ènne étâle. An n’ le voiyait pus tot l’huvie. È réappairéchait â paitchi feu. Le rôlou, qu’an yi dyait. C’était âchi ïn volou. Oh, pe ïn d’ ces volous en graivatte, nian, ïn p’tèt volou que yaircïnnait poi chi poi li. È voulait des çhoés ch’ le cèm’tiere èt les r’vendait. È s’en ât pris â tronc di môtie. Le çhaivie qu’ l’é cheurpris l’é fotu feu è côps d’ pie â tiu. Tiaind qu’èl é voulè ïn pain en lai blantch’rie, çoli s’ât mâ péssè. Le blantchie l’é maîtrijie èt sai fanne é aipp’lè les dgendairmes. Èl é daivu péssaie d’vaint le djuge.
Ci véye djuge aivait d’ lai compregnoure. È yi é d’aibord fait lai yeçon. «
Çtu qu’ voule ïn ûe voule ïn bûe.
»
- Poquoi qu’ t’és voulè çte mitchatte de pain
? T’aivais chi faim qu’çoli
?
- Ô Chire djuge. I n’aivôs p’ maindgie dâ dous djouès. I moérrôs d’ faim.
- I veus bïn, i veus bïn. Mains ç’ n’était p’ènne réjon po pâre les sôs dains lai tyaisse.
- Vôs l’ saites aich’ bïn qu’ moi, Chire djuge : L’hanne ne vit pe que d’ pain.
Note
È yaircïnnait, il commettait des larcins
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Au tribunal
C’était un rôdeur. Il dormait dans une grotte, parfois dans une loge, parfois dans une étable. On ne le voyait plus tout l’hiver. Il réapparaissait au printemps. Le rôdeur, c’est ainsi qu’on le surnommait. C’était aussi un voleur. Oh, pas un de ces voleurs en cravate, non, un petit voleur qui commettait des larcins par ci par là. Il volait des fleurs sur le cimetière et les revendait. Il s’en est pris au tronc de l’église. Le sacristain qui l’a surpris l’a chassé à coups de pied au cul. Quand il a dérobé un pain dans la boulangerie, cela s’est mal passé. Le boulanger l’a maîtrisé et sa femme a appelé les gendarmes. Il a dû comparaître devant le juge.
Un juge en fin de carrière qui avait de la compréhension. Tout d’abord, il lui a fait la morale. «
Celui qui vole un œuf vole un bœuf.
»
- Pourquoi donc as-tu volé cette miche de pain
? Tu avais si faim que ça
?
- Oui, Monsieur le juge. Je n’avais pas mangé depuis deux jours. Je mourais de faim.
- Je veux bien, je veux bien. Mais ce n’était pas une raison pour piquer les sous dans la caisse.
- Vous le savez aussi bien que moi, Monsieur le juge : L’homme ne vit pas seulement de pain.
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