Publié : 29 avril 2022

Un chef qui a de la poigne

Ïn chèf qu’é d’ lai poingne

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 29 avril 2022

Ïn chèf qu’é d’ lai poingne

Po dév’loppaie entreprije, le paitron, qu’é cheûyè des couès, déchide d’aippyiquaie ses novèlles méthodes èt, po aicmencie, de fotre lai pâle â tiu en cés que s’toénant les peuces. Pe d’ fainiants dos mes ouêrdres. È faît ènne touénèe d’inchpechion. Tot â po l’ moyou, ran è dire, les euvries sont en yote aiffaire. Tus, sâfe ïn djûene hanne qu’ât aippuyie contre le murat, les mains dains ses baigattes. Ç’ât l’ môment de faire ïn éxempye èt d’envie ïn çhair méssaidge en tot son pèrsonnel. È s’aippreutche di djûene hanne èt yi d’mainde : - Cobïn qu’ vôs dyaingnèz â mois ? Le djûene hanne que ne comprend pe poquoi an yi poje çte quèchtion répond : - Oh, ç’ n’ât p’ènne foûetchune. È poéne mille èt heûte cents, des côps meinme pe. Le paitron soûe de son poétch’feuye dous byats d’ mille èt yi dit : - Voili vot’ paiye po ci mois d’avô l’indemnnitè en laiquélle vôs èz droit. Èt peus mit’naint fotèz-me l’camp ! I n’ veus pus vôs voûere. Vôs étes virè. Tot fie, le paitron s’aidrâsse en cés qu’aint aissichtè en lai scéne : - Ât-ce que yun d’ vôs peut m’ dire chu qué maichine èt dains qué dépairtement travaillait ci djûene hanne ? - È n’ât p’ des nôtres, yi répond le contremaître, ç’ât l’ livrou. È aippoétche le r’cegnon po lai cantïnne. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Un chef qui a de la poigne

Pour développer son entreprise, le patron, qui a suivi des cours, décide d’appliquer de nouvelles méthodes et, pour commencer, de congédier sur le champ tous ceux qu’il surprendra à se tourner les pouces. Pas de tire-au-flanc sous mes ordres.Il fait une tournée d’inspection. Tout fonctionne à la perfection, les ouvriers sont à leur affaire, tous, sauf un jeune homme, appuyé contre le mur, les mains dans les poches. C’est le moment de faire un exemple et d’envoyer un message clair à tout son personnel. Il s’approche du jeune homme et lui demande : - Combien gagnez-vous par mois ? Le jeune homme qui ne comprend pas pourquoi on lui pose cette question répond : - Oh, ce n’est pas une fortune. À peine mille huit cents, parfois même pas. Le patron sort de son portefeuille deux billets de mille et lui dit : - Voilà votre paye pour ce mois avec l’indemnité à laquelle vous avez droit. Et maintenant, foutez-moi le camp ! Je ne veux plus vous voir. Vous êtes viré. Fier de lui, le patron s’adresse à ceux qui ont assisté à la scène : - Est-ce que l’un de vous peut me dire sur quelle machine et dans quel département travaillait ce jeune homme. - Il n’est pas des nôtres, lui répond le contremaître, il est venu livrer le repas pour la cantine. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}