
Paru dans LQJ du 9 octobre 2015
Ïn fignolou ch’lai mèe
Ïn djâsou raicodgeaire, f’saît ènne virie ch’lai mèe
D’aivô des vrais meurnés èt peus des fâs sciençous.
È r’vije ïn bairquotie que poétche ïn sayat d’ sope
Èt djâse d’aivô lu.
Le djûene aivoué que, bïn qu’è feuche évoindgeou,
È ne feut djemais en l’écôle.
Laîs-moi, mon poûer’ petèt, yi dié d’aivô encrâ
L’hanne que djâsait trop hât
T’és predju le tie de ton temps.
 moins saîs-te yére èt peus ïn pô graiy’naie ?
- I n’en é piep’ l’ècmencement.
I seus nè chu çte nèe, ét toudge ci vétyu.
Le djâsou raicodgeaire n’en craît pe ses aroiyes.
- Bogre, li, t’és predju
Les dous bons ties de tai vétçhaince.
Tot poi ïn bé côp ènne vâdye
Empoètche ci fôlayou
Di temps que le boûeba rujole en lai çhôjure,
Lu que, dâ brament grant, piondge, braisse ét naidge.
Saites-vôs naidgie, Chire le bé djâsou ?
- Gnan, mon afaint, ç’ât bïn li mon mâlhèye.
Vôs richquèz bïn de piedre vot’ entiere vétçhaince.
Li-dechu le djûene hanne retoène voi sai sope
Di temps qu’ son compaignon déchend vite ènne bairtçhe.
Èl ât trop taîd, lâis-moi ! Le djâsou raicodgeaire
S’enfonche dains les fiots.
An ne l’ont dj’mais revu.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Pédant sur mer
Un professeur bavard faisait une croisière
Avec de vrais pignoufs et de faux érudits.
Il aperçoit un mousse chargé d’un bidon de soupe
Et bavarde avec lui.
Le mousse avoua que, malgré ses aptitudes,
Il n’avait jamais fait d’étude.
— Hélas, pauvre petit, lui dit avec regret
L’homme à voix de fausset,
Tu as gaspillé le tiers de ton temps.
Mais au moins sais-tu lire et quelque peu écrire ?
— Je n’en ai pas les rudiments.
Je suis né, j’ai vécu toujours sur ce navire.
Le professeur bavard n’en croit pas ses oreilles.
— Bougre, là, tu as perdu
Les deux bons tiers de ton existence.
Tout à coup une vague emporte ce radoteur
Cependant que le gosse rigole au bastingage,
Lui qui, depuis toujours, et plonge et brasse et nage.
— Sauriez-vous donc nager, Monsieur le beau parleur ?
— Non, mon enfant, c’est bien là mon malheur.
— Vous risquez fort de perdre votre vie tout entière.
Sur ce le jeune gars s’en retourne à sa soupe
Tandis que son copain dépêche une chaloupe.
Il est trop tard, hélas ! Le professeur bavard
S’enfonce dans les flots.
On ne l’a plus jamais revu.
La chronique patoise du QJ en direct :
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