Publié : 9 janvier 2019

Bienne et le patois

Dans ses travaux, l’abbé Jolidon évoque : {Pages 7-8. Patois de Bienne. Texte envoyé en 1807 au sous-préfet Holtz, à Delémont. La référence à un « patois de Bienne » est problématique, Bienne étant une ville initialement germanophone. Tiré d’un ouvrage inconnu, peut-être les « Archives suisses des traditions populaires »} ---- Monsieur Patrick Eggli nous envoie la remarque suivante : Le 2 janv. 2019 Vous citez la référence à un patois de Bienne comme problématique en précisant que cette ville est originellement germanophone. Ref. http://www.image-jura.ch/djasans/spip.php?article1150 Je ne partage pas ce point de vue. Si les alémaniques se sont graduellement imposés sur le plateau occidental à partir de l’an mil, le dernier village germanisé étant Gléresse au 18e siècle, rien ne permet d’affirmer une disparition précoce du patois à Bienne. On peut lire dans « Topographia helvetiaerhaetie et valesiae » (1654) sous Bienne (p.67) : « Es liegen am gedachtem See auch die Stättlein Erlach und Nidow, so bernerisch, und davon oben, und Landeren, an welschen 4. Orthen die Spraach vermischt nemblischt Teutsch und Savoisch ist ». Dans « Voyage en Suisse » de William Coxe (1790), il est précisé dans un chapitre dédié à Bienne (p.310) : « La langue du pays est un allemand provincial, mais eu égard à la proximité de la principauté de Neuchâtel, on y parle aussi un patois françois ». Il est certain que le patois était parlé à Bienne comme l’en atteste les toponymes locaux comme « Pasquart » « Champagne » « Tschäris » « Tschetela » « Piengsch » « Rochette » « Biangtschang », ce dernier me fait bien rire car dans un autre document, le lieu est nommé « Bianchamp ». Et ceux plus anciens encore sont tous d’origine romane ou celte. C’est particulièrement marqué à Boujean, ancien village rue dont l’architecture, avec ses maisons en calcaire à porte voûtée est typiquement romane tranche avec les colombages des villages alémaniques. Les familles bourgeoises portent des noms aujourd’hui certes germanisés, mais dont l’origine ne fait aucun doute : Wyssbrot (Blancpain), Monning (Monnin), Tchäppät (Chappate). Evidemment, sous le Saint Empire Romain Germanique dont l’évêché de Bâle faisait partie, les élites utilisaient le tudesque. Pas seulement à Bienne mais certainement dans tout le Jura historique. Le patois était une langue populaire, non écrite et la plupart des locuteurs étaient d’ailleurs illettrés. Le culte se donnait en latin. Il est même possible que certains corps de métier parlaient le tudesque et d’autres le patois. En espérant vous avoir convaincu de réviser le « problématique » cité, bien cordialement, Patrick Eggli ---- Dans le Jura Libre, Alain Charpillod écrit : {{JURA LIBRE, N° 2993 • 21 décembre 2018}}

Mort d’un bobard

Dans un ouvrage col­lectif publié en 19561, Charles Beuchat, professeur de littérature à l’Ecole Cantonale de Porrentruy, analyse le français parlé dans le Jura, du nord au sud. Il traite aussi la question du patois et rappelle un fait majeur : la similitude profonde des patois jurassiens, seule langue parlée par le peuple, de La Neuveville à Boncourt. Il tord ainsi le cou à un bobard pro­bernois ravivé par Jean-Pierre Gra­ber, voulant que la limite confession­nelle recouvre celle des patois, celui du Sud étant d’oc et celui du Nord d’oïl. Fadaises ! Charles Beuchat raconte ses entretiens ; avec James Juillerat, qui récitait des poèmes et possédait des documents de la bour­geoisie de Saint-Imier en patois du Sud, parfaitement compréhensibles pour un Ajoulot. Les nuances régio­nales étaient du même ordre que celles qu’on trouve entre le vadais et le franc-montagnard. {{Migration interne}} Charles Beuchat fournit la preuve de ce qu’il avance. Au moment où Blarer de Wartensee imposa l’homogénéité confessionnelle dans les deux moitiés de son territoire (« les catholiques au Nord, les protestants au Sud »), il provoqua une migration dans les deux sens. « Les catholiques demeu­rèrent dans le Nord ou s’y rendirent ; les protestants demeurèrent dans le Sud ou s’y rendirent ». De là vient que tant de patronymes se retrouvent des deux côtés de la limite confessionnelle : Marchand, Boillat, Joray, Schaffter, Meyrat, Boivin, Girardin, Rossé, Juil­lerat, Saunier, Prêtre, Voirol, Sauvain, Gindrat et même Charpilloz. Sans compter les similitudes frappantes : Bouchat, Boéchat, Bueche, Beuchat, Boichat, Humard et Houmard, etc. Mais la preuve absolue de cette parenté profonde des parlers, c’est le fait que ceux qui migrèrent le firent à l’intérieur du Jura, car ils arrivaient dans des lieux où l’on parlait la même langue qu’eux ! Les protestants du Nord ne partirent ni à Genève, ni à Berne. Les catho­liques ne partirent ni à Soleure, ni à Fribourg. Les uns comme les autres choisirent des endroits où ils étaient compris et comprenaient les gens, à savoir notre Jura actuel. {... extrait} ---- Etymologie {{{Bienne}}} Ville, commune et district du canton de Berne, apud Belnam en 1142, Bielne en 1184, Byello en 1187, Beena en 1228, Biello en 1230, Bielle en 1239, Bienna en 1258, Biel en 1299, etc., nom qui dériverait du théonyme Belenos. Le nom allemand Biel a la même origine. Métairie du Milieu de Bienne, maison isolée, auberge (Courtelary, Jura bernois). Bièvre Ancien nom du castor (Castor biber), latin vulgaire bebrum, gaulois bebros, bebrus, indo-européen *bhebhros, *bhebhrus, « castor, animal sauvage », racine indo-européenne *bher-, « brun clair, brillant » [Delamarre]. Bièvre, lieu-dit (Saint-Hilaire-de-la-Côte, Bièvre, Isère) ; La Bièvre, villa Biera au XIe siècle, in villa Bierraa sans date, région située entre les Terres Froides et le Chambaran (Isère) et ancienne forêt, nemus de Bievres au XIVe siècle ; La Bièvre, rivus de Bievroz au XVIIIe siècle, cours d´eau affluent du Rhône (Granieu, Vallée du Guiers, Isère) ; Biessy et Bièvre, Veyer Bièvre et Bièvre sur le Veyer, lieux-dits (Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, Grenoble, Isère) ; Les Côtes de Bièvre, petite forêt (Romagnieu, Vallée du Guiers, Isère) ; Ferme de Bièvre, ferme isolée, et Fontaine de Bièvre, source (Rives, Pays voironnais, Isère) ; Plaine de Bièvre, lieu-dit (Bévenais, Bièvre, Isère) ; Plaine de la Bièvre, lieu-dit (Izeaux, Bièvre, Isère) ; La Vie de Bièvre, quartier (Sillans, Bièvre, Isère). Autres dérivés possibles de bebrum : Bibera, La Brévine, Brevon, Saint-Rambert-en-Bugey. {Parenté entre Bienne et Bièvre, (le castor)} en patois{ Viebre} Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles Jean-Jacques Jespers - 2005 - ‎Belgium BIENNE-LEZ-HAPPART (Lobbes, Ht) : c.f. rég. franç. ... BIENNE-LEZ-HAPPART ( Bienne-lez-Happart, Lobbes, Ht) : ll65 Beuena, déformation de Bièvre, loc. ... * Bibmno, de *bibhru « castor ») (G., V.), ancien nom de l’affluent local de la Sambre, ...