Paru dans
LQJ du 16 janvier 2015
Tècht de lai baingnoûere
{Lai Fidélia ât vidy’rouse po son aidge. Èlle condut encoè sai dyïmbarde. Èlle tchainte en lai Sïnte-Cécile. Èlle fait son tcheutchi. Èlle n’ât dj’mais sôle, dj’mais malaite. Ses afaints voérrïnt poétchaint lai botaie è Mij’rez. «
Ces criquets
! Po m’prendre mai mâjon.
». Çte poûere Fidélia en ât tote eurvirie.
Èlle s’en vait trovaie son méd’cïn :
- Dites-voûere, dottoé, è quoi an voit qu’è fât botaie quéqu’un dains ènne mâjon d’véyes
?
- Yè bïn, mai boènne Fidélia, vôs n’en étes p’encoé li.
- È y é tot d’meinme des signes.
- È y en é meinme brament. Tiaind qu’ènne dgen ne peut pus ritaie, qu’èlle ne peut pus s’faire lai moirande, qu’èlle ne peut pus s’véti tot d’pai lée, ou bïn d’aivô bïn di mâ...
- Bon, bon. Mains po lai téte. Ât-ce que vôs éz des moyïns po m’jurie le sné
?
- Li aich’bïn, è y en é brament. Mains i veus pâre ïn exempye. Ènne baingnoûere ât pieinne d’âve. Po lai vudie, an ons l’choix entre ïn sayat èt peus ènne tyuyiere. Yun prend l’sayat, l’âtre lai tyuyiere. Lequél peut encoè d’moéraie dains sai mâjon
?
- I suppose que ç’ât çtu que prend l’sayat
?
- Nian, vôs n’y étes pe, mai boènne Daime. Ç’ât çtu qu’eurtire le boûetchon.}
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Test de la baignoire
Fidélia est valide pour son âge. Elle conduit encore sa voiture. Elle chante à la Sainte-Cécile. Elle fait son jardin. Elle n’est jamais fatiguée, jamais malade. Pourtant, ses enfants voudraient la placer à Miserez. «
Ces misérables
! Pour me prendre ma maison.
». Cette pauvre Fidélia en est toute chavirée.
Elle s’en va trouver son médecin :
- Dites, docteur, à quoi voit-on qu’il faut placer une personne dans une maison de vieux
?
- Mais voyons, ma bonne Fidélia, vous n’en êtes pas encore là.
- Il y a tout de même des signes.
- Il y en a même beaucoup. Quand la personne ne peut plus se déplacer, qu’elle ne peut plus préparer ses repas, qu’elle ne peut plus s’habiller seule, ou alors avec beaucoup de difficultés ...
- Bon, bon. Mais pour la tête. Est-ce que vous avez des moyens pour tester les facultés
?
- Là également, il y en a beaucoup. Mais je vais prendre un exemple. Une baignoire est pleine d’eau. Pour la vider, on a le choix entre un seau et une cuillère. L’un prend le seau, l’autre la cuillère. Lequel peut encore rester dans sa maison
?
- Je suppose que c’est celui qui prend le seau
?
- Non, vous n’y êtes pas du tout, ma bonne dame. C’est celui qui retire le bouchon.
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La chronique patoise du
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