
par Fleury Louis-Jos.
Paru dans le Quotidien Jurassien du 28 octobre 2016
Lai vertu mâ récompensèe
Lai rosiere de çt’annèe, ç’ât lai djûene Mathilde de Ch’Lai Maille, lai coudri. Èlle r’tacoénne les tch’mijes èt les tiulattes, èlle côd des reubes èt des goénés, èlle s’otiupe di môtie, èlle é couju lai tçhvèye de l’até èt r’péssè les ailbes des premies com’niaints.
An l’ont fétèe dûemoène péssè aiprés les vépres. Les soeurs l’aint corannèe de çhoés po lai cérémonie. Le mére yi bèyait l’ brais po entraie â môtie. Sai fanne yi é bèyie ènne envôje d’avô dous cents francs d’dains. Note chire é fait ïn tot bé dichcoué.
Cment tchéque premie vardi di mois, lai Mathilde vait s’ conféssaie.
Ç’ât tot ? yi dit l’ prétre.
Ô.
Te m’ caitches âtye.
I n’ vois pe.
T’és coudri ? An m’ont dit qu’ t’és r’tacoénnè lai tiulatte de l’Alcide, le bardgie d’ poues.
Ç’ât ènne fâte çoli ?
Crais bïn qu’ c’en ât yènne, èt peus ènne grosse. Çoli peu bèyie des croûeyes musattes. Se t’és rosiere, ç’ât grâce en moi. Ç’ât moi qui t’aî r’commaindèe. Po t’ faire è poidg’naie, te raippoétch’rés ïn p’tèt potat d’ beurre.
Lai Mathile yi aippoétche ci potat. Le chire soyeve le paipie. Le potat ât veud.
Mains, qu’è fait tot ébâbi, te trompes le Bon Dûe. È n’y é ran dains ci potat.
È n’y aivait ran non pus dains çte tiulatte.
Note
Ènne rosiere, une rosière est une jeune fille qu’on récompense pour sa réputation vertueuse, sa piété et sa modestie.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
La vertu mal récompensée
La jeune Mathilde, couturière de son métier, sera la rosière de l’année. Elle raccommode les chemises et les culottes, elle confectionne des robes et des jupons,elle s’occupe de l’église. C’est elle qui a réalisé la nappe de l’autel et repassé les aubes des premiers communiants.
Elle a été fêtée dimanche passé après vêpres. Les sœurs l’ont couronnée de fleurs pour la cérémonie. Le maire lui donnait le bras pour entrer à l’église. Sa femme lui a remis une enveloppe contenant deux cents francs. Monsieur le curé a prononcé un beau sermon.
Comme chaque premier vendredi du mois, Mathilde se rend à confesse.
C’est tout ? lui demande le prêtre.
Oui.
Tu me caches quelque chose.
Je ne vois pas.
Tu es couturière. On m’a dit que tu as raccommodé la culotte d’Alcide, le berger de cochons. .
C’est un péché ?
Je crois bien. Et des plus graves. Cela peut donner de mauvaises pensées. Si tu es rosière, c’est grâce à moi. C’est moi qui t’ai recommandée. Pour expier, tu me rapporteras un petit pot de beurre.
Mathilde s’exécute. Le curé soulève le papier. Le pot est vide.
Mais, s’exclame-t-il interloqué, tu trompes le Bon Dieu. Il n’y a rien dans ce pot.
Il n’y avait rien non plus dans cette culotte.
Note
Ènne rosiere, une rosière est une jeune fille qu’on récompense pour sa réputation vertueuse, sa piété et sa modestie.
La chronique patoise du QJ en direct :
<iframe
src="http://lqj.ch/patois" style="display:block;
width:98%; height:1000px; margin:auto;" marginwidth="1"
marginheight="1">