Paru dans
LQJ du 13 juin 2014
{Ç’ât ènne hichtoire que raicontait ci Djeain Christe leVadais. An ïnchtaillait l’ téléphone â vlaidge de Bèrlïncoét. C’était en l’ècmence di siecle péssè. Les ôvries drassïnt des potés, tendïnt des laingnes. Le Pére Ambroise, sietè chu son bainc révijait, tot émaiyi. E s’ demaindait poquoi tot ci commerce. Pésse le régent.
– Dites, Régent, râtèz-vôs. I voérrôs bïn vôs posaie ènne quèchtion. – I vôs oûye.
– An djâse di téléphone
? Es sont en train d’ l’ïnchtaillaie poi chi. Mains qu’ât-ce que ç’ât, â djeute, le téléphone
?
Le régent aivait l’aivége d’échpiquyaie en des afaints èt peus d’ se faire è compâre d’aivô des imaidges.
– Chuppojans ïn tchïn, long, long, tâl’ment grand qu’èl é la quoûe è Bèrlïncoét èt peus l’ more è Baile. – An ont djemais vu çoli.
– Ç’ât ènne chuppojition, ran d’âtre. – Bon, bon. Aittieûtes.
– I yi mairtche ch’ lai quoûe, ci, è Berlincoét. Laivoù qu’è breûye
?
– È Baile, paidé
!}
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
On installe le téléphone au village
C’est une histoire que racontait Jean Christe, dit leVadais. On installait le téléphone au village de Berlincourt. C’était au début du siècle passé. Les ouvriers dressaient des poteaux, tendaient des lingnes. Le père Ambroise, assis sur son banc, regardait, intrigué. Il se demaindait la raison de toute cette agitation. Passe l’instituteur.
- Dites, Régent, arrêtez-vous. Je voudrais bien vous poser une question.
- Je vous écoute.
- On parle du téléphone. On est en train de l’installer par ici. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, le téléphone
?
L’instituteur avait l’habitude d’expliquer aux enfants et de se faire comprendre par images.
- Supposons un chien, long, long, tellement grand qu’il a la queue à Berlincourt et le museau à Bâle.
- On n’a jamais vu ça.
- C’est une supposition, rien d’autre.
- Bon, bon. Continuez.
- Je lui marche sur la queue, ici, à Berlincourt. Où est-ce qu’il aboie
?
- À Bâle, pardi
!
- Éh bien, Père Ambroise, vous avez tout compris.
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La chronique patoise du
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