Publié dans le Quotidien Jurassien le 25 avril 2025
Lai tchie ât çhaile
« Les temps sont preutches. È s’ fât convèrti. Tot ât vanitè, ordieû, mente, femiere. Ci monde ât lai grante iyujion. »
Ch’ lai pyaice de lai Mâjon d’ vèlle, trâs fannes prâtchant la boénne pairole Èlles sont djûenes, èlles sont bèlles. Èlles tchaintant des cantiyes. Yènne aiccompaigne les tchaints è lai dyitare. Chu ènne tâle, ènne tèche de bibyes. Dôs lai tâle, ïn cairton pyein de bibyes. « Tot ât graiy’nè dains ci yivre », dit lai fanne è la dyitare. » Èlle en tïnt ènne è bout d’ brais. « I en bèy’raî en tos cés qu’ en v’lant. Mains en premie, mon témoignaidge. »
En face des prâtchouses, tot ènne rote s’ât formèe, des courieûs, des beuyous. « Nôs ne coégnéchans ne le djjoué ne l’hoûere », porcheut lai djûene fanne è la dyitare. « Hyie, i étôs dains les brais de mon hanne. Mit’naint, i seus d’vaint vôs en train de vôs djâsaie. Demain, tiu sait, i s’raî li-enson, dains les brais di Bon Dûe. »
Ïn coûèy’nou yi d’mainde . « Èt aiprés-d’main, vôs étes yibre ? »
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
La chair est faible
« Les temps sont proches. Il faut se convertir. Tout est vanité, orgueil, mensonge, fumée. Ce monde est la grande illusion. »
Sur la place de l’Hôtel de ville, trois femmes prêchent la bonne parole Elles sont jeunes, elles sont belles. Elles chantent des cantiques. L’une d’elles accompagne les chants à la guitare. Sur une table, il y a une pile de bibles, sous la table, un carton plein de bibles. « Tout est écrit dans ce livre », dit la femme à la guitare. Elle en tient une à bout de bras. « J’en donnerai à tous ceux qui en veulent. Mais d’abord, écoutez mon témoignage. »
Tout un attroupement s’est formé en face de la prédicatrice, des curieux, des spectateurs. « Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure », poursuit la jeune femme. Hier, j’étais dans les bras de mon mari. Maintenant, je suis devant vous en train de vous parler. Demain, qui sait, je serai dans les bras du Seigneur. »
Un espiègle lui demande : « Et après-demain, vous êtes libre ? »
les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2025
Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis