Paru dans
LQJ, le 5 février 2016
Compyainte de Mandrin
La chanson à écouter
Piano seul
Louis Mandrin (1725-1755) est un contrebandier français fameux, sorte de robin des bois, véritable héros aux yeux du peuple qui pouvait, grâce à lui, acquérir à bas prix des produits coûteux comme le sel ou le tabac. Mort roué vif.
{Nôs étïns ènne rotte
D’ènne trentainn’ de beurgands,
Trétus vétis de bianc
En lai mod’ des maîrtchainds.
*
Lai premiere laîrnerie
Qu’i aî fait dains mai vie,
Ce feut de voulpinaie
Lai boéche d’ïn tiurie.
*
I entré dains sai tchaimbre,
Mon Dûe, qu’èlle était grante
!
I trové mille étius,
Boté lai main dechus.
*
I entré dains ènne âtre,
Mon Dûe, qu’èlle était hâte.
De rob’s èt de maintés
En tchardgé trâs tchairats.
*
Les aî poétchès po vendre
En lai foire en Hollande.
I n’ les aî p’ vendus tchie,
Ès n’ m’aivïnt ran cotè.
*
Ces Chire de Grenobye,
D’aivô yos londyes robes,
Èt yos carrés capèts
M’eunent bïntôt djugè.
*
Ès m’aint djugè è pendre,
Ah
! Qu’ ç’ât du è entendre
!
È pendre èt étraînyie
Chu lai piaic’ di maîrtchie.
*
Di hât de mai potence,
I révije lai France,
I vois mes compaignons,
En l’ombre d’ïn bouetchèt.
*
Compaignons de mijére,
Allèz dire en mai mére,
Qu’èll’ ne reverré pus
Son poûere afaint perdu.}
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Complainte de Mandrin
{Louis Mandrin, né le 11 février 1725 à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs en Isère (Dauphiné) et mort le 26 mai 1755 à Valence, est un contrebandier français fameux.
Louis Mandrin, une sorte de robin des bois pour les uns, un bandit pour les autres qui, à la fin du
XVIIIe siècle, organisait un réseau de contrebande au nez et à la barbe de la Ferme générale (collecteurs d’impôts indirects), l’institution la plus puissante et la plus impopulaire de l’Ancien régime. Véritable héros aux yeux du peuple, il lui permettait d’acquérir à bas prix des produits coûteux comme le sel ou le tabac, des marchandises rares ou prohibées. Pour les autorités, il était l’homme à abattre. Arrêté, il fut condamné à être roué de coups.
La complainte de Mandrin, dont la date de composition est inconnue, est la plus célèbre des complaintes écrites à l’occasion ou après la mort de Mandrin. Les chansons étaient alors diffusées par des colporteurs sous forme de livrets, sur lesquels étaient imprimés les textes, sans partition, mais où était indiqué «
sur l’air de…
» : en règle générale un air bien connu. La tradition orale faisait le reste, modifiant ici le timbre, et là un couplet. (source : Wikipédia)
Du haut de ma potence, c’est le titre de la chronique que le poète autonomiste Arthur Nicolet (1912-1958) publiait dans le Jura Libre. }
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Nous étions une bande
D’une trentaine de brigands,
Tous habillés de blanc
A la mode des marchands.
La première volerie
Que je fis dans ma vie,
Ce fut de dérober
La bourse d’un curé.
J’entrai dans sa chambre,
Mon Dieu, qu’elle était grande
!
J’y trouvai mille écus,
Je mis la main dessus.
J’entrai dans une autre,
Mon Dieu, qu’elle était haute
!
De robes et de manteaux,
J’en chargeai trois chariots.
Je les portai pour vendre,
A la foire en Hollande.
Je les vendis bon marché,
Ils ne m’avaient rien coûté.
Ces Messieurs de Grenoble,
Avec leurs longues robes,
Et leurs bonnets carrés,
M’eurent bientôt jugé.
Ils m’ont jugé à pendre,
Ah
! c’est dur à entendre
!
A pendre et étrangler,
Sur la place du marché.
Du haut de ma potence,
Je regarde la France,
Je vois mes compagnons,
A l’ombre d’un buisson.
Compagnons de misère,
Allez dire à ma mère,
Qu’elle ne reverra plus
Son pauvre enfant perdu.
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Mandrin sur Wikipedia
La
version chantée
Une
adaptation de Monique Morelli
La chronique patoise du
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