Publié : 30 août 2019

A chacun son chemin de croix

En tchétyun son tch’mïn d’ croux

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 30 août 2019

En tchétyun son tch’mïn d’ croux

« Déchentes les Malettes, Cornô â fond di crât, tot prés de Coérdgenay qu’ nôs bèyé Petignat. Alle, le gros nid des cras ... » Ènne rote de mairtchous se pourmene dains ci p’tèt pairaidis. Ç’ât tus des véyes régents èt peus des véyes régentes. Ès se r’trovant tos les mois po mairtchi. An les r’coégnât dâ loin : ès poétchant ïn sait ch’ le dos, ch’ le capiron èls ènne casquette o bïn ènne cape de lainne d’aiprés lai séjon, dous souetats. Yote tchef é aidé l’ moére chu sai câtche èt ïn oeuye chu sai boussole. Dains l’ môtie d’ Cornô, èls aidmirant les vitraux. En lai soûetchie, yènne des mairtchouses s’appreutche d’ïn hanne qu’aittend dains sai dyïmbarde râtèe chu lai piaice di môtie. Çtu-ci béche lai vitre : - Dites-voûere, l’hanne, d’mainde lai mairtchouse, an m’ont dit qu’è y è ïn tch’mïn d’ croux dains les tchaimps. Vôs peutes me dire laivou qu’èl aicmence ? - I n’ seus p’ de poi chi, mains i le coégnâs. È vos fât pâre lai vie d’ lai tchaipèlle de Sïnt-Dgelïn. Vôs v’lèz bïn voûere. Vôs n’ peutes le manquaie. Ès s’ sont r’groupès, ès sont paitchis. L’hanne les raippele : - Hé, les dgens, i en ai âchi yun, moi, de tch’mïn d’ croux. Dâ trente ans. Vôs saites laivou qu’èl é aicmencie ? Â môtie, le djoué de mon mairiaidge. Note I tchainte lo paiyis des Aidjolats, deuxième couplet. Ce chant, dû au talent de Léon Vultier, peut à juste titre être considéré comme un hymne à l’Ajoie. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

A chacun son chemin de croix

« Déchentes les Malettes, Cornô â fond di crât, tot prés de Coérdgenay qu’ nôs bèyé Petignat. Alle, le gros nid des cras ... » (1) Un groupe de marcheurs parcourt ce petit paradis. Ce sont des enseignants à la retraite. Ils se retrouvent chaque mois pour marcher. On les reconnaît de loin : ils portent un sac à dos, sur la tête une casquette ou un bonnet de laine suivant la saison, deux bâtons. Leur chef a toujours le nez sur sa carte et un œil sur sa boussole. Dans l’église de Cornol, ils admirent les vitraux. (2) À la sortie, l’une des randonneuses s’approche d’un homme qui attend dans sa voiture garée sur la place de l’église. Celui-ci baisse la vitre : - Dites-moi, Monsieur, demande-t-elle, on m’a dit qu’il y a un chemin de croix dans les champs. Pouvez-vous me dire où il commence ? (3) - Je ne suis pas d’ici, mais je le connais. Prenez le chemin de la chapelle de Saint-Gilles. (4) Vous verrez bien. Vous ne pouvez pas le manquer. Au moment où ils se sont regroupés pour partir, l’automobiliste les rappellent. - Hé, les gens, j’en ai aussi en un, moi, de chemin de croix. Depuis trente ans. Vous savez où il a commencé ? À l’église, le jour de mon mariage. Notes (1) I tchainte lo paiyis des Aidjolats, deuxième couplet. Ce chant, dû au talent de Léon Vultier, peut à juste titre être considéré comme un hymne à l’Ajoie. Traduction : Descendez les Malettes, Cornol au bas du crêt, tout près de Courgenay qui nous donna Petignat. Alle, le gros nid des corbeaux ... (2) Les vitraux de Cornol, de Roger Bissière, datent de 1957. (3) Chemin de croix du XIXe s à l’ouest du village. (4) Chapelle Saint-Gilles sur l’emplacement d’un ancien ermitage.