Paru dans LQJ du 14 août 2015
Ènne raite !
- Te dairôs t’ mairiaie, Isaibèlle. T’ n’és pus tote djûene.
I n’aî p’ le temps.
Ç’ât vrai qu’èlle n’é p’ le temps. Èlle traivaiye chés mois l’an, le rèchte di temps, èlle voiyaidge. Èlle ât aidé ch’ lés quaitre vies. Èlle é travoéchè tote lai Suisse è pie, dâ Boncoué djuqu’è Chiasso. Èlle é paircôri l’Europe en moto. Èlle é fait quasiment l’ toé di monde. Èt peus aidé tote d’ pai lée. Qu’èlle troveuche ïn compaignon en tch’mïn, ç’ât pôssibye, niun n’en sait ran, èlle n’en dit ran.
Te dairôs t’ fixaie quéqu’ paît, Isaibèlle.
I n’aî p’ fâte d’ïn aippairtement, encoé moins d’ènne mâjon. I m’ sens en l’hôtâ tot poitchot. Èt peus i aî mai tchaimbre tchie mes poirents.
L’Isaibèlle revïnt d’Aifrique. Èlle é poéyu observaie totes soûetches de savaidges bétes, des lions, des léopards, ènne rotte d’éléphants, ïn clan d’hyènes, ïn guépard.
Cment tchéque côp, èlle rentre en l’hôtâ. Èlle en é des tchôses è raicontaie. Mains en premie, lai douche. Tot poi ïn bé côp, an oûye :
Moman, ènne raite !
Lai mére trove l’Isaibèlle drassie chus ènne sèlle, tote étrulèe. An chneuque tot poitchot, dôs l’ taipis, drie les moubyes. Pe d’ raite !
Déchends pie moirandaie, Isaibèlle, i veus botaie l’tchait dains tai tchaimbre.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Une souris !
— Tu devrais te marier, Isabelle. Tu n’es plus toute jeune.
— Je n’ai pas le temps.
C’est vrai qu’elle n’a pas le temps. Elle travaille six mois par année, le reste du temps, elle voyage. Elle est toujours sur les quatre chemins. Elle a traversé toute la Suisse à pied, de Boncourt à Chiasso. Elle a parcouru l’Europe en moto. Elle a fait pratiquement le tour du monde. Et toujours toute seule. Qu’elle trouve un compagnon en chemin, c’est possible, personne n’en sait rien, elle n’en dit rien.
— Tu devrais te fixer quelque part, Isabelle.
— Je n’ai pas besoin d’un appartement, encore moins d’une maison. Je me sens chez moi partout. D’ailleurs, j’ai ma chambre chez mes parents.
Isabelle revient d’Afrique. Elle a pu observer toutes sortes de bêtes sauvages, des lions, des léopards, une troupe d’éléphants, un clan d’hyènes, un guépard.
Comme chaque fois, elle rentre à la maison. Elle en a des choses à raconter. Mais d’abord, la douche. Tout à coup, on entend :
— Maman, une souris !
La mère trouve Isabelle debout sur une chaise, toute paniquée. On cherche partout, sous le tapis, derrière les meubles. Pas de souris !
— Descends donc souper, Isabelle, je vais mettre le chat dans ta chambre.
La chronique patoise du QJ en direct :
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