Publié dans le Quotidien Jurassien le 7 avril 2017
Poûechon d’aivri
Ès sont tus en lai tâle po lai moirande. À murat, è y é ïn calendrie que pend. An peut yére : Saim’di, premie d’aivri 2017. Le laividjâse soénne. Lai mére prend l’aippairoye : «
Ô, èl ât li. I vôs l’ pésse.
» Èlle dit en son hanne :
-- Amédée, ç’ât po toi.
-- Tiu qu’çoli peut étre en çt’ hoûere-ci
?
-- Ç’ât ïn concoué, dit lai mére.È pairât qu’ t’és dyaingnie.
-- Ç’ n’ât p’ possibye. I n’ fais djemais d’ concoué. Èt peus, qu’ât-ce qu’i airôs dyaingnie
?
-- Ènne croûjiere.
-- Ènne croûjiere
? Yé bïn, ç’ât l’ bocat. Moi qui aî l’ mâ d’ lai mé. Fanne, bèye-me ci laividjâse
!
È sarre bïn foûe le portabye tot contre son aroiye. È ch’coue lai téte. «
Nian. Nian. Mains poéche qu’i vôs dis qu’ ç’ n’ât p’ moi.
» È bote l’âtre main chu l’aippairoye èt s’aidrâsse en sai fanne : «
T’ és fait l’ concoué d’ lai Feuiye, Lisa, èt peus t’ l’és envie en mon nom
?
» Lai Lisa fait nian d’ lai téte.
L’Amédée eurprend l’aippairoye : «
È n’ sie ran d’ïnchichtaie. Èt peus, vot’ croûjiere, vôs peutes vôs lai voidgie. Poétchèz-vôs bïn
!
» È s’en vai r’botaie l’aippairoye ch’ lai comôde di poiye èt peus r’vïnt en sai piaice.
Lai Lisa ne peut pus s’ eurteni : «
Poûechon d’aivri, Médée
!
» Tus riant de bon tiûere, èt peus l’Amédée l’ tot premie.
-- Sacrés tchairvôtes. Vôs m’èz fait è mairtchi. Vôs m’èz bïn aivu.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Poisson d’avril
Ils sont tous à table pour le souper. Au mur pend un calendrier. On y lit : Samedi, premier avril 2017. Le téléphone sonne. La mère prend l’appareil : «
Oui, il est là. Je vous le passe.
» Elle dit à son mari :
-- Amédée, c’est pour toi.
-- Qui cela peut bien être à cette heure-ci
?
-- C’est un concours, dit la mère. Il paraît que tu as gagné.
-- Ce n’est pas possible. Je ne fais jamais de concours. Et puis, qu’est-ce que j’aurais gagné
?
-- Une croisière.
-- Une croisière
? Eh bien, c’est le comble. Moi qui ai le mal de mer. Lisa, passe-moi ce téléphone
!
Il serre le portable très fort contre son oreille. Il secoue la tête. «
Non. Non. Mais puisque je vous dis que ce n’est pas moi.
» Il pose l’autre main sur l’appareil et s’adresse à sa femme : «
Tu as fait le concours du Quotidien, Lisa, et tu l’as envoyé à mon nom
»
? Lisa fait signe que non.
L’Amédée reprend l’appareil : «
Il ne sert à rien d’insister. Et puis, votre croisière, vous pouvez vous la garder. Portez-vous bien
!
» Il s’en va replacer l’appareil sur la commode du salon et retourne à sa place.
Lisa ne peut se retenir de rire : «
Poisson d’avril, Amédée
!
» Tous rient de bon cœur, et Amédée le tout premier.
-- Espèces de crapules, vous m’avez fait marcher. Vous m’avez bien eu.
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