Par : Fleury LJ
Publié : 14 juin 2013

Jardin fleuri pour la fête des mères

Çheûri tieutchi po lai féte des méres

Jean-Marie Moine

Paru dans Arc Hebdo, 14 juin 2013

Çheûri tieutchi po lai féte des méres

Manman, mon Dûe qu’ vote tiûere ât grant ! È fie bïn foûe po tos vos dgens qu’ èl en rébie d’ baittre po vôs. Ch’ vôs piaît, prâtêtes-me adjd’heû, ïn tot p’tét câre de vote tiûere, ran qu’ le toé. Nian p’ le moitan, ç’tu-li, ç’ at po vôs afaints, po vote hanne. Po vôs, fannes que s’rèz bïntôt méres, que sentes s’ enraiç’naie en vôs ïn p’tét bout d’ hanne, voici di tèrrétre, sïmpye piainte que meûrât ch’ èlle se n’ peut p’ aigrïmpaie. En vôs, fannes que mit’naint seûffies sains ran dire en bèyaint l’ djoué en vote afaint, i eûffre ïn tot çheûri botnie. Ses çhoés sont che bèlles qu’ an n’ voit p’ les épeinnes de l’ aîbrâ qu’ les poétche. Po vôs djûenes manmans, voici di migat qu’ les cieutchattes sont âchi biaintches que l’ aîme de l’ aiyeutchon qu’ vôs preussies ch’vote tiûere, qu’ vôs neûrrâtes, qu’ vôs tieuvietes de dous baijats. En vôs, méres, qu’ ôtes des évoûes d’ détrâsse que v’niant di bré, i aippoétche des prevenches. Tiaind qu’ vôs se r’yev’rèz dains lai neût, tiaind vôs s’ çhainn’rèz chus l’ bré, vote afaint vôs sôriré c’ment qu’ ces bieûves p’tétes çhoés. I ainm’rôs piaintaie ïn p’tét trembye dains vote tiûere, en vôs, méres que prentes vôte afaint chus vôs dg’nonyes. Ses raims tchaint’raint dous és arayes de ci p’tét, en réton des bréçouses obïn des premies mots qu’ vôs y’ aippârèz en patois ! Po vôs méres, que cheûtes tot coérbe vote af’nat po y’ aippâre è mairtchi, voici di tieûdre.Vôs s’ poérèz aippûere chus sai braintche bin voidge è bïn drète, di temps qu’ l’ afaint se r’drass’ré soîe po en tieuyie les tchaitons. Ces mairdyeurites sont po vôs, méres qu’ les afaints vaint bïn è vôs faint piaîji. Vôs varèz dains yôs çhoés grant eûvies â soraye, tote l’ ïnmaîdge d’ vote djoûe. Po vôs méres qu’ les afaints sont malaites, ne vaint p’ bïn, voici ïn sâcie. Daivô lu, vôs n’ s’rèz p’ tot d’ pai vôs po pûeraie. Lai brije dains ses pûeroujes braintches satchrè vôs laîgres, pe vôs éd’ré è rébiaie vote tieûsain. Ci « n’ me rébie p’ » ât po vôs méres qu’ les djûenes paitchant d’ l’ hôtâ. Vôs saites, ç’ ât lai vie ! Vote fé, vote baîchatte ôraint aidé, i en seus chûr, l’ aippeul de l’ hierbe d’ aimoé. Vôs méres qu’ étes mit’naint grant-méres, réres grant-méres, léchietes-me vengnie ïn pô d’ trïnnatte pieinne de çhoés. Vôs doigts d’ fèe sairaint bïn en mairiaie les flès, che bïn les aissoûetchi en tchâssons, en dgéplés, po vôs p’téts l’ afaints. Chutôt, n’ rébietes pe d’ ennâvaie ïn pô ces quéques piaintes de nôs tchaimps, de nôs bôs, de nôs bairres. Mèchi, è pe boinne féte des méres. J-M. Moine

Jardin fleuri pour la fête des mères

Maman, mon Dieu que votre cœur est grand ! Il bat bien fort pour tous les vôtres et il en oublie de battre pour vous. S’il vous plaît, prêtez-moi aujourd’hui, un tout petit coin de votre cœur, seulement le tour. Non pas le milieu, celui-là, c’est pour vos enfants, pour votre mari. Pour vous femmes qui serez bientôt mères, qui sentez s’enraciner en vous un petit bout d’homme, voici du lierre, simple plante qui meurt si elle ne s’agrippe pas. A vous, femmes qui souffrez sans rien dire en donnant le jour à votre enfant, j’offre un églantier tout fleuri. Ses fleurs sont si belles qu’on ne voit pas les épines de l’arbuste qui les porte. Pour vous jeunes mamans, voici du muguet dont les clochettes sont aussi blanches que l’âme du nouveau-né que vous pressez sur votre cœur, que vous nourrissez, que vous couvrez de baisers. A vous, mères qui entendez des cris de détresse qui viennent du berceau, j’apporte des pervenches. Quand vous vous relèverez dans la nuit, quand vous vous pencherez sur le berceau, votre enfant vous sourira comme ces belles petites fleurs bleues. J’aimerais planter un petit tremble dans votre coeur, à vous, mères qui prenez votre enfant sur vos genoux. Ses branches chanteront doux aux oreilles de ce petit, en écho des berceuses ou des premiers mots que vous lui apprendrez en patois ! Pour vous mères qui suivez toutes courbées votre petit enfant pour lui apprendre à marcher, voici du noisetier. Vous pourrez vous appuyer sur sa branche bien verte et bien droite, pendant que l’ enfant se redressera facilement pour en cueillir les chatons. Ces marguerites sont pour vous, mères dont les enfants vont bien et vous font plaisir. Vous verrez dans leurs fleurs grandes ouvertes toute l’image de votre joie. Pour vous mères dont les enfants sont malades, ne vont pas bien, voici un saule. Avec lui, vous ne serez pas seules pour pleurer. La brise dans ses branches pleureuses séchera vos larmes, et vous aidera à oublier votre souci. Ce « ne m’oublie pas » est pour vous mères dont les jeunes partent de la maison. Vous savez, c’est la vie ! Votre fils, votre fille entendront toujours, j’en suis sûr, l’appel de l’herbe d’amour. Vous mères qui êtes maintenant grands-mères, arrière-grands-mères, laissez-moi semer un peu de liseron plein de fleurs. Vos doigts de fée sauront bien en marier les fils, si bien les assortir en chaussons, en brassières, pour vos petits-enfants. Surtout, n’oubliez pas d’arroser ces quelques plantes de nos champs, de nos forêts, de nos haies. Merci, et bonne fête des mères. J-M. Moine