Par : Fleury LJ
Publié : 21 septembre 2012

Rêves de Noël

Sondges de Nâ

La Babouératte, la Coccinelle

Sondges de Nâ

Ço qu’on s’ennue dôs ci saipïn  ! Sôpilaie trôs baibiôles. È y aî dje tchïnze djoués que nôs aittendans, bïn saidgement Nâ. Aivô lai môde d’adjd’heu  ; le temps des fétes s’éleûchant d’ène en l’âtre. Les saipïns de Nâ pyaicies dâs les premiîes djoués de déchembre, n’int quâsi pus de poignats po lai féte. Dïnche se pyaîgnïnt les trôs baibiôles, Petéte Etoile, Brainchatte pe Tchaindoile. Èlles épignolaïnt ïn crôme envirtolè d’ïn paipie môlurè pe déposè dôs le saipïn de Nâ. -Allèz-vôs vôs râtaie de chnoufaie cmen des afaints gaîtès  ? Voilì tchaîtchôze djoués que vôs nos brisie le aroiyes aivô vôs snyeûleries que rétouénant djünqu’â cie. Dûe le Pére m’envîe po vôs faire è coisie. È m’è dit  : aittendre le djoué de Nâ èrpôs m’âdrait bïn. Otchupèz-vôs de ces trôs baibiôles, Aindge Babette, m’é ennoûdrè mon Méetre. Âdon y vais faire âtche po vôs. È pairât que, po révaîe lai grie, ren de tâ qu’ïn voiyaidge. Paichèz voùé vôs vlèz, tchétchüne de vote sen. Cmen les maîchemyattes, dâs çte menute vôs étes ïnvisibyes. Âdon, ce sré aîsie po chneûquaie tot paitchot. Mains aittention  ! Vôs dètes étre de retoué po Nâ, sutot l’étoile po diridgie les rois maîdges. Te ne rébyerés pon  ? Dïnche sont paitchies les trôs baibiôles, haiyurouses de tchie-bridâ. Petéte Tchaindoile s’aippreutchie de tot ço qu’était yeusint. Mains totes ces cyérainces dains les gasses, grôs maigaisïns y bèyiè le virolat. Les mâsons crôlaïnt dôs les lumîres. De se sentre se petéte, lai grie y étroincie le tchûr. Tot bâlement, sai sondgerie l’aimouéné feùs des lumîeres pe di brut dains ïn haimé. Ène humbye mâson sembyait coitchie sai déche dains les saipïns. Petéte Tchaindoile, courieuse, y tchaimpé ïn eûye. Â premîe aibôd, dains le noi elle ne vôyé ren, mains ôyit de petétes pyaintes. Ses eûyes meux aivésies en lai l’ailombre, elle détcheuvrit ïn marlie yét. Ïn afaint maigrelat y somoiyie. -Maman, t’empares lai lumîere, sôpilaie le petét. -Y vorôs bïn mon petét, mains y n’aî pu de luciline po lai laimpe. L’afaint se coisie ène boussiatte, mains rècmencie sai snyeûle  : -Y ainmerôs taint de lai lumîere. Petéte Tchaindoile se tchissie dains le poiye, pe su lai tâle de neût. L’afaint lai sésit. -Maman aippouétche des enfiattes po enfûelaie mai tchaindoile. -Te fôlâyes mon afaint. -Nyan maman chérie, révise. Lai petéte main tenyait lai tchaindoile. D’ïn creutchment d’enfiatte, voilì tot le poiye écyeûrie. L’afaint friyait des mains de pyaisi. -Que ç’ât bé maman  ! Trebi, sôle, ses endremies se foirmaïnt bâlement, l’afaint s’était endremi. Petéte Tchaindoile sains brut se sivé. Braintchatte, lée, s’envoûlé dains les bôs, laì voùé l’oûere tchainte. Èlle zyeuté tos les pus grôs bôs d’alentoué po ècmencie. Dains sai dôberie, èlle trévoichie les frontîeres, hichtoire de vôe d’âtres aibres. Mains voilì, le temps péssait trap vite. È faiyait sondgie è rentraie. Cmen lai neût tchoiyait, ç’ât dains ïn hôtâ, en lisîere de bôs qu’èlle se râté po péssaie lai neût. Braintchatte s’hésaidgie de beûyie po trovaie ène eûvétchure aifïn de s’embrûe dains le poiye. Ène chaile laimpe écyérait ci poiye. Ène véye fanne, aibeûquèe pai l’aîdge, chaquaie des dents, ène tchvétche su les djrônyes. Tot son côp rédjintaie. -Y vai meuri, y n’aî ne paipie, ne daîe soitche po empare ces gros trocats de bôs. Se èlle poyait me vôe  ! Musaie Braintchatte que s’était étâlèe en mé di poiye. -Oh  ! Voilì mon aiffére diét lai véye fanne en raiméssaint lai daîe. En petéts bouts, Braintchatte feut brisie, pe enfûelèe dôs les trocats. Lai chaîme djâyit en mé les trocats  ; tot se rétchâdé. Ç’ât en femîere qu’èlle s’évadné. Petéte Etoile é tot piyen de tcheûsins. En envèlle tchie ses soeûrattes, les étoiles di cie n’int pon mainquè de yôte faire è sevni sai promâsse  : étre rentrèe po Nâ. Su le tchmïn di retoué, dains lai serre-neût, èlle ôyit des breûyèts de détrâsse. Échâlaint les nuaidges, Petéte Etoile détcheuvrit ïn hanne peurdju, mètte en mé le bôs ennoidgie. Èl éssaipaie dains tos les sens. Tot content d’ïn ré de lumîere, èlle le djidie su le bon tchmïn, pe d’éne sivèe se retrové â cie. Petéte Tchaindoile, Braintchatte étaïnt dje lì. Dûe le Pére les aittendaie. È yôs dit  : -Ç’ât bïn, vos étes â rencard. Y aî cheûyi vôs paircoués. Ès m’int rédjoiyie le tchûr. Po vôs récompencie des bïnfaits aippouétchès és mâtchainçoux de lai térre, vôs voidgerèz tchétchüne vote pyaice dôs le saipïn de Nâ, pe çolì, totes les an-nèes è vni. Djoiyoux Nâ en vôs  ! Y seus préssie, y aî rencard à Béthléem. {Lai Babouératte}

Rêves de Noël

Ce qu’on s’ennuie sous ce sapin  ! Soupiraient trois babioles. Il y a déjà quinze jours que nous attendons, bien sagement Noël. Avec la mode d’aujourd’hui, le temps des fêtes s’étirent d’une à l’autre. Les sapins de Noël, placés dès les premiers jours de décembre, n’ont presque plus d’aiguilles pour la fête. Ainsi se plaignaient les trois babioles, Petite Etoile, Branchette et Chandelle. Elles enjolivaient un cadeau enveloppé d’un papier coloré et déposé sous le sapin de Noël. -Allez-vous vous arrêter de pleurnicher comme des enfants gâtés  ? Voilà quatorze jours que vous nous cassez les oreilles avec vos ritournelles qui résonnent jusqu’au ciel. Dieu le Père m’envoie pour vous faire taire. Il a dit  : attendre le jour de Noël me conviendrait bien. Occupez-vous de ces trois babioles, Ange Elisabeth, m’a ordonné mon Maître. Alors je vais faire quelque chose pour vous. Il paraît que, pour enlever l’ennui, rien de tel qu’un voyage. Partez où vous voulez, chacune de votre côté. Comme les bonnes fées, dès cette minute vous êtes invisibles. Ainsi, ce sera aisé pour fouiner partout. Mais attention  ! Vous devez être de retour pour Noël, surtout l’étoile pour guider les rois mages. Tu n’oublieras pas  ? Ainsi sont parties les trois babioles heureuses de liberté. Petite Etoile s’approcha de tout ce qui était luisant. Mais toutes ces clartés dans les rues, grands magasins, l’étourdissaient. Les maisons croulaient sous les lumières. De se sentir si petite, la mélancolie lui étreignit le cœur. Tout calmement, sa rêverie l’emmena loin des lumières et du bruit dans un hameau. Une humble maison semblait cacher sa misère dans les sapins. Petite Chandelle, curieuse, y jeta un œil. Au premier abord, dans le noir elle ne vit rien, mais entendit de petites plaintes. Ses yeux mieux habités à l’obscurité, elle découvrit un moindre lit. Un enfant maigrelet y sommeillait. -Maman, tu allumes la lumière, soupirait le petit. -Je voudrais bien mon petit, mais je n’ai plus de pétrole pour la lampe. L’enfant se taisait un instant, mais recommençait sa ritournelle  : -J’aimerais tant de la lumière. Petite Chandelle se glissa dans la chambre, puis sur la table de nuit. L’enfant la saisit. -Maman apporte des allumettes pour allumer ma chandelle. -Tu divagues mon enfant. -Non maman chérie, regarde. La petite main tenait la chandelle. D’un craquement d’allumette, voilà toute la chambre éclairée. L’enfant frappait des mains de plaisir. -Que c’est beau maman  ! Emotionné, fatigué, ses paupières se fermèrent doucement. L’enfant s’était endormi. Petite Chandelle discrètement se sauva. Branchette, elle, s’envola dans les forêts, là où chante le vent. Elle zieuta toutes les plus grandes forêts d’alentour pour commencer. Dans sa folie, elle traversa les frontières, histoire de voir d’autres arbres. Mais voilà le temps passait trop vite. Il fallait songer à rentrer. Comme la nuit tombait, c’est dans une maison, en lisière de forêt qu’elle s’arrêta pour passer la nuit. Branchette s’hasarda à fouiner pour trouver une ouverture afin de s’introduire dans la chambre. Une faible lampe éclairait cette chambre. Une vieille femme, voûtée par l’âge, claquait des dents, une couverture sur les genoux. Tout son corps frissonnait. -Je vais mourir, je n’ai ni papier, ni dare sèche pour allumer ces bûches noueuses. Si elle pouvait me voir  ! Pensait Branchette qui s’était étalée au milieu de la chambre. -Oh  ! Voilà mon affaire, dit la vieille femme en ramassant la dare. En petits bouts, Branchette fut cassée et enflammée sous les grandes bûches. La flamme jaillit entre les bûches  ; tout se réchauffa. C’est en fumée qu’elle disparut. Petite étoile eut beaucoup de soucis. En visite chez ses sœurs, les étoiles du ciel n’ont pas manqué de lui faire souvenir sa promesse  : être rentrée pour Noël. Sur le chemin du retour, dans la nuit noire, elle entendit des cris de détresse. Ecartant les nuages, Petite Etoile découvrit un homme perdu, épuisé au milieu de la forêt enneigée. Il gesticulait de tous côtés. Rapidement d’un rayon de lumière, elle le guida sur le bon chemin, et d’un trait se retrouva au ciel. Petite Chandelle, Branchette étaient déjà là. Dieu le Père les attendait. Il leur dit  : -C’est bien, vous êtes au rendez-vous. J’ai suivi vos parcours. Ils m’ont réjoui le cœur. Pour vous récompencer des bienfaits apportés aux malheureux de la terre, vous garderez chacune votre place sous le sapin de Noël, et ce, toutes les années à venir. Joyeux Noël à vous  ! Je suis pressé, j’ai rendez-vous à Bethléem. {La Coccinelle}