Publié dans le Quotidien Jurassien le 10 février 2023
Lai tcheusse és colons
Les môties s’ veudant. Les poirents faint encoé baiptijie yos afaints. Cés-ci faint yote premiere comm’nion èt peus après an n’ les r’voit pus. En tiu lai fâte
? És poirents
? «
È n’ nôs aippairtïnt peus d’ les condamnaie
» dyant trâs tiuries qu’aint ïn âtre tieusain. Da quéque temps, des colons aidé pus nombreux, nétchant dains les cieutchies. An r’trove yos miedges poitchot, chu lai tchaïre,ch’ les élaus. Lai fanne di maire en é r’ci yènne chu son neu tchaipé. Lai régente en é r’trové chu l’harmonium. Ïn sondgeou que ravoétait l’ piaifond â yûe de cheudre lai mâsse en é r’ci yènne dains l’eûye. Cment faire po s’ débairaissie d’ ces crevures d’oujés
?
- È les fât enfeumaie, prepoje le premie.
- Trop richquè, dit le doûejieme. Le môtie poérrait beutchaie. Moi, i bottrôs di biè empoûej’nè, cment po les raittes dains les paîtures.
- Ç’ n’ât pe chrétien, dit l’ trâjieme. Les colons, ç’ât des créatures di bon Dûe. Chûr qu’è les fât tcheussie, mains âchi les réchpèctaie. È y é ènne maniere brâment pus sïmpye de s’en débarrassie. È n’y é qu’è les baptijie èt d’yos faire faire yote premiere comm’nion. Aiprés, nôs n’ les r’verrons pus. Raivoétèz ç’ que s’ pésse d’aivô les afaints
!
Note
Des colons, des pigeons
les élaus, les tribunes d’une église
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
La chasse aux pigeons
Les églises se vident. Les parents font encore baptiser leurs enfants. Ceux-ci font leur première communion et après on ne les revoit plus. À qui la faute
? Aux parents
? «
Il ne nous appartient pas de les condamner
», disent trois curés qui ont un autre souci. Depuis quelque temps, des pigeons toujours plus nombreux, nichent dans les clochers. On retrouve leurs excréments partout, sur la chaire,
sur les tribunes. La femme du maire en a reçu un sur son nouveau chapeau. L’institutrice en a retrouvé sur l’harmonium. Un rêveur qui regardait le plafond au lieu de suivre la messe en a reçu un dans l’œil. Comment faire pour se débarrasser de ces sacrés volatiles
?
- Il faut les enfumer, propose le premier.
- Trop risqué, dit le deuxième. L’église pourrait brûler. Moi, je mettrais du blé empoisonné, comme pour les souris dans les pâturages.
- Ce n’est pas chrétien, dit le troisième. Les pigeons sont des créatures de Dieu. Naturellement qu’il faut les chasser, mais il faut aussi les respecter. Il y a une manière bien plus simple de s’en débarrasser. Il n’y a qu’à les baptiser et leur faire faire leur première communion. Après, nous ne les reverrons plus. Regardez ce qui se passe avec les enfants
!
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