Publié : 4 juin 2021

Le rhume des foins

Le reûtche des foins

Bernard Chapuis, la 500e !

Voici la 500e chronique patoise de Bernard Chapuis ! Un grand merci et un immense bravo ! Bernard continue, semaine après semaine à illustrer notre belle langue du coeur. Son humour et l’alacrité de sa plume font merveille ! Nos meilleurs voeux pour ses projets ! Louis-J. Fleury
Publié dans le Quotidien Jurassien le 4 juin 2021

Le reûtche des foins

Le Fèrnand di Peut-Bôs értèrnue neût èt djoué è s’ déraimaie le chioûeçhat. È se panne le tarin d’aivô son moétchou tot mô, les eûyes yi pityant et des grôsses laigres rôlant chu sai bairbe. Sai fanne yi é dit pus d’ïn côp d’allaie tchie l’ méd’cïn, mains è n’ veut ran oûyie, çte téte de boque. « È y é l’ vétrinaire que dait péssaie po not’ djument Brunatte. Èlle tosse âchi, çte poûere béte, que çoli fait pidie. Cment moi, èlle é l’ nèz que coule èt les eûyes que pûerant. Tiaind qu’èl l’airé auchcultèe, è m’éxamin’ré è mon toué. I aî tote confiance en lu. Ç’ât ïn aimi d’afaince. Nôs étïns en l’écôle ensoénne tchie çte daime Emma que teniait les p’tèts. I sraî tyitte de piedre mon temps dains l’ poiye d’aittente di dottoè. Tïns, le voili djeut’ment que s’ râte d’vaint lai mâjon. » Le Fèrnand ainme brâment sai djument Brunatte. È peut en étre fie. Èlle é dyaignie pus d’ïn concoué. Èlle yi é bèyie des tot bés polains. Mit’naint, èlle airrive â bout di rôlat. Ç’ât dû po ci Fèrnand. Tiaind qu’è lai raivoéte dïnche aimatie, èl é drèt envie d’ pûeraie. Le vétrinaire é auchcultè lai Brunatte en premie, peus èl é tratè l’ cas de son aimi. « Te m’ dis, Fernand, que te tosses de neût cment de djoué, que t’és l’ nèz que coule, que les eûyes te pityant èt que te pûeres. È n’ fât p’ tçheri bïn loin, t’és ïn grôs reûtche des foins. » - Ç ’ât çte poûere Brunatte que m’ l’é r’filè. Dis, vétrinaire, t’és l’ temps de boire ïn voirre ? Notes déraimaie, ici : déchirer le chioûeçhat, la poitrine aimatie, lasse, abattue ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Le rhume des foins

Fernand du Bois-Vilain tousse et crache nuit et jour à se déchirer la poitrine. Il se torche le nez avec son mouchoir détrempé, les yeux lui piquent et de grosses larmes roulent sur sa barbe. Sa femme lui a dit et répété de se rendre chez le médecin, mais il ne veut rien entendre, cet entêté. « Le vétérinaire doit passer pour notre jument Brunette. Elle tousse aussi, cette pauvre bête, que cela fait pitié. Comme moi, elle a le nez qui coule et les yeux qui pleurent. Quand il l’aura auscultée, il m’examinera à mon tour. J’ai totalement confiance en lui. C’est un ami d’enfance. Nous étions ensemble au degré inférieur tenu par Madame Emma. Je serai quitte de perdre mon temps dans la salle d’attente du docteur. Tiens, le voilà justement qui s’ arrête devant la maison. » Fernand aime beaucoup sa jument Brunette. Il peut en être fier. Elle a gagné de nombreux concours. Elle lui a donné de magnifiques poulains. Maintenant, elle arrive en fin de vie. C’est dur pour Fernand. Quand il la regarde ainsi abattue, il a envie de pleurer. Le vétérinaire a ausculté la jument Brunette en premier, puis il a traité le cas de son ami. « Tu me dis, Fernand, que te tousses de nuit comme de jour, que tu as le nez qui coule, que les yeux te piquent et que tu pleures. Il ne faut pas chercher bien loin, tu as un gros rhume des foin ». - C’est cette pauvre Brunette qui me l’a refilé. Dis, vétérinaire, tu as le temps de boire un verre ? ---- Pour retrouver d’autres oeuvres de Bernard Chapuis publiées sur le site Djasans