Publié dans le Quotidien Jurassien le 24 juillet 2020
C’était aiffreû
Francis Jammes (1868-1938) prend la défense des animaux. Voici, adapté en patois, le célèbre poème qu’il consacre au petit veau destiné à l’abattoir.
C’était aiffreû ci poûere petèt vé qu’an trïnnait è n’y é dyère en l’aibaittaidge èt qu’eur’jippait,
èt que provait de latchie lai pieudge ch’ les gris murats d’lai trichte petète vèlle.
Ô mon Dûe, èl aivait l’air che doux, èt che bon, lu qu’était l’aimi de tchemïns en pïnfô.
Ô mon Dûe,Vôs qu’étes che bon, dites qu’è y airé po nôs tus ïn poidgeon, èt qu’ïn djoué, dains le C
ie en oûe, è n’y airé pus de petèts vé qu’an tyûré èt, qu’â contrére, nôs s’rons v’nis moyous, èt chu yos écouènattes nôs bottrons des çhoés.
Ô mon Dûe, faites que ci petèt vé ne seuffreuche pe trop en sentaint entraie le couté.
Note
èt qu’eur’jippait, et qui résistait
le pïnfô, le houx
ïn poidgeon, un pardon
des çhoés, des fleurs
----
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
C’était affreux
Francis Jammes (1868-1938) prend la défense des animaux. Voici, en version originale, le célèbre poème qu’il consacre au petit veau destiné à l’abattoir.
C’était affreux ce pauvre petit veau qu’on traînait tout à l’heure à l’abattoir et qui résistait,
et qui essayait de lécher la pluie
sur les murs gris de la petite ville triste.
Ô mon, Dieu
! Il avait l’air si doux et si bon, lui qui était l’ami des chemins en houx.
Ô mon Dieu
! Vous qui êtes si bon,
dites qu’il y aura pour nous tous un pardon,
et qu’un jour, dans le Ciel en or,
il n’y aura plus de jolis petits veaux qu’on tuera,
et, qu’au contraire, devenus meilleurs,
sur leurs petites cornes nous mettrons des fleurs.
Ô mon Dieu
! Faites que le petit veau
ne souffre pas trop en sentant entrer le couteau...