Publié : 29 mai 2020

Le petit chien de la voisine

Le p’tèt tchïn d’ lai véjine

Publié dans le Quotidien Jurassien le 29 mai 2020

Le p’tèt tchïn d’ lai véjine

Léonard qu’haibite ci nové bloc qu’èls aint conchtrut feu d’ lai vèlle é ènne novèlle véjine. Èlle ottyupe ïn trâs pieces chu l’ meinme palie. Ès s’croûejant des côps dains l’aiscenseur. Ès s’ dyant bondjouè, ès se çhôryant. Çoli n’ vait pe pus loin. Léonard ainme lai voûere. È lai trôve bèlle èt dgentiye. Maya, lai djûene fanne é ïn p’tèt tchïn, ènne bole de gris pois ; an n’y voit pe les eûyes, è poène les paittes. Èlle en ât dobe. Èlle en é brament tieusain. Èlle yi aitchete des croquèttes, èlle le condut tchie l’écrinniouse po tchïn, èlle yi bote ïn ruban ch’ le capiron. Èlle yi étrille les pois, le peingne, yi brosse les dents. Èlle le laive dains lai baingnoûere. Èlle le pourmene tchéque djouè. Maya traivaiye en l’hôpitâ, des côps de djouè, des côps de neût. Èlle yi airrive de faire des voidges tote ènne snainne. Tiaind qu’èlle fait ses voidges, èlle léche son toutou tot seul dans son p’tèt trâs pieces. Le tchïn, qu’é lai grie d’ sai maîtrasse, pûere tote lai neût. Léonard é lai sanne ladgiere. Les breuyèts di tchïn l’ révoyant èt è n’ peut pus s’ rendremi. Ïn djouè, dains l’aiscenseur, è prend son coraidge è dous mains èt peus dit en çte Maya : - Vôs saites, tiaind qu’ vôs faites vos voidges, vote tchïn breûye tote lai neût. Lai bèlle infirmiere yi répond dains ïn lairdge çhôri : - Ç’ nât p’ grave, Chire. È doûe tote lai djouénèe. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Le petit chien de la voisine

Léonard qui habite cet immeuble construit récemment en banlieue a une nouvelle voisine. Elle occupe un trois pièces sur le même palier. Ils se croisent parfois dans l’ascenseur. Ils se saluent et se sourient. Cela ne va pas plus loin. Léonard aime la regarder. Il la trouve belle et agréable. Maya, la jeune femme possède un petit chien, une boule de poils gris dont on ne voit pas les yeux et dont on devine à peine les pattes. Elle en est folle. Elle en prend grand soin. Elle lui achète des croquettes, elle le conduit chez la toiletteuse, elle lui fixe un ruban sur la tête. Elle lui étrille les poils, le peigne, lui brosse les dents. Elle le lave dans la baignoire. Elle le promène chaque jour. Maya travaille à l’hôpital, parfois de jour, parfois de nuit. Il lui arrive de faire des veilles une semaine durant. Quand c’est son tour, elle abandonne son toutou dans son petit trois pièces. Le chien, qui se languit de sa maîtresse, pleure toute la nuit. Léonard a le sommeil léger. Les aboiements du chien le réveillent et il ne parvient plus à se rendormir. Un jour, dans l’ascenseur, il prend son courage à deux mains et dit à Maya : - Vous savez, quand vous faites vos veilles, votre chien aboie toute la nuit. La belle infirmière lui répond dans un large sourire : - Ce n’est pas grave, cher Monsieur. Il dort toute la journée.