Publié : 10 juillet 2019

Aux Cufattes, le 2 juillet 1896

Es Tscheuffattes, le 2 djullet 1897

Lai yeujure que cheut nos môtre c’ment les meintay’tès aint tchaindgie en 120 ans ! Le texte suivant est une bonne farce ou, peut-être une véritable annonce qui n’ose pas dire son nom, à vous de juger. On constate que les mentalités ont bien changé

Es Tscheuffattes, le 2 djullet 1897

Mon véye aimi, Y ai fait enne crevaie, ai vin de m’en airrivaie enne…enne tote bouenne – nian, ç’â tra béte ! ç’â sur, dain lai vie en en voit totes les couleurs, mains cment c’té-li, djemais qu’enne fois mains pô de bon, ç’â trâ béte ! Fidiure-te se djemais i me seros aittendu ai çoli ! pont le mondre di monde. Fa te dire que vardé péssai…nian tchain ç’â qu’on y muse, c’en a prou po se tandre tain que ç’ât béte…Enfin, que veu-te, ce n’â pon mai fâte, t’en é sur, i en seu tot ai fait innocint ! To çoli, ç’â lai fate â vin biain, mains, ç’â tot pairye, se on était veni me le dire cti maitin, i airô bin riè. Poétchain te voi, çoli y â, ai n’y é ran è dire…paidé, c’â trâ béte ! Lai pore baichatte n’en peut ran, no n’en poyant ran ne l’un ne l’âtre, elle a bin bouenne. Enfin fâ espérai que çoli ne m’airriveré pu. Fidiure-te, saimbaidi péssai, le djoué de lai foire. Nian, vrai ce n’â pon ai craire…Mon oncia que veut faire en sai téte, ai pe mai tainte aichebin ; i voi çoli d’â çi, sain me déraindjie…Ai pe, nos dgens ! Et les questions, mains poquoi, cment çoli se fai é ? Que veu te qu’i réponjo ? po bïn dire, ne sai quoi…Ah ! c’â tro béte… Enfin, vu que c’â fai, i n’en sero pu reveni :ai fâ se faire enne réson, fâ se résignie, fâ se résoudre, se t’saivô, topayrie i n’oserô t’le dire… Raive ! aipré tot, dain quéques djoués tot le monde en veu djasai, tchain çoli seré aiffichie… Ce qu’on veut se fottre de moi, ai y’en é bin prou. Voili l’aiffaire, fidiure-te qu’i djabyë de me mairiai !! ç’â tra béte mains n’en paile pont, gai ! n’en paile pon… Y demouére ton véye Djoset le Mentou.

Aux Cufattes, le 2 juillet 1896

Mon vieil ami, J’ai fait une crevée, il vient de m’en arriver une…une bonne…non c’est trop bête ! C’est sûr, dans la vie on en voit de toutes les couleurs mais comme celle-ci, jamais qu’une fois mais pour de bon ! C’est trop bête ! Figure-toi que jamais je ne me serais attendu à cela, pas le moins du monde ! Faut dire que vendredi passé… non, quand on y pense c’en est assez pour s’éclater tant que c’est bête. Enfin, que veux-tu ce n’est point ma faute, tu peux en être sûr, je suis tout à fait innocent. Tout cela c’est la faute au vin blanc, c’est tout pareil, si on était venu me le dire ce matin j’aurais bien ri. Pourtant tu vois, ça y est, il n’y a rien à dire…pardi, c’est trop bête ! La pauvre fille n’y peut rien, nous n’en pouvons rien ni l’un ni l’autre, elle est bien bonne. Enfin il faut espérer que cela ne m’arrivera plus. Figure-toi, samedi passé, le jour de la foire. Non, vrai on ne peut pas le croire…Mon oncle qui veut faire à sa tête et ma tante aussi, je vois cela d’ici sans me déranger… et nos gens ! Et les questions, mais pourquoi, comment cela se fait-il ? Que veux-tu que je réponde ? pour bien dire, je ne sais quoi…Ah c’est trop bête… Enfin vu que c’est fait je ne peux plus revenir en arrière, il faut se faire une raison, faut se résigner, faut se résoudre, si tu savais tout de même, je n’ose pas te le dire…Rave après tout, dans quelques jours tout le monde en parlera lorsque ce sera affiché…Ce qu’on va se moquer de moi, il y en a assez. Voila l’affaire, figures toi que je songe à me marier !!! C’est trop bête mais n’en parles pas, gai ! n’en parles pas… Je demeure ton vieux Joseph le menteur