Publié : 15 mars 2019

Il faut savoir partir

È fât saivoi paitchi

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 15 mars 2018

È fât saivoi paitchi

Les envèllies faint aidé piaiji, se ç’ n’ât p’en entraint, ç’ât en paitchaint. Çtu qu’é dit çoli, è saivait ç’ qu’è dyait. I m’ muse que lu âchi é r’ci des envèllies que s’aiccreutchïnt èt qu’èl airait bïn v’lu voûere yos tailons. C’ment faire po s’ débairassie d’ ces dgens d’aivô tiu an ont péssè ènne boènne lôvrèe mains que n’ sairïnt s’ rédure. An raivoéte l’eurleudge po yos faire è compâre qu’èl ât taid, qu’an ât sôle èt qu’è s’rait les houeres d’allaie s’ coutchi. An yos dit : « Vôs d’vèz s’yeuvaie tôt d’main maitïn po allaie â traivaiye. » Èt peus, s’ès n’ compregnant touedge pe, an yos dit : « S’i étôs tchie vôs, i m’en adrôs. » Ou bïn : « Vôs çhioûerèz lai lumiere tiaind qu’ vôs paitchiréz. » Ci Dgèrmain aivait aiffaire è Bèrne. D’vaint que d’ rentraie, è s’ dit : « I poérrôs bèyie l’ bondjouè en ci Nèchti qu’ çoli fait ènne paiye qu’i n’l’aî pus vu. » È soènne. -- Mains ç’ât toi, Dgèrmain. Entre pé. Te maindgerés d’aivô nôs. Lai fanne é fait ènne boénne moirande. Ès aint chlapè dous botoiyes que ç’ n’était p’ de lai pityatte. Ès aint djâsè di v’laidge. Lai fanne é coutchi les afaints. Èlle se dyait : « È n’ veut dj’mains paitchi çtu-ci ? » Èlle l’entend que dit en son hanne : -- Dis-voûere, Nèchti, i vois qu’ t’és brament d’ piaice. I poérrôs dremi ci. « Èh bïn ci côp, ç’at l’ bocat », s’ dit lai fanne que s’ vire vai ci Dgèrmain : -- Vôs ne craites pe que vot’ fanne èt vos afaints v’lant trovaie l’ temps grant sains vôs ? -- Vôs èz réjon, mai tchiere Daime. I yos veus téléphonaie de v’ni m’eurdjoindre. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Il faut savoir partir

Les visites font toujours plaisir, si ce n’est pas en entrant, c’est en partant. Celui qui a dit cela savait ce qu’il disait. Je pense que lui aussi a reçu des visites qui s’accrochaient et dont il aurait bien voulu voir les talons. Comment faire pour se débarrasser de ces gens avec qui on a passé une bonne soirée mais qui tardent à partir. On regarde l’horloge pour leur faire comprendre qu’il est tard, qu’on est fatigué et qu’il serait l’heure d’aller se coucher. On leur dit : « Vous devez vous lever tôt demain matin pour aller au travail. » Et s’ils ne comprennent toujours pas, on leur dit : « Si j’étais chez vous, je m’en irais. » Ou bien : « Vous éteindrez quand vous partirez. » Germain avait une affaire à traiter à Berne. Avant de rentrer, il se dit : « Je pourrais saluer mon ami Ernest. Il y a longtemps que je ne l’ai pas vu. » Il sonne. -- Tiens, c’est toi, Germain. Entre donc ! Tu mangeras avec nous. L’hôtesse a mijoté un bon souper. Ils ont vidé deux bouteilles d’excellent vin. Ils ont parlé du village. La mère a couché les enfants. Elle se disait : « Il ne va donc jamais partir, celui-ci ? » Elle l’entend dire à son mari : -- Dis donc, Ernest, je vois que tu as beaucoup de place. Je pourrais dormir ici. « Eh bien, cette fois, c’est le comble ! » se dit la femme qui s’adresse au visiteur : -- Vous ne croyez pas que votre femme et vos enfants vont s’ennuyer sans vous ? -- Vous avez raison, chère Madame. Je vais leur téléphoner de venir me rejoindre.