Publié : 14 septembre 2018

Le petit cordonnier

Le crevoigerat

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 14 septembre 2018

Le crevoigerat

È y aivait dains mon p’tèt coénat Ïn trés aidrèt crevoigerat. È traivaiyait si djeute Qu’è n’y avait ran d’ pus djeute. È traivaiyait tot drèt Pe pus qu’ è ne fayait. Tyaind qu’èl entrait â cabairèt, Gotte chu gotte èl engolait. Èl engolait si djeute Qu’è n’y avait ran d’ pus djeute. Èl engolait tot drèt Bïn pus qu’ è ne fayait. Tyaind qu’en l’hôtâ è revenyait Sai fanne en graingne le taupait. Èlle le taupait si djeute Qu’è n’y avait ran d’ pus djeute. Èlle le taupait tot drèt Pe pus qu’ è ne fayait. Aidonc le petèt hanne chnouffait Èt sai fanne yi poidgenait. Èlle le chmoutsait si djeute Qu’è n’y avait ran d’ pus djeute. Èlle le chmoutsait tot drèt Bïn pus qu’ è ne fayait. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Le petit cordonnier

Il y avait dans mon coin de pays Un petit cordonnier très habile. Il travaillait si juste Qu’il n’y avait rien de plus juste. Il travaillait tout dret Mais pas plus qu’ il ne fallait. Quand il entrait au cabaret, Il buvait liqueur sur liqueur, Les avalait si juste Qu’il n’y avait rien de plus juste Les avalait tout dret Bien plus qu’ il ne fallait. Quand il rentrait à la maison Sa femme en colère le cognait. Elle le cognait si juste Qu’il n’y avait rien de plus juste. Elle le frappait tout dret Pas plus qu’il ne fallait. Alors le bonhomme sanglotait Et sa femme lui pardonnait. Elle l’embrassait si juste Qu’il n’y avait rien de plus juste. Elle l’embrassait tout dret Bien plus qu’ il ne fallait. Dret, archaïsme, est une variante de droit.