Publié : 16 février 2018

Je m’en fus voir ma maîtresse

I m’en feus voûer’ mai maîtrasse

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 16 février 2018

I m’en feus voûer’ mai maîtrasse

I m’en feus voûer’ mai maîtrasse, Bïn rétyipè : Èll’ ne poéyait p’ me recoégnâtre’, Taint y’éto bé, Saquerdjue ! I aîvôs ïn bé tchaipé rond, Carré, pointu, Que m’é côtè cïnquant’-nue sôs, Quasi ïn étiu, saquerdjue ! I aivôs ènn’ bèlle perruque De poi de poûe Qu’i me peingnôs tos les duemoinnes Aivô ïn rété, saquerdjue ! I aivôs ènn’ bèll’ biaintch’ tchemij’ En toile écrue, De fi qu’ mai mére aivait felê A câr di fue, saquerdjue ! I aivôs ènn’ bèll’ graivatte En gros can’vas Qu’i me loiyôs atoé di cô Aivô ïn loquat, saquerdjue ! I aivôs des bèll’s neuves tchâsses De poi d’ lapïn Que m’aivait tricotè dains l’ temps Mai véye memïn, saquerdjue ! I aivôs des bés fïns soulès De pé d’ tchevri Qu’ lo crevoijie m’aivait couju  crédit, saquerdjue ! I aî dit : « Bondjoué mai mie, C’ment qu’vôs allèz ? » Èlle me foté derie lai pouetche Dôs les égrès, saquerdjue ! Source : « Vieux airs, vieilles chansons », 1929. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Je m’en fus voir ma maîtresse

Je m’en fus voir ma maîtresse Bien attifé. Elle ne pouvait me reconnaître, Tant j’étais beau, sacrebleu ! J’avais un beau chapeau rond, Carré, pointu, Qui m’a coûté cinquante-neuf sous, Presque un écu, sacrebleu ! J’avais une belle perruque En poil de porc Que je peignais tous les dimanches, Avec un râteau, sacrebleu ! J’avais une belle chemise blanche En toile écrue, De fil que ma mère avait filé Au coin du feu, sacrebleu ! J’avais une belle cravate En gros canevas Que je nouais autour du cou Avec un cadenas, sacrebleu. J’avais de beaux bas neufs En poil de lapin Que m’avait tricotés autrefois Ma vieille grand-mère, sacrebleu ! J’avais de beaux souliers fins En peau de chevreau Que le cordonnier m’avait cousus A crédit, sacrebleu ! Je lui ai dit : »Bonjour, ma mie. Comment allez-vous ? Elle me flanqua à la porte Sous l’escalier, sacrebleu ! Source :"Vieux airs, vieilles chansons », 1929 ---- La chronique patoise du QJ en direct :