Publié : 1er décembre 2017

Une bonne bouteille

Ènne boénne botaye

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 1 décembre 2017

Ènne boénne botaye

Lai Mady ât très aittaitchie en son véye oncha qu’ât és Çlégies è Mij’rèz. Ç’ât le drie que yi d’moére chus heûte. Èlle vai l’ voûere totes les snainnes. Ès djâsans di temps péssè, de cés qu’ sont paitchis, de cés que d’moérant, d’ lai pieudge, di bé temps. Ès vaint faire ènne touénèe â d’vaint l’heûs tiaind qu’ le temps l’ permât. Çoli yos fait di bïn en tos les dous. L’oncha é encoé tote sai téte, mains è n’ peut pus yére, lu qu’ainmait taint. -- I veus yi poétchaie ènne boènne botaye po lai Sïnt-Nicolas, d’aivô d’ cés pies d’ tchievres des paiysainnes d’Aidjoûe. Po l’ vïn, i n’veus p’allaie dains ènne de ces grantes surfaces. L’oncha mérite meus qu’ çoli. Bon, i sais bïn qu’ès n’ vendant p’ d’ lai pityatte, mains ïn échpcialichte, ç’ât aidé meus. È y en é yun en lai Rue di Môtie. È n’ vend que di vïn. È s’y coégnât. Ses produts, è vai les tçh’ri lu meinme tchie les p’tèts veingnous. Èlle bousse lai poûetche di mairtchand d’ vïn. -- Bondjoué, l’hanne. I voérrôs ènne boènne botaye. Ç’ât po mon onçha qu’ât és Çlégies è Mij’rèz. I veus botaie l’ prix. -- Dains les roudges o bïn dains les biancs ? -- È n’en tchât, è n’ voit pus çhaie. Note È n’en tchât, c’est égal, peu importe ; correspond à forme archaïque « peu me chaut » ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Une bonne bouteille

Madeleine est très attachée à son vieil oncle pensionnaire à la Résidence des Cerisiers à Miserez. C’est le dernier en vie d’une fratrie de huit. Elle lui rend visite chaque semaine. Ensemble, ils évoquent le temps passé, ceux qui sont partis, ceux qui restent, parlent de la pluie et du beau temps. Ils font une promenade quand le temps le permet. Cela leur fait du bien à tous les deux. L’oncle a encore toute sa tête, Malheureusement, il ne peut plus lire, lui qui aimait tant. -- Je vais lui porter une bonne bouteille pour la Saint-Nicolas, avec de ces pieds de chèvre des paysannes d’Ajoie. Pour le vin, je ne veux pas aller dans un ces grands magasins. L’oncle mérite mieux que ça. Bon, je sais bien qu’ils ne vendent pas de la piquette, mais un spécialiste, c’est toujours mieux. Il y en a un à la Rue de l’Église. Il ne vend que du vin. Il s’y connaît. Ses produits, il va les chercher lui même chez les petits vignerons. Elle pousse la porte du marchand de vin. -- Bonjour, Monsieur. Je voudrais une bonne bouteille. C’est pour mon oncle qui est à la Résidence des Cerisiers à Miserez. J’y mettrai le prix. -- Dans les rouges ou dans les blancs ? -- Ça n’a pas d’importance. Il est aveugle. Note È n’en tchât, c’est égal, peu importe ; correspond à forme archaïque « peu me chaut » ---- La chronique patoise du QJ en direct :