Publié : 15 novembre 2017

Le cordonnier

Le couédjainnie

La Babouératte, la Coccinelle

Le couédjainnie

Aivô les novés maîtérias que se trovant su le mairtchi adjd’heu, tot pyain de faiçons de traivaiyie aint tchaindgie. Les véyes méties en aint seûffri pe ès se peurdjant les üns aiprés les âtres. Prente le couédjainnie ! Dains tos les petéts vlaidges, èl était lì, quâsi ïndichpensabye en lai vétchaince des grôsses rottes d’afaints. Dâs yos premieres péssèes, les afaints étïnt tchâssies de soulaies è lairdges chmèlles, tot en tchu. Tot â lôn de yote vétchaince, hannes, fannes pe afaints, pouétchaïnt des soulaies en tchu que se laiçaïnt. Afaint, y’ô encoué mai mére me raippelaie : -- Djûedi, tchaind t’âdré â vlaidge po tai yeçon de catétchisse, ne rébie pon de pouétchaie les soulaies de ton frérat tchie le couédjainnie. Ci brise-fé ripe tot ! Nenttoiye-les devaint, pon en l’âve, è sa, aivô lai broche de raicène. Ç’ât svent qu’y aippouétchais des soulaies tchie ci couédjainnie. Y coinniéssais lai mâson. Ïn sïmpye coitchon, cyoulè su lai pôtche de son atelie, mairquait son yûe de traivaiye. Tchaind on entrait, ène bouènne sentou de tchu syaittait les nairines. Son atelie ? Ïn grôs poiye voùé vésenaient ïn étâbyi, ïn pîe de fé aissoidgi su ène fonte, ène machine è codre è frâte pe ïn ètau su pîe. Tos sés utis de traivaiye è pouétchèe de main. Aiprès aivoi révisè les soulaies, è diait : -- È y’é bïn è r’chiquaie : recyoulaie des tchaiplattes, les demé-yunes di tailon ; recodre ces côtures qu’en aint fâte. Te peux vni les tchrie lai snainne que vïnt. Ès srïnt prâts. D’ün tirou en-dedôs de sai pyaice de traivaiye, è tirie feûs ïn lôc po me bèyie doux bonbons. Aivô ïn sôrire, èl aidjoutait : -- Po lai vie ! Aivô le bondjoué en tes pairents. En tchittaint l’atelie di couédjainnie, y ne saivôs pon qu’y empouétchais, dains mai téte d’afaint, l’imaidge d’ïn bon ôvrie, d’ène boutiche voùé les utis étaïnt ôdjoiyies aivô sné. Qué bés seuvenis ! Lai Babouératte

Le cordonnier

Avec les nouveaux matériaux qui se trouvent sur le marché aujourd’hui, beaucoup de façons de travailler ont changé. Les vieux métiers en ont souffert et ils se perdent les uns après les autres. Prenez le cordonnier ! Dans tous les petits villages, il était là, presque indispensable à la vie des grandes familles d’enfants. Dès leurs premiers pas, les enfants étaient chaussés de souliers à larges semelles, tout en cuir. Tout au long de leur vie, hommes, femmes et enfants portaient des souliers en cuir qui se laçaient. Enfant, j’entends encore ma mère me rappeler : -- Jeudi, lorsque tu iras au village pour ta leçon de catéchisme, n’oublie pas de porter les souliers de ton frère chez le cordonnier. Ce brise-fer fripe tout ! Nettoie-les avant, pas à l’eau, à sec, avec la brosse de racine. C’était souvent que j’apportais des souliers chez ce cordonnier. Je connaissais la maison. Un simple carton, cloué sur la porte de son atelier, indiquait son lieu de travail. Quand on entrait, une bonne odeur de cuir flattait les narines. Son atelier ? Une grande chambre où voisinaient un établi, un pied de fer fixé sur un billot, une machine à coudre à pédale et un étau sur pied. Tous ses outils de travail à portée de main. Après avoir regardé les souliers, il disait : -- Il y a bien à réparer : reclouer des caboches, les demi-lunes du talon ; recoudre ces coutures qui en ont besoin. Tu peux venir les chercher la semaine prochaine. Ils seront prêts. D’un tiroir en-dessous de sa place de travail, il sortait un cornet de papier pour me donner des bonbons. Avec un sourire, il ajoutait : -- Pour la route ! Avec le bonjour à tes parents. En quittant l’atelier du cordonnier, je ne savais pas que j’emportais, dans ma tête d’enfant, l’image d’un bon artisan, d’une boutique où les outils étaient utilisés à bon escient. Quels beaux souvenirs ! La Coccinelle