Publié : 13 juillet 2017

Réflexe conditionné

Condichionnè réfyèchque

Jean-Marie Moine, Arc Hebdo juillet 2017

Condichionnè réfyèchque

Chur’ment qu’ tiaind qu’ vôs étïns en l’ écôle, an vôs ont djâsè d’ ci russe méd’cïn, l’ dotoé Pavlov, qu’ aivait prejentè sai tyiorie chus l’ condichionnè réfyèchque en 1903. Èl échque-yiquait qu’ è bèyait rèdyuyierment d’ lai tchie en ïn tchïn en meinme temps qu’ réjoûenait ènne soinnatte. Che bïn qu’ çoli f’sait è v’ni d’ l’ étçhepatte dains lai goûerdge di tchïn. Ç’que s’ péssé, ç’ ât qu’ pus taîd, tiaind qu’ le tchïn ôyait lai soinnatte que rétonait, è s’ botait è étçhepaie meinme ch’ an n’ yi bèyait p’ de tchie è maindgie. Ci Paivlov aipp’lé çoli l’ condi-chionnè réfyèchque. Ses aiprés-v’niaints, pe ces qu’ an aipplont pus taîd les compoétch’men-tâyichtes [en frainçais les behavioristes] môtrainnent qu’ le compoétch’ment d’ l’ hanne ât ènne hierairtchijie sunme de condichionnès réfyèchques. Tot çoli s’ péssait ïn pô d’vaint lai premiere mondiâ dyierre. È n’ y’ aivait en ci temps-li ran qu’ lai feuye pe quéques raîes poch-tes de radio po aippoétchaie en nôs dgens ç’te hierairtchijie sunme de condichionnès réfyèch-ques. Pe, nôs dgens aivïnt di s’né. Ès saivïnt naiturâment ç’ que conv’niait, pe ç’ qu’ è fâyait r’tchaimpaie. Mains mit’naint, musètes-vôs en totes ces soinnattes qu’ les meudias faint è rétouinnaie ? Lai pubyichitè envâyât les feuyes, lai télé. Nôs laividjâses n’ airrâtant pe de nôs sôlaie po nôs faire d’ lai raimôle po tot pe po ran. I n’ djâse pe d’ l’ ïntrenèt, ne d’ ces poé-tchâbyes sains lesqués nôs n’ sons bïntôt pus qu’ des d’moérès. C’ment qu’ vôs voérïns qu’ nôs braîves dgens, chutôt nôs afaints s’ y r’troveuchïnt, qu’ ès n’ se lécheuchïnt p’ embobli-naie, qu’ ès vadgeuchïnt yôte naiturâ s’né. D’ aitaint pus qu’ â nom d’ ènne boinne eur’nam-mèe, d’ ïn enviéchaint iconanmique dunamichme d’ lai sochietè, ènne rotte de ces grôsses dgens qu’ nôs diridgeant, des politicous, des iconanmichtes, des biaincs dgilets des aicénes [domaines] de l’ écôle, des entreprijes, d’ l’ ïnduchtrie, d’ l’ évoingne, etc. yi botant yôte grain d’ sâ. Ès braigant tus des contrevoirtès. Les hannes sont égâs ; d’maindèz voûere en ènne mére che ses dous vartâbyes bassains, des yunaipyiotes [en frainçais, des monozygotes]sont les meinmes. Les hannes sont tus égâment capabyes d’ orin’tè… ; l’ âtre djoué, ènne de ces quasmedire yeûtchâs d’ lai tchainson é dit : « Ç’ qu’ an veut, ç’ ât étre … mébiye [en frainçais débile] ! » An poérait encoé en dire brâment, mains mon airti é lai boinne grantou. I n’ sais p’ laivoù qu’ nôs vains, mains c’ment qu’ le diait yun d’ mes collédye : « Nôs y’ vains ! » J-M. Moine

Réflexe conditionné

Certainement que lorsque vous étiez à l’école, on vous a parlé de ce médecin russe, le docteur Pavlov qui avait présenté sa théorie sur le réflexe conditionné en 1903.Il expliquait qu’il donnait régulièrement de la viande à un chien en même temps que retentissait une sonnette. Si bien que cela faisait venir de la salive dans la gorge du chien. Ce qui se passa, c’est que plus tard, quand le chien entendait la sonnette qui retentissait, il se mettait à saliver même si on ne lui donnait pas de viande à manger. Pavlov appela cela le réflexe conditionné. Ses successeurs, et ceux qu’on appela les behavioristes montrèrent que le comportement de l’homme est une somme hiérarchisée de réflexes conditionnés. Tout cela se passait un peu avant la première guerre mondiale. Il n’y avait que le journal et quelques rares postes de radio pour apporter à nos gens cette somme hiérarchisée de réflexes conditionnés. Et nos gens avaient du bon sens. Ils savaient naturellement ce qui convenait et ce qu’il fallait rejeter. Mais maintenant, pensez-vous à toutes ces sonnettes que les médias font retentir ? La publicité envahit les journaux, la télévision. Nos téléphones ne cessent de nous fatiguer pour nous faire de la réclame pour tout et pour rien. Je ne parle pas de l’internet, ni de ces portables sans lesquels nous ne serons bientôt plus que des demeurés. Comment voudriez-vous que nos braves gens, surtout nos enfants s’y retrouvent, qu’ils ne se laissent pas embobiner, qu’ils gardent leur bon sens naturel. D’autant plus qu’au nom d’une bonne renommée, d’un enviable dynamisme économique de la société, une bonne partie de ces grandes personnalités qui nous dirigent, des politiciens, des économistes, des « blancs gilets » des domaines de l’école, des entreprises, de l’industrie, de l’art, etc. y mettent leur grain de sel. Ils vantent tous des contrevérités. Les hommes sont égaux ; demandez donc à une maman si ses deux jumeaux véritables, des monozygotes, sont les mêmes. Les hommes sont tous également capables de créativité… ; l’autre jour, une de ces soi-disant star de la chanson a dit : « Ce qu’on veut, c’est être débile… ! » On pourrait encore en dire beaucoup, mais mon article a la bonne longueur. Je ne sais pas où nous allons, mais comme le disait l’un de mes collègues. « Nous y allons ! » J-M. Moine