Publié : 23 mars 2017

Le chapelet

L’ tchaip’lat

Jean-Marie Moine, Arc Hebdo février 2017

L’ tchaip’lat

Vô saîtes tus qu’ en déjnûef ceints cïnquante è yun, c’ était l’ ché ceints cïnquantieme caip d’ an d’ l’ hélvétitçhe Confédérâchion. Po fétaie çoli, lai caint’nâ l’ écôle de Poérreintru aivait ouergannijè ïn viaidge, po tot l’ écôle, en lai Voidg’pran (au Rütli). Dïnche, nôs paitchainnent tus ensoinne le maitïn, maîtres pe éyeuves, dâs Poérreintru, daivô l’ tren djainqu’ è Bouss’ré (Brunnen). Nôs traivoichainnent le lai daivô ènne grôsse nèe pe, è pie, nôs montainnent djainqu’ en lai Voidg’pran. Li, âtoué d’ ïn roudge draipé è biaintche crou, nôs ôyainnent nôte raicodjou, ci Victor Erard nôs raipp’laie ç’ que s’ était péssè dains ç’te Voidg’pran. Pe tus ensoinne, en lai d’mainde di paichteur Gonseth, pe d’ l’ aibbé Aubry, nôs prayainnent po r’mèchie Dûe pe l’ piôgaie d’ rétropaie encoé maintre grant nôte paiyis. Lai chérémounie s’ finéché â Voidg’pran, aiprés qu’ nôs aiyeuchïns tchaintè l’ aib’nâ l’ hïnmne. Dâs li, les çhaisses paitchainnent ïn pô dains totes les sens. Aiccompaignie poi ces M’ssieus Erard pe Gonseth, nôte çhaiche envèllé pus d’ïn coégnu chite. Tot poitchot, ces dous M’ssieus nôs entchaintainnent poi yôs échpyicâchions qu’ ès saivainnent botaie en nôte nivé d’ écôlie. L’ bisat pe lai tchaipèlle de ci Diâme Tell nôs raimoinnainnent aichbin en lai bèlle fôle en laiqué nôs t’gnïns taint, qu’ en l’ opéra d’ ci Rossini pe en lai traidgédie d’ ci Schiller qu’ èls aivïnt ïnchpirie. È Chvitz, ès nôs f’sainnent è compâre l’ ïmpoétchaince des airtchives po l’hichtoire d’ lai Confédérâchion, nantann’ment l’ féd’râ Paicte de 1291. Ès n’ rébiainnent pe d’ nôs raipp’laie qu’ l’ allmoûess nom d’ lai vèlle de Goldau é sai patoise trâduchion : Dérâ-bye. Çoli dâs 1806, tiaind qu’ lai montaigne ât tchoi chus ç’te vèlle pe l’ é détrut. È y’ é encoé l’envèllie d’ l’ étrèt déf’lè d’ Aivâlainne (Morgarten), laivoù qu’ en 1315, nôs Conféd’rès aint baittu les Âtritchïns. Li les frainçaises treupes eur’botainnent çoli dous côp contre les Âtri-tchïns en 1797 pe en 1798 [dôs ci Naipoléon]… Nôs péssainnes ènne neût dains ènne âbèrdge de djûenence. Mains l’ soi, nôs étïns taint ailouxè poi l’ che bé djoué qu’ nôs aivïns vétçhu, qu’ nôs n’ aivïns p’ poéyu s’ endremi. Tot d’ ïn côp, ç’ feut ènne dgèn’râ baitaiye de tieu-chains daivô tot l’ traiyïn qu’ vait daivô. Tot l’ monde y’ allait d’ bon tiûe, tiaind qu’ an friont en lai poûetche di poiye. L’ paichteur Gonseth nôs c’maindé d’ se tus r’trovaie en lai bacquèe-fifratte. Li, tus ensoinne, nôs réchitainnes ïn entie tchaip’lat, d’vaint de r’trovaie nôs yés… ! J-M. Moine

Le chapelet

Vous savez tous qu’en 1951, c’était le cent cinquantième anniversaire de la Confédération helvétique. Pour fêter cela, l’école cantonale de Porrentruy avait organisé un voyage, pour toute l’école, au Rütli. Ainsi, nous partîmes tous ensemble le matin, maîtres et élèves, de Porrentruy, avec le train jusqu’à Brunnen. Nous traversâmes le lac avec un bateau, et, à pied, nous montâmes jusqu’à la prairie du Rütli. Là, autour d’un drapeau rouge à croix blanche, nous entendîmes notre maître Victor Erard nous rappeler ce qui s’était passé dans cette prairie du Rütli. Puis, tous ensemble, à la demande du pasteur Gonseth et de l’abbé Aubry, nous priâmes pour remercier Dieu et le supplier de protéger encore longtemps notre pays. La cérémonie s’acheva au Rütli, après que nous eussions chanté l’hymne national. De là, les classes partirent un peu dans toutes les directions. Accompagnés par Messieurs Erard et Gonseth, notre classe visita plus d’un site connu. Partout, ces deux Messieurs nous enchan-tèrent par leurs explications qu’ils surent mettre à notre niveau d’écolier. La statue et la chapelle de Guillaume Tell nous ramenèrent aussi bien à la belle légende à laquelle nous tenions tant, qu’à l’opéra de Rossini et à la tragédie de Schiller qu’ils avaient inspirés. A Schwyz, ils nous firent comprendre l’importance des archives pour l’histoire de la Confédération, notamment le Pacte fédéral de 1291. Ils n’oublièrent pas de nous rappeler que le nom allemand de Goldau a sa traduction patoise : Dérabye. Ceci depuis 1806, quand la montagne est tombée sur cette ville et l’a détruite. Il y eut encore la visite de l’étroit défilé de Morgarten, où en 1315, nos Confédérés ont battu les Autrichiens. Là, les troupes françaises remirent cela deux fois contre les Autrichiens en 1797 et en 1798 [sous Napoléon]… Nous passâmes une nuit dans une auberge de jeunesse. Mais, le soir, nous étions tellement excités par le si beau jour que nous avions vécu, que nous n’avions pas pu nous endormir. Tout d’un coup, ce fut une bataille générale de coussins avec le chahut qui l’accompagne. Tout le monde y allait de bon cœur, quand on frappa à la porte. Le pasteur Gonseth nous commanda de nous retrouver tous au réfectoire. Là, tous ensemble, nous récitâmes un chapelet entier, avant de retrouver nos lits… !