Publié : 30 septembre 2016

La demande en mariage

Lai d’mainde en mairiaidge

Bernard Chapuis

Paru dans le Quotidien Jurassien du 30 septembre 2016

Lai d’mainde en mairiaidge

- Bïn l’ bondjoué, Pére Colas. I seus v’ni vôs d’maindaie s’ vôs v’lèz m’ bèyie ènne de vos féyes. - Dis-me laiquélle qu’ te veus des dous. Lai p’téte ou bï lai grante ? - Lai grante ât manierèe. Lai p’téte ât pus sïmpye. Èlle ât grâchiouse, èlle ât aimâbye daivô tot l’monde, èlle sait t’ni ïn ménaidge. - T’és l’air de bïn la coégnâtre. Poétchaint, te n’és p’ veni bïn svent â lôvre. I yi bèy’rai cent étius. Ran d’pus. - Èlle é bïn ïn trossé. - Po l’ trossé, èlle se chiqu’ré daivô sai mére. Ç’ât ènne aiffére de fanne. Èt peus toi, l’aimoérou, qu’ât-ce que te peus yi eûffri ? - Ènne vaitche po l’ laicé, des dgerènnes po les ûes, èt chutot mes deux brais èt mai djûenaince. - Éh bïn dïnche, nôs sons tyittes. Pe d’ paipie ne d’ taboéyon. Nôs n’ains p’ fâte que di tiurie. Vai l’ trovaie po pubyaie les bans. - Aidonc, Pére Colas, vôs m’ sannèz d’aiccoûe. - Mai djûene baîchatte s’ré tai fanne. Dûe vôs b’nâche ! Qu’ vôs feuchïns hèy’rous tos les dous. I vôs soite ènne rotte d’afaints. Vïns en lai lôvre taint qu’ te veus, mains d’moére saidge djuqu’en lai nace. È n’ fât p’ botaie lai tchairrue d’vaint les bûes. - En vôs r’méçhiaint, Pére Colas. - En voili ènne de casèe. Lai grante, s’èlle ne trove pe d’ paitchi, i lai bott’raî â covent. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

La demande en mariage

-- Bien le bonjour, Père Colas. Je suis venu vous demander si vous voulez m’accorder une de vos filles. -- Dis-moi laquelle tu veux des deux. La petite ou la grande ? -- La grande est maniérée. La petite est plus simple. Elle est gracieuse, elle est aimable avec tout le monde, elle sait tenir un ménage. -- Tu as l’air de bien la connaître. Pourtant, tu n’es pas venu si souvent à la veillée. Je lui donnerai cent écus, rien de plus. -- Mais elle a son trousseau. -- Pour le trousseau, elle s’arrangera avec sa mère. C’est une affaire de femme. Et toi, l’amoureux, qu’est-ce que tu peux lui offrir ? -- Une vache pour le lait, des poules pour les œufs, et surtout mes deux bras et ma jeunesse. -- Eh bien, comme ça, nous sommes quittes. Pas de paperasse ni de notaire. Nous n’avons besoin que du curé. Va le trouver pour qu’il publie les bans. -- Alors, Père Colas, vous consentez. -- Ma fille cadette sera ta femme. Que Dieu vous bénisse ! Soyez heureux tous les deux ! Je vous souhaite beaucoup d’enfants. Viens à la veillée aussi souvent que tu veux. Mais abstiens-toi jusqu’à la noce. Il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs. -- Je vous remercie, Père Colas. -- En voilà une de casée. Quant à la grande, si elle ne trouve pas chaussure à son pied, je la mettrai au couvent. ---- La chronique patoise du QJ en direct :