Publié : 29 janvier 2016

Elle fait sa mauvaise tête

Èlle boque

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ, le 29 janvier 2016

Èlle boque

{Tiaind qu’èlle s’engraingne contre son Gustave, lai Dgermainne, peut moérnaie des djoués. Èlle ne dit pus ïn mot. Lo Gustave é bé yi adressie lai pairôle, èlle n’ yi répond pe. Djâse en mon tiu, Gustave, lai téte n’en veut pus. Ci Gustave, ç’ât ïn bon bogre. Él é di mâ d’ suppoétchaie ses grantes beûjeun’ries. « Çoli n’ peut p’ durie dïnche, Dgermainne, embraichans-nôs. » Po tote réponche, lai fanne yi tire lai laindye. Èlle ne djâse pus qu’â côp de biats qu’èlle botte en boénne piaice ch’ lai tâle. « Le raîçh’tçhué veut péssaie adj’d’heû. Léche lai poûetche di tchâffaidge euvie. » Lo Gustave é t’aivu opérè è Baîle. È dait r’toénaie po ènne visite. Nové biat : « Èls aint téléphonè d’ l’hôpitâ. Ès poéyant t’ pâre demain en lai d’mé des nûef. » - I n’veus p’ allaie è Baîle en dyïmbarde. I aî moyou temps d’allaie en train. Fanne, toi qu’ te t’yeves aidé en lai pityatte di djoué, révoiye-me és chés, qu’i euche le temps d’ me raisaie èt peus de dédjûenaie d’vaint que d’ rittaie en lai gare. Lo Gustave, ç’ât ïn dremou. Tiaind qu’èl euvre les oeuy’s, é soènne les sept â cieutchie. « Çte crevure ! Èll’ l’é fait échqueprès ! » Dôs ses breliçhes, lo Gustave trove ïn biat graiy’nè poi lai Germainne : « Yeve-te, peuri, èl ât les chés. »} {moérnaie}, faire la tête {beûjeun’rie}, bouderie {en lai d’mé des nef,} à huit heures et demie ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Elle fait sa mauvaise tête

Quand elle se met en colère contre son mari, Germaine peut faire la tête durant des jours. Elle ne dit plus un mot. Gustave a beau lui adresser la parole, elle ne lui répond pas. Parle à mon cul, Gustave, la tête n’en veut plus. Gustave est un bon bougre. Il a du mal à supporter sa mauvaise humeur. « Ça ne peut pas durer comme ça, Germaine, embrassons-nous ! » Pour toute réponse, sa femme lui tire la langue. Elle ne parle plus qu’à coups de billets qu’elle dépose bien en vue sur la table. « Le ramoneur passera aujourd’hui. Laisse la porte du chauffage ouverte. » Gustave a subi une opération à Bâle. Il doit y retourner pour une visite. Nouveau billet : « Ils ont téléphoné de l’hôpital. Ils peuvent te prendre demain à huit heures. » - Je ne veux pas aller à Bâle en voiture. J’ai meilleur temps de m’y rendre en train. Germaine, toi qui te lèves toujours très tôt, réveille-moi à six heures, que j’aie le temps de me raser et de déjeuner avant de courir à la gare. Gustave est un dormeur. Quand il ouvre les yeux, il sonne sept heures au clocher de l’église. « La chipie, elle l’a fait exprès ! » Sous ses lunettes, Gustave trouve un papier sur lequel Germaine a griffonné : « Lève-toi, paresseux, il est six heures. » La chronique patoise du QJ en direct :