Par : LJF
Publié : 3 janvier 2009

Que dit-il ?

Une fôle du Vadais, Jean Christe

Beaucoup d’histoires drôles tournent autour d’un personnage important, le curé du village. le Vadais, alias Jean Christe, nous raconte une fôle savoureuse dite par Nicole Bindy, de Vermes.
{{Que dit-é ?}} paru dans Le Coin du Patois
Que dit-il ? patois enregistré par Nicole Bindy
Que dit-il ? patois enregistré par Nicole Bindy

Que dit-é ?

{{ Une fôle du Vadais}} {dite par Nicole Bindy, de Vermes. Enregistrement du 2 novembre 2008.} Le môment à vni de préparaie son hôtâ po l’heûvé. E fâ nantayie les tieurtis, raiméssaie les pommattes, rentraie les tchôs. fendre le bas et l’entaichi. E fâ rvirie lai térre en grosses mottes po que le dgeal venieuche à bout des bétattes que se coitchant dedains. Ç’â aijbïn le temps de raicmôdaie les dolaiges. E fâ rpiaintaie des pitiats que ce sont écroulaies. E fâ rcioulaie les fies d’airtchâ que les gamins ou les bêtes aint rontus. Ce traivail â bon aijbïn po cés que ne sont pe aivégies de le faire. Po les régents, po les tiuries, çoli les tchaindge în pô des livres dains lesquèls è sont aidé coitchis. Bïn chur, çoli ne vait pe che vite que tiaint ç’â ïn tchaipu ou ïn paysain que le fait. Mains çoli se fait quand mainme. Et pe, d’étre â bon soreye di Bon Düe, çoli va âtye ! Le pus du, ce n’â pe inco de rcioulaie les fies d’airtchâ, mains ç’â de rtrovaie les utils : le mairté, les étenailles, les ciôs. Çoli vait djé ïn bon bout de temps. Aiprés, en s’y’ bote aivô coraidge. L’âtre djo, notre tiurie était en train de traivaillie dains son ciô. E l’aivait des lavons è cioulaie. E l’était tot de pèrlu po faire ci traivail. Voili le ptés Riquet, le bouebe des végïns que s’aippeurche et que dmainde : - E fâ vos édie. Môssieu le tiurie ? - S’te veux, Riquet. Tîns ci lavon di temps qu’i le cioule tchu le pitiat. Tote lai vâpraie, le ptét Riquet, que n’é pe inco sept ans, é édie son tiurie. E l’aint djâsaie de tot et de ran et tiaint vnié l’houre de faire les quaitre, voili le tiurie que dit : - Mitnaint, nos vlans ïn pô râtaie. Vins en lai tiure, lai dmoiselle te béyeré âtye. E s’en vaint en lai tiure et le tiurie dit : - Anna, bèyites-voi ènne tartine et di sirop en ci ptét. E m’é édie djunqu’aidon. - Ah ! die lai dmoiselle, t’és édie en Môssieu le tiurie ? Ç’a bïn çoli. T’ainmes dïnche bïn traivaillie tchi les dgens ? - Oh .’ dé, nannî, Madmoiselle, ce n’a pe po çoli. - Ah ! diènnent en lai .fois le tiurie et lai dmoiselle, poquoi dâli és-te dmoraie tote lai vâpraie è édie et è révisaie traivaillie ? - Eh bïn, voili, Môssieu le tiurie, i vorôs bïn savoi ço qu’è dit ïn tiurie tiaint è se fri tchu les doigts aitvô le mairté, poche que mon père, oh ! la, la ! {Le Vadais} ---- Le texte {{Que dit-il ?}} en pdf :
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Que dit-il ?

Le moment est venu de préparer sa maison pour l’hiver. Il faut nettoyer les jardins, ramasser les pommes de terre, rentrer les choux, le bois et l’entasser. Il faut retourner la terre en grosses mottes pour que le gel vienne à bout des bestioles qui se cachent dedans. C’est aussi le temps de réparer les clôtures. Il faut replanter les piquets qui se sont écroulés. Il faut reclouer les fils de fer que les gamins ou les bêtes ont cassé. Ce travail est bon, aussi pour ceux qui ne sont pas habitués à le faire. Pour les instituteurs, les curés, cela les change un peu des livres dans lesquels ils sont toujours cachés. Bien sûr que cela ne va pas si vite que quand c’est un paysan ou un menuisier qui le fait. Mais cela se fait quand même. Et puis d’être au bon soleil du Bon Dieu, ça vaut quelque chose ! Le plus dur ce n’est pas de clouer les fils de fer, mais de retrouver les outils ; le marteau, les tenailles, les clous. Ça va déjà un bon bout de temps. Après on s’y met avec courage. L’autre jour, notre curé était en train de travailler dans son verger. Il avait des planches à clouer. Il était tout seul pour faire ce travail. Voilà le petit Riquet, le garçon des voisins qui s’approche et qui demande : - Il faut vous vous aider Monsieur le curé ? - Si tu veux Riquet. Tiens cette planche pendant que je la cloue sur ce piquet. Tout l’après-midi, le petit Riquet, qui n’avait pas encore sept ans, a aidé son curé. Ils ont parlé de tout et de rien et, quand vint l’heure de faire les quatre-heures, voilà le curé qui dit : - Maintenant, nous voulons un peu arrêter. Viens à la cure, la demoiselle te donnera quelque chose. Ils s’en vont à la cure et le curé dit : - Anna, donnez voir une tartine et du sirop à ce petit, il m’a aidé jusqu’à maintenant. -Ah ! dit la demoiselle, tu as aidé à Monsieur le curé. C’est bien cela. Tu aimes comme ça bien travailler chez les gens ? - Oh ! non, Mademoiselle, ce n’est pas pour cela. -Ah ! dirent ensemble le curé et la demoiselle. Pourquoi es-tu resté tout l’après-midi à aider et à regarder travailler ? - Eh bien voilà, Monsieur le curé, je voudrais bien savoir ce que dit un curé quand il se frappe sur les doigts avec le marteau, parce que mon papa, oh, la, la ! {Histoire du Vadais} {Traduction : Nicole Bindy Vermes }