Paru dans
LQJ du 13 février 2015
Ènne coéyenatte di véye temps
Dans la Croix Fédérale du 19 septembre 1912, Jules Surdez signe cette facétie en patois de la Montagne :
E y é bïntôt cent ans, mon papon allaie en l’écôle ai Calabri vés ïn véye régent boétou, bâne, et poéyaint ai poinne comptaie djunque ai vingt. Lai moitie di temps ai raiyuaie des véyes paraplues ou bïn raifistolaie de véyes tiaisses.
In djoé qu’èl aivaie predju inne batz (inne batz vayait ai pô prés trâs sous), ïn djoé dïnche qu’èl aivaie predju inne batz vés lai mâjon d’écôle, mon papon vnié è péssaie. C’était dains ci temps-li ïn boueba d’inne dozainne d’annaies.
Le maître l’aippelé ai peux y dié :
«
Dis donc, petét craipâd, vïns vouere ci
! Y n’aivôs pus ran qu’inne batz po boire lai gotte, nom d’inne pipe
! Ât-ce qu’y n’aie pon predju
! ... Vïns m’édie è lai retieuri.
- Ç’ât qu’y n’ais voire le temps, maître.
- Oh
! Te n’y veux ran piedre, boueba. Se te retroves mai batz, te me lai rebeillerés, mains se te ne lai retroves pon, te poérrés lai voidjaie
!
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Une plaisanterie du temps passé
Dans la Croix Fédérale du 19 septembre 1912, Jules Surdez signe cette facétie en patois de la Montagne :
Il y a bientôt cent ans, mon aïeul allait à l’école à Calabri chez un vieil instituteur boiteux, borgne, et qui pouvait à peine compter jusqu’à vingt. La moitié du temps il raccommodait de vieux parapluies ou rafistolait de vieilles casseroles.
Un jour qu’il avait perdu un batz (un batz valait à peu près trois sous), un jour donc qu’il avait perdu un batz près de la maison d’école, mon aïeul vint à passer. C’était en ce temps-là un garçon d’une douzaine d’années.
Le maître l’appela et lui dit :
«
Dis donc, petit crapaud, viens donc ici
! Je n’avais plus qu’un batz pour boire la goutte, nom d’une pipe
! Est-ce que je ne l’ai pas perdu
! Viens m’aider à le chercher.
- C’est que je n’ai guère le temps, maître.
- Oh
! Tu n’y perdras rien, garçon. Si tu retrouves mon batz, tu me le rendras, mais si tu ne le retrouves pas, tu pourras le garder
!
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La chronique patoise du
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