Publié : 6 février 2015

L’aiv’ni en noi

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 6 février 2015

L’aiv’ni en noi

En lai féte de Dèlle, Daime Ermina, voiyainte, aittend les clients que n’se bochtiulant pe. Ç’ât qu’lai conchultation cote cïntçhe véyes francs, ènne somme en ç’temps-li. Ïn djûene hanne que tïnt poi lai main sai fiaincie s’râte devaint l’enseigne. Poi lai poûetche entreûvie, lai tirouje de câtches le voit . « Çoli vôs intéresse de coégnâtre vot’aivni ? » C’ment qu’èlle le sent vâkyou, èlle porcheut : - Çoli ne dairait p’étre ènne quèchtion d’sous. Po vôs, i l’fait grachiouj’ment. Lai piece ât enfemèe d’encens. Chus ènne petète tâle, è y é des câtches, ènne bôle de cristal, ènne tchvatte empaiyie. - I vois ènne fanne dains vot’vie. - Bïn chûr. Ç’ât mai fiaincie. Nôs se vlans mairiaie è Paîtçhe. - I vôs soite le moiyou. Mit’naint, tiries ènne câtche. Oh, lala, ç’ât di noi, di pitye ! Èt peus le vâlat encoé. Vôs vlèz sôbi ïn grôs l’aiccreû. Vôs piedrez de l’airdgent. Èlle l’aimuse dïnche ïn bon bout d’temps dvaint que d’le léchie paitchi.Tiaind qu’è veut eûffri ïn toé ch’lés manéges en sai bionde, è sent que sai baigatte ât veude. - Mai boéche ! An m’é pris mai boéche ! Mes câtches de crédit ! Èlle me l’aivait bïn dit qu’i predjrôs d’l’airdgent. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

L’avenir en noir

A la fête de Delle, Madame Hermine, voyante, attend les clients qui ne se bousculent pas. Car la consultation coûte cinq anciens francs, une somme en ce temps-là. Un jeune homme qui tient par la main sa fiancée s’arrête devant l’enseigne. Par la porte entrouverte, la tireuse de cartes le voit . « Ça vous intéresse de connaître votre avenir ? » Comme elle le sent hésitant, elle poursuit : - Cela ne devrait pas être une question d’argent. Pour vous, c’est gratuit.. La pièce est enfumée d’encens. Sur une petite table, il y a des cartes, une boule de cristal, une chouette empaillée. - Je vois une femme dans votre vie. - Bien sûr. C’est ma fiancée. Nous nous marierons à Pâques. - Je vous souhaite le meilleur. Maintenant, tirez une carte. Oh, lala, c’est du noir, du pique ! Et le valet en plus. Vous allez subir une grande perte. Vous perdrez de l’argent. Elle l’amuse ainsi un certain temps avant de le laisser partir.Quand il veut offrir un tour sur manèges à sa bonne amie, il sent que sa poche est vide. - Ma bourse ! On m’a pris ma bourse ! Mes cartes de crédit ! Elle me l’avait bien dit que je perdrais de l’argent. ---- La chronique patoise du QJ en direct :