Par : Fleury LJ
Publié : 5 décembre 2014

Saint Nicolas au temps passé

Sïnt Nicolas

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 5 décembre 2014

Sïnt Nicolas

{An soènne en lai poûetche. - Entrèz, sïnt Nicolas, dit lai mére. V’nis vôs rétchâdaie ! Vôs èz ôjè paitchi poi ci croûye temps ?  - È fât bïn, les afaints m’aittendant. Ât-c’qu’ès sont aivu saidges ? Pe aidé, qu’è m’sanne, d’aiprés ço qu’i vois dains mon grant yivre. Vôs saites, les ptèts, tot y ât maîrtçhè, totes vos fredoéyes. Toi, Bregnaid, te râtrés d’airguess’naie tai soeur èt peus d’yi tyirie lai tchouppe. Èt peus toi, baîch’natte, è n’te fât pus pûeraie po ïn ran. S’è veut r’cidre son crôma, Bregnaid dait dire le poéme qu’èl é aippris en l’écôle des soeurs. Las moi, èl é tot rébiè. Ç’ât l’grand veûd. È n’en sait pus l’premie mot. - Dis voûere â moins tai prayiere. Èl épreuve d’aivô bïn di mâ. Les crômas sont tot simpyes, des orainges, des mandairines, des nouches, des pistaches, quéques pammes. « Les meinmes que cées d’not’ voirdgie », eurmaitçhe Bregnaid qu’é r’trovè son çhori. Èl é encoé drèt en ïn béblat en bôs, ïn tchait ès rolattes qu’an tire d’avô ènne chnouere. Éliane, sai soeuratte, eurcit ènne pop’natte. Tiannatte, lai grante soeur que n’crait pus en sïnt Nicolas, é bïn r’coégnu l’véjïn drie lai biantche bairbe mains èlle se coidge.} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Saint Nicolas

On sonne à la porte. - Entrez, saint Nicolas, dit la mère. Venez vous réchauffer ! Vous avez osé partir par ce mauvais temps ?  - Il faut bien, les enfants m’attendent. Ont-ils été sages ? Pas toujours, me semble-t-il, si j’en crois mon grand livre. Vous savez, les petits, tout y est consigné, toutes vos fredaines. Toi, Bernard, tu cesseras de chicaner ta soeur et de lui tirer les cheveux. Et toi, fillette, tu ne dois pas pleurer pour un rien. S’il veut recevoir son cadeau, Bernard doit réciter le poème qu’il a appris à l’école enfantine chez les soeurs. Hélas, ill a tout oublié. C’est le grand vide. Il n’en sait plus le premier mot. - Dis au moins ta prière. Il essaye avec difficulté. Les cadeaux sont très simples, des oranges, des mandarines, des noix, des pistaches, quelques pommes. « Les mêmes que celles de notre verger », observe Bernard qui a retrouvé son sourire. Il a encore droit à un jouet en bois, un chat à roulettes tiré par une ficelle. Éliane, sa petite soeur, reçoit une poupée. Etiennette, l’aînée, qui ne croit plus en saint Nicolas, a bien reconnu le voisin derrière la barbe blanche, mans elle se tait. ---- La chronique patoise du QJ en direct :