Paru dans
LQJ du 25 juillet 2014
{
Engonçhèes
}
{Çt’ Hortense é fait ïn tot rètche mairiaidge. Son hanne ât paitron d’ènne faibritçhe de môtres èt èl é dous cents ôvries dôs ses oûedres. Ç’ât ïn hanne tot sïmpye. Ses ôvries l’ainmaint bïn èt peus l’ réchpèctant.
Mains l’Hortense, ç’ât ènne bagonçhèe. Èlle ât bradyouse cment ïn môtretiu. Lai piaice de son hanne èt peus sai foûetchune yi sont montèes en lai téte. Ès vétçhant dains ènne mâjon qu’an dirait ïn tchété. Èlle é ïn vâlat que condut sai dyïmbarde èt peus que s’occupe di tieutchi laivou qu’è n’y é quasiment qu’ dés çhoés. Èlle é âchi ènne p’tète boènne, énne braîve baîchatte, des pus dévouèes. L’Hortense é tni è s’ faire aipplaie Madame. Son hanne, èlle veut qu’an yi dieuche Monsieur.
- I n’ peus pus vôs voidgeaie, qu’èlle dit ïn djoué en lai ptète boènne.
- Ât-ce qu’i peus vôs dmaindaie poquoi, Madame
?
- Poche que vôs étes épâche.
- Vôs aito, Madame.
- Mains moi, mai féye, ç’ât de Monsieur.
- Moi âchi, Madame.}
{ènne bagonçhèe} une prétentieuse
{épâche} enceinte
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Engrossées
Hortense a fait un très riche mariage. Son mari dirige une fabrique de montres et il a deux cents ouvriers sous ses ordres. C’est un homme tout simple. Ses ouvriers l’aiment bien et le respectent.
Mais Hortense est une prétentieuse. Elle est vaniteuse comme un paon. La situation de son mari et sa fortune lui sont montées à la tête. Ils habitent un château. Elle a un domestique qui conduit sa voiture et qui s’occupe du jardin où il n’y a pratiquement que des fleurs. Elle a aussi à son service une petite bonne, une brave fille des plus dévouées. Hortense a tenu à se faire appeler Madame. Elle veut qu’on dise Monsieur à son mari.
- Je ne peux plus vous garder, dit-elle un jour à la petite bonne.
- Est-ce que je peux vous demander pourquoi, Madame
?
- Parce que vous êtes enceinte.
- Vous aussi, Madame.
- Mais moi, ma fille, c’est de Monsieur.
- Moi aussi, Madame.
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La chronique patoise du
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