Par : Fleury LJ
Publié : 28 juin 2014

De sacrés ouvriers

Des sacrés maingnies

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 20 juin 2014

Des sacrés maingnies

{C’était l’ temps d’ lai foénaijon. An soiyait encoé en lai fâ. Çoli poéyait durie dous è trâs snainnes, çoli dépendait d’ lai pieudge, di sraye èt peus des oeuvries. Lai vaye, le brut d’lai fâ qu’an entchaipyait chus l’ençainne résounait dains l’ crât. En lai pitçhatte di djoué, an s’ botait è soiyie les prés encoé tot môs d’ rosèe. Peus è faiyait étendre l’hierbe po lai léchi sâtchi â sraye. Ci Grôs d’lai Hâde avait fâte de brament d’oeûvries po lai foénaijon. Èl aivait embâtchie dous trimardous que n’aivïnt ran è fotre èt peus é les aivait envies soiyie ïn pt’ét câre â yûe-dit Dôs les Tcheinnes. Atoé des heûtes, è s’en vait voûere ç’ que faint sés dous bôgres. È trove le premie coutchie en l’ombre d’ïn coudrie, son sai â long d’ lu. - Mains toi, ï t’ai engaidgi po soiyie. Qu’ât-ce te fais ? - Ran, vôs voites. - Èt peus ton caim’rade ?. - È m’aide.} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

De sacrés ouvriers

C’était le temps de la fenaison. On fauchait encore à la faux. Cela pouvait durer deux à trois semaines, cela dépendait de la pluie, du soleil et des ouvriers. La veille, le bruit de la faux qu’on battait sur l’enclume se répercutait sur la colline. Dès la pointe du jour, on se mettait à faucher les prés encore trempés de rosée. Ensuite, il fallait étendre l’herbe afin qu’elle sèche au soleil. Celui qu’on surnommait le Gros de la Hâde avait besoin de beaucoup d’ouvriers pour la fenaison. Il aivait embauché deux trimardeurs désoeuvrés et les aivait envoyés faucher une bande de pré au lieu-dit Derrière les Chênes. Vers les huit heures du matin, il s’en va voir ce que font ses deux lascars. Il trouve le premier couché à l’ombre d’un noisetier, son sac à côté de lui. - Dis donc, toi, je t’ai engagé pour faucher. Qu’est-ce que tu fais ? - Rien, comme vous voyez. - Et ton camarade ? - Il m’aide. ---- La chronique patoise du QJ en direct :