Par : Fleury LJ
Publié : 3 mars 2014

Les rabat-joie

Les piaîngnous

Jean-Marie Moine

Paru dans Arc Hebdo le 20 février 2014

Les piaîngnous

L’ diridgeou d’ lai normâ l’ écôle de Poérreintru nôs djâsait bïn s’vent des piaîgnous d’ chynôde. È nôs r’contait qu’ tiaind qu’ èl allait en ces ainn’lâs séainches, les raicodjaires péssïnt lai pus grante paitchie di temps è s’ piaîndre de tot pe d’ ran. È trovait qu’ les régents f’rïnt meu d’ se d’maindaie c’ment qu’ès poérïnt faire po ïnchtrure aidé meu yôs éyeuves. I peus vôs dire que tiaind qu’ nôs étïns djûenes raicodjaires, ç’ n’ ât p’ nôs, les djûenes, que djâsïns â chynôde. Nôs aivïns prou è ôyi djâsaie nôs pus aîdgies régents qu’ aivïnt taint è nôs aippâre… ! Ç’ qu’ ât chur, ç’ ât qu’ ès s’ piaîngnïns bïn s’vent. Mains, è n’ y é p’ ran qu’ â chynôde qu’ è y é des piaîngnous. I coégnâs dous djûenes hannes, ci Djeain pe ci Robèrt. L’premie vïnt d’ l’ Aîdjoûe, le ch’cond était Taignon mains vétçhe mit’naint è Sïnt-Émie. Èls aint mairiè doûes neûtchét’louses soeûrs, lai Dyitte pe lai Mairie. Ès se r’trovant rèdyuyierment tchie l’ un obïn tchie l’ âtre. Tchétçhe côp, ç’ ât lai meinme tchôse. Ci Djeain pe ci Robèrt djâsant d’ lai polititçhe â poiye, di temps qu’ les fannes baidg’lant en lai tieujainne en aiyuaint l’ dénè. Tot y pésse. Les auto-ritès d’ Lai Tchâ-d’ Fonds aint voulè, è Bonfô, l’ yûe d’ orine de ci Louis Chevrolet ; po ènne vèlle qu’ fait paitchie d’ l’Unesco, ç’ ât hontou. Pol ’aiffaire d’ ci Legris, an airait daivu fotre defeus tot l’ consaye d’ lai vèlle. Les vôtes di mére de Poérreintru, ç’ ât ïn chcandale. Tiaind qu’ ès ‘n’ airrivant â jurassien probyème, ès s’ étchâdant, les dous, c’ment qu’ des pous qu’ se baittant ; ès v’lans les dous aivoi réjon, l’un ât ïn teûné, l’ âtre ïn boqué. En ç’ que toutche â d’rie vôte di 24 de nôvembre 2013, ç’ ât les fannes qu’ les aint poéyu, po ïn côp, botaie d’aiccoûe. Ç’te Dyitte pe lai Mairie aint tot comptant compris qu’ les tchaiponnichtes miyitaints (militants propagandistes) di Jura nord ne v’lïnt p’ eur’coégnâtre qu’ ès s’ gonçhïnt mit’naint d’ordieû poch’qu’ ès craiyïnt qu’ èls aivïnt tot fait, tot grôtè… Ces di sud eur’fujïnt de r’coégnâtre qu’ èls étïnt dev’ni des enroûetchès Biernois, pe qu’ èls étïnt hontous d’ dire qu’ ès ne v’lïnt pus dj’mais ôyi djâsaie di nom « JURA ». En ïn mot : c’ était tus des mentous. Les doûes fannes aint bïn épreuvè d’ empâtchie yôs hannes de bèyie ïn tâ croûeye éjempye en yôs afaints. Ran n’ y f’sé. Dains ïn câre di poiye, tchétçhe afaint se seingnole gouïchtement, en djuaint daivô ènne nim’rique tâbiatte. Échpérans que ç’te djûenenche veut saivoi r’bèyie sai daingn’tè en note petét paiyis ! { J-M. Moine}

Les rabat-joie

Le directeur de l’école normale de Porrentruy nous parlait souvent des rabat-joie de synode. Il nous racontait que lorsqu’il allait à ces séances annuelles, les instituteurs passaient le plus grand de leur temps à se plaindre de tout et de rien. Il trouvait que les « régents » feraient mieux de se demander comment ils pourraient faire pour instruire toujours mieux leurs élèves. Je peux vous dire que quand nous étions jeunes instituteurs, ce n’est pas nous, les jeunes, qui parlions au synode. Nous avions assez à écouter nos instituteurs plus âgés qui avaient tant à nous apprendre… ! Ce qui est certain, c’est qu’ils se plaignaient souvent. Mais il n’y a pas qu’au synode qu’il y a des rabat-joie. Je connais deux jeunes hommes, Jean et Robert. Le premier vient d’Ajoie, le second était Franc-Montagnard mais vit maintenant à Saint-Imier. Ils ont épousé deux sœurs neuchâteloi-ses, Marguerite et Marie. Ils se retrouvent régulièrement chez l’un ou chez l’autre. Chaque fois c’est la même chose. Jean et Robert parlent de la politique dans la chambre de séjour, pendant que les femmes bavardent à la cuisine en préparant le dîner. Tout y passe. Les auto-rités de La Chaux-de-Fonds ont volé, à Bonfol, le lieu d’origine de Louis Chevrolet ; pour une ville qui fait partie de l’Unesco, c’est honteux. Pour l’affaire Legrix…, on aurait dû flanquer dehors tout le conseil de la ville. L’élection du maire de Porrentruy, c’est un scandale. Quand ils en arrivent au problème jurassien, ils s’échauffent, les deux, comme des coqs qui se battent ; ils veulent avoir raison les deux, l’un est un têtu, l’autre un borné. En ce qui concerne le dernier vote du 24 novembre 2013, ce sont les femmes qui ont pu, pour une fois, les mettre d’accord. Marguerite et Marie ont tout de suite compris que les militants propagandistes du Jura nord ne voulaient pas reconnaître qu’ils se gonflaient maintenant d’orgueil parce qu’ils croyaient qu’ils avaient tout fait, tout réussi… Ceux du sud refusaient de reconnaître qu’ils étaient devenus des Bernois assujettis, et qu’ils étaient honteux de dire qu’ils ne voulaient plus jamais entendre parler du nom « JURA ». En un mot : c’était tous des menteurs. Les deux femmes ont bien essayé d’empêcher leurs maris de donner un tel mauvais exemple à leurs enfants. Rien n’y fit. Dans un coin de la chambre, chaque enfant s’isole égoïstement, en jouant avec une tablette numérique. Espérons que cette jeunesse saura redonner sa dignité à notre petit pays ! {J-M. Moine}