Par : Fleury LJ
Publié : 17 décembre 2012

L’humour du vétérinaire, novembre 2009

Jean-Marie Moine

Paru dans Arc Hebdo, novembre 2009

L’ humoé di vét’rinaire

Les rieres-grants-pairents di Dodlé étïnt v’ni r’pâre ènne p’téte fèrme dains ïn v’laidge d’ Aîdjoûe. Ses grants-pairents, pe son pére, ci Tènât, aivïnt aitch’tè quéques tchaimps d’ pus, che bïn qu’ lai famille poéyait mit’naint vétçhie è pô prés d’aidroit d’ yote p’tét bïn. Ès n’aivïnt ran qu’ ïn tchvâ, cïntçhe vaitches, quaitre poûes, quéques laipïns pe des dg’rainnes. Lai fanne di Tènât péssait lai pus grôsse paitchie d’ ses djoénèes dains son eutche qu’ yi bèyait quâsi tos les lédiunmes qu’ è fayait po les dénèes pe po les moirandes. L’ Dodlé édait â meu ses pairents. C’ était lu qu’ soûetchait le f’mie d’ l’ étâle, que f’sait bé, pe qu’ bèyait è maindgie és grôsses bétes. Èl ainmait chutôt étre d’aivô yote pus véye vaitche, ç’te Flora qu’ aivait lai drète écoûene que r’veniait en d’rie djainque d’vaint son eûye. Mon Dûe, qu’ è s’ poéyait aimujaie d’ aivô lée. Ïn bé djoué, lai Flora tchoyé malaite pe, dâs quéque temps, èlle d’moérait tot d’ pai lée en l’ étâle. L’ Tènât laividjâsé en ïn vét’rinaire de Poérreintru, pe y’ éch’pyitçhé qu’ sai vaitche ne maindgeait pus brâment, qu’ èlle raindgeait daidroit, mains qu’ èlle tchiait c’ment qu’ èlle pichait  ! L’ Tènât n’ était p’ li tiaind qu’ le vét’rinaire Boinay airrivé. Tot comptant, l’ Dodlé yi dié qu’ è v’lait bïn y’ édie è voiri sai Flora. L’ vét’rinaire coégnéchait bïn ç’te béte. Èl èc’mencé poi yïnmaie tot bâl’ment sai drète écoûene. Pe èl ésâm’né lai béte dains totes les sens. È s’ boté d’rie lai Flora pe è dié â Dodlé d’tirie lai laindye d’ lai béte po y’ eûvie lai goûerdge pe d’ raivoétie ch’ è voiyait l’ vét’rinaire d’ l’ âtre sen. « Nian, i n’ vôs vois p’  ! » qu’ dié l’ afaint. Dâli, tai Flora ât chur’ment chtopf, qu’ eurpregné l’ vét’rinaire. Aittentes, i veus encoé raivoétie ïn côp. È poinne l’ vét’rinaire aivait soy’vè lai quoûe d’ lai vaitche, que ç’té-ci s’ boté è trissie. « È bïn ci côp èlle ât déchtopf   » qu’ breûyé l’ Dodlé en sâtaint d’ djoûe. « Ch’ te veus, an peut dïnche dire, mains è fât tot d’ meinme qu’ i bèyeuche ïn côp de s’rïndye en tai Flora  » qu’ eurpregné l’ Boinay. L’ afaint viré sai téte d’ ènne sen en diaint  : « I aî pavou qu’ vôs f’seuchïns mâ en mai Flora   ». È bïn Dodlé, béche tai tiulatte  ! I veus épreuvaie chus toi. Dïnche t’ veus voûere che çoli fait mâ. L’ afaint s’ sâvé en diaint « Nian, nian, nian, pe en moi   ». Aiprés dous, trâs djoués, lai Flora feut voiri. J-M. Moine

L’humour du vétérinaire

Les arrière-grands-parents de Joseph étaient venus reprendre une petite ferme dans un village d’Ajoie. Ses grands-parents, puis son père Etienne, avaient acheté quelques champs en plus, si bien que la famille pouvait maintenant vivre à peu près correctement de leur petit bien. Ils n’avaient qu’un cheval, cinq vaches, quatre cochons, quelques lapins et des poules. La femme d’Etienne passait la plus grande partie de ses journées dans son ouche qui lui donnait presque tous les légumes nécessaires pour les dîners et les soupers. Joseph aidait au mieux ses parents. C’était lui qui sortait le fumier de l’étable, qui faisait la litière et qui donnait à manger aux grandes bêtes. Il aimait surtout être avec leur plus vieille vache, cette Flora qui avait la corne droite qui revenait en arrière jusque devant son œil. Mon Dieu, comme il pouvait s’amuser avec elle. Un beau jour, la Flora tomba malade et, depuis quelque temps, elle restait toute seule à l’étable. Etienne téléphona à un vétérinaire de Porrentruy, et lui expliqua que sa vache ne mangeait plus beaucoup, qu’elle ruminait correctement mais qu’elle se déchargeait le ventre des excréments comme elle pissait  ! Etienne n’était pas là quand le vétérinaire Boinay arriva. Immédiatement, Joseph lui dit qu’il allait bien l’aider à guérir sa Flora. Le vétérinaire connaissait bien cette bête. Il commença par lui limer très délicatement sa corne droite. Puis il examina très attentivement l’animal. Il se plaça derrière la Flora et dit à Joseph de tirer la langue de la bête pour lui ouvrir la gorge et de regarder s’il voyait le vétérinaire de l’autre côté. « Non, je ne vous vois pas   » dit l’enfant. Alors ta Flora est certainement engorgée, reprit le vétérinaire. Attendez, je vais encore regarder une fois. A peine le vétérinaire avait-il soulevé la queue de la vache, que celle-ci se mit à foirer. « Eh bien, cette fois-ci elle est désengorgée  ! » cria Joseph en sautant de joie. « Si tu veux, on peut dire ainsi, cependant il faut tout de même que je fasse une piqûre à ta Flora  » reprit Monsieur Boinay. L’enfant tourna sa tête de côté en disant  : « J’ai peur que vous fassiez mal à ma Flora   ». Eh bien Joseph, baisse ton pantalon  ! Je veux essayer sur toi. Ainsi tu verras si cela fait mal. L’enfant se sauva en disant « Non, non, non, pas à moi   ». Après deux, trois jours, la Flora fut guérie.