Par : Fleury LJ
Publié : 12 septembre 2012

Les sabots.

Les sabats.

Jean-Marie Moine

Les sabats.

Ch’ è y é ènne boussèe d’ l’ annèe tiaind qu’ les dgens dev’niant ïn pô fôs, ç’ât bïn les mois de djuyet pe d’ôt. An l’ peut compâre, ç’ât l’ temps des condgies. Aiprés ènne annèe d’ traivaiye, nôs Jurassiens aint tiute de vand’laie, d’ paitchi laivi. E n’ fât p’ â moins piedre ïn djoué. Dâs grant, lai dyïmbarde ât prâte, èlle ryut c’ment tote neuve â s’raye. At-ç’ que ç’te poûere béte veut â moins poéyait trïmbâlaie tot ç’ qu’ è fât  : haîyons de r’tchaindge po l’ djoué, po les soûetchies di soi, po lai neût  ? E fât âchi tos les aij’ments po maindgie chus l’ hierbe, è boire pé qu’ po ïn tchaimé qu’ veut traivoichie ïn moûe câre (désert) de sâbye. E n’ fât p’ rébiaie non pus ïn moncé d’utis (an n’ sait dj’mais ç’ que s’ peut péssaie), pe l’aitifâye de djûes po les afaints. E fât ïn vélo po l’ grôs, des paitïns po le ch’cond. L’ tchioni veut son tchait, sai soeuratte n’ veut p’ paitchi sains son tchïn  ! I m’ râte li, poch’que lai maile d’ lai dyïmbarde ât pieinne è r’bousse-meûtè, qu’ lai galerie piaiye dôs son tchairdgement. Tot â maitïn, dains l’auto, les afaints sont entéch’lès c’ment des poûechons dains yote boéte en biainc fie. E y é dj’ ïn quât d’houre qu’ an aittend lai mére. Mains, qu’ ât-ç’ qu’èlle fait  ? Enfïn, lai voili. « Cré mâtïn  » qu’èlle dit en ritaint vés l’hôtâ, i aî rébiè âtçhe  ! Lai graingne ât â pus hât, tiaind qu’èlle revïnt d’aivô dous cabas tot pieins de soulaies. L’ pére s’engraingne pe breûye  : « I échpére que t’ n’ és p’ rébiè tes sabats   ». Dûe sait b’ni, l’ tchioni s’y bote  : « Dé âye, manman, i t’ ainme taint d’ aivô tes sabats   ». Les âtres afaints s’ botant è rire, che bïn qu’ l’ oûeraidge des croûey’tès pésse outre. Vôs rôlèz mitnaint ch’ lai vie. In consaye  : tchaimpèz quéques côps ïn euye en ci Sïnt Christophe que pend en ïn câre d’ l’ auto, è n’ rébiètes pe qu’ les condgies sont li po se r’faire ènne saintè. Vôs èz âchi d’ vôs pairents que n’ sont p’ paitchis d’aivô vôs. Enne p’téte câtche yôs f’rait bïn di piaîji. Bons condgies  ! { J-M. Moine}

Les sabots.

Si au cours de l’année, il y a une époque à laquelle les gens s’affolent, c’est bien celle des mois de juillet et d’août. On peut le comprendre, c’est le temps des vacances. Après une année de travail, nos Jurassiens ont hâte de voyager, de partir au loin. Il ne faut au moins pas perdre un jour. Depuis longtemps, la voiture est prête, elle reluit comme neuve au soleil. Cette pauvre bête de somme pourra-t-elle au moins trimbaler tout ce qu’il faut  : habits de rechange pour le jour, pour les sorties, pour la nuit  ? Il faut aussi tous les ustensiles pour pique-niquer, à boire autant que pour un chameau qui va traverser un désert de sable. Il ne faut pas oublier non plus de nombreux outils (on ne sait jamais ce qui peut arriver), et l’attirail de jeux pour les enfants. L’aîné veut un vélo, le second, des patins. Le cadet veut son chat, sa petite soeur refuse de partir sans son chien  ! Je cesse là mon énumération, car la malle de la voiture est pleine à déborder, et la galerie plie sous son chargement. Tout au matin, dans l’auto, les enfants sont entassés comme des sardines dans leur boîte en fer blanc. Il y a déjà un quart d’heure qu’on attend maman. Mais que fait-elle  ? Enfin la voilà. « Nom d’un chien  » dit-elle en courant vers la maison, j’ai oublié quelque chose  ! Le mécontentement est à son paroxysme lorsqu’elle revient avec deux cabas bourrés de souliers. Papa se fâche et crie  : « J’espère que tu n’as pas oublié tes sabots   ». Dieu soit béni, le cadet s’y met  : « Oh oui, maman, je t’aime tant en sabots   ». Les autres enfants se mettent à rire, si bien que l’orage des « méchancetés  » s’éloigne. Vous roulez maintenant sur la route. Un conseil  : jetez de temps en temps un coup d’œil à Saint Christophe qui est « suspendu  » dans un coin de l’auto, et n’oubliez pas que les vacances sont là pour que vous vous refassiez une santé. Certains de vos parents ne sont pas partis avec vous. Une petite carte leur ferait plaisir. Bonnes vacances  !