Par : Fleury LJ
Publié : 12 septembre 2012

La vérité !

Lai voir’tè !

Jean-Marie Moine

Lai voir’tè  !

Ch’ è n’ fât dj’mais menti po faire di mâ, è fât saivoi coitchie lai voirtè poi aimoué  ! Mains, çoli s’aipprend. I aî craiyu mon grant-pére qu’ me diait qu’è Paîtçhes, les cieutches di cieutchie di môtie s’envoulïnt pou Rome pe r’venyïnt botaie des ûes dains les nids qu’i aivôs faits d’rie les grej’nieres pe dôs l’ bloûechie d’ note tieutchi. I m’ muse en çoli, en m’ raivisaint d’ lai raiconte de ç’te baich’natte qu’ vétçhiait d’aivô ènne fanne qu’ èlle preniait po sai mére. Qué bé l’ aimoué entre les dous  ! In bé djoué qu’ lai baîch’natte aivait aippris en l’écôle totes soûetches de tchôses ch’ l’ hértaince d’ lai naiture ( génétique ), èlle compregné que ç’te fanne qu’èlle preniait po sai mére n’était p’ sai boinne mére  : èlle airait daivu aivoi des bieus l’eûyes, les sïns étïnt vois  ! L’aimoué d’ lai baich’natte po ç’te fanne se tchaindgé en hïnne. Tot le v’laidge en feut r’virie. Meinme les afaints d’ l’écôle en v’niainnent en lai pé métchainn’tè. Poi tchaince, l’ raicodjaire qu’était piein de s’né, en djâsaint d’aivô les afaints yôs fsé è compâre qu’ènne mente n’était p’ ïn airtieulon, ch’ an lai fsait poi aimoué. Bïn pus taîd, aiprés brâment d’ seuffrainces, ç’ ât lai baich’natte que v’nié en l’éde de ç’te fanne qu’ n’était p’ sai mére, pe qu’était tchoi â pus béche. Qué grante è bèlle yeçon  ! D’ nôs djoués, an n’aipprend pus, poi aimoué, és afaints è craire en ç’ qu’ ât ïmpossibye. Merci, chér grant-pére, d’ m’aivoi aippris, poi aimoué, tiaind qu’i étôs afaint, è craire tot boinn’ment en ç’ qu’an n’ sairait craire. Afaint, i aî vu paitchi pe r’veni les cieutches de mon v’laidge, è Paîtçhes. Vôs m’ peutes craire, foi d’Aidjôlat, i les r’voirai ç’t’ annèe encoé  ! {J-M. Moine}

La vérité  !

S’il ne faut jamais mentir pour faire du mal, il faut savoir cacher la vérité par amour  ! Mais, cela s’apprend. J’ai cru mon grand-père qui me disait qu’à Pâques, les cloches du clocher de l’église s’envolaient pour Rome et qu’elles revenaient déposer des œufs dans les nids que j’avais faits derrière les groseilliers et sous le prunier de notre jardin. Je songe à cela en me rappelant l’histoire de cette fillette qui vivait avec une femme qu’elle prenait pour sa mère. Quel bel amour entre les deux  ! Un jour, la fillette qui avait appris à l’école toutes sortes de choses concernant la génétique, comprit que cette femme qu’elle prenait pour sa vraie mère ne l’était pas vraiment  : elle aurait dû avoir les yeux bleus, les siens étaient verts  ! L’amour de la fillette pour cette femme se transforma en haine. Tout le village en fut bouleversé. Même les enfants de l’école en vinrent à la pire méchanceté. Par chance, l’instituteur qui était plein de bon sens, en parlant avec les enfants leur fit comprendre qu’un mensonge n’était pas un péché, lorsqu’il était fait par amour. Bien plus tard, après beaucoup de souffrances, c’est la fillette qui vint à l’aide de cette femme qui n’était pas sa mère naturelle, et qui était à la porte de la plus abjecte déchéance. Quelle grande et belle leçon  ! De nos jours, on n’apprend plus aux enfants, par amour, à croire à l’impossible. Merci cher grand-père de m’avoir appris, par amour, alors que j’étais enfant, à croire tout simplement à ce qui paraît impossible. Enfant, j’ai vu partir et revenir les cloches de mon village, à Pâques. Vous pouvez me croire, foi d’Ajoulot, je les verrai cette année encore  !