Par : Fleury LJ
Publié : 12 septembre 2012

L’héritage maternel.

L’ hértaince d’ lai mére.

Jean-Marie Moine

L’ hértaince d’ lai mére.

Voili l’ mois d’ mai que r’vïnt, qu’ bote d’ lai tieulèe tot poitchot, qu’ çhieûrât nôs tchaimps è nôs bôs. Tot di temps d’ l’ huvie, lai naiture é fait son traivaiye en d’dôs, tot d’ pai lée, sains ran d’maindaie en niun. C’ât ç’ qu’ vôs èz fait âchi, vôs les méres, tiaind qu’ vôs èz bèyie lai vie. Dains vote soin, sains ran y poéyait tchaindgie, vôs èz tot bèyie en l’aiyeûtchon qu’ adj’d’heû vôs preussies ch’ vote tiûere. Vôs yi èz péssè tote l’hértaince de tus ces qu’ sont v’nis d’vaint vôs. Yote saing, hyie ç’ feut l’ vote  ; ç’ât mitnaint çtu d’ vot’ afaint. Yôs sôris aint ryu chus vote visaidge  ; en ç’te boussèe, èls éçhérant l’ midyiat de ç’tu qu’ât dains vôs brais. En ci mois d’mai, vote mâjon ât çheûri d’ béche enson. Vôs èz aicc’môdè ç’ qu’ lai naiture nôs bèye, en lai faiçon qu’ vote mére vôs l’é aippris. L’ miraîçhe ne s’airrâte pe li d’aivô vote afaint. Vote nobye bésaingne n’ât p’ outre. C’ât en vôs de djûere. En ces temps laivoù qu’ tot sanne allaie d’ traivie, seûv’nites-vôs de ç’ que diait A. de Saint Exupéry (i trâdus d’ mémoûere) : « An crait s’vent qu’le patrimoinne, ç’ât ç’ qu’ nôs aint léchie nôs véyes dgens. Po moi, l’ hértaince di péssè, ç’ât ç’ qu’ nôs léch’rains en nôs afaints   » Dâli, è vôs veut fayait aippâre è ainmaie en vote afaint , è vétçhie, è djâsaie âchi. Les méres di Jura aint aippris di temps d’ pus d’ mille ans è djâsaie l’ patois en yôs aiyeûtchons. C’ât en vôs de r’pâre lai r’yeve. I m’ permâts d’ vengnie ïn tot p’tét boquat de patoisainnes çhoés che çhailattes, dains l’ tieutchi d’ vote tiûere en vôs tus, riere-grant-méres, mémées, manmans obïn méres de d’main. I compte chus vos po aippâre en vôs afaints è ainmaie ces p’tétes patoisainnes çhoés, è i vôs tçhvâs ènne bèlle è boinne féte des méres. { J-M. Moine}

L’héritage maternel.

Le mois de mai revient, il met de la couleur partout et fleurit nos champs et nos forêts. Pendant tout l’hiver, la nature a fait seule son travail invisible, sans rien demander à quiconque. C’est aussi ce que vous avez fait, vous les mères, lorsque vous avez donné la vie. Dans votre sein, sans rien pouvoir y changer, vous avez tout donné au nourrisson que vous serrez aujourd’hui sur votre cœur. Vous lui avez transmis l’héritage de tous ceux dont vous descendez. Leur sang, hier ce fut le vôtre  ; c’est maintenant celui de votre enfant. Leurs sourires ont relui sur votre visage ; en cet instant, ils éclairent le minois de celui qui est dans vos bras. En ce mois de mai, votre maison est fleurie de bas en haut. Vous avez accommodé ce que la nature nous donne comme votre mère vous a appris à le faire. Le miracle ne s’arrête pas là avec votre enfant. Votre noble tâche n’est pas accomplie. C’est à vous de jouer. En ces temps où tout semble aller de travers, souvenez-vous de ce que disait A. de Saint-Exupéry (je traduis de mémoire)  : « On croit souvent que le patrimoine, c’est ce que nous ont laissé nos aïeux. Pour moi, l’héritage du passé, c’est ce que nous laisserons à nos enfants   » Donc, il vous faudra apprendre à aimer à vos enfants, à vivre, à parler aussi. Les mères du Jura ont appris pendant plus de mille ans le patois à leurs enfants. C’est à vous de prendre la relève. Je me permets de semer un tout petit bouquet de fleurs patoises si fragiles dans le jardin de votre cœur, à vous toutes, arrière-grand-mères, grand-mères, mamans ou futures mamans. Je compte sur vous pour apprendre à vos enfants à aimer ces petites fleurs patoises, et je vous souhaite une belle et bonne fête des mères.