Par : Fleury LJ
Publié : 2 juillet 2012

Les cigognes

Eric Matthey : Les cigangnes

Les cigangnes

C’ment qu’vôs l’saîtes, è y’è d’j’ bïn quéques annèes, ènne trope de cigangnes s’ât ïnchtallè è Daimphreux, djeûte â long des étaings des Tieûdres. Ces graicious étcheûssies aint conchtru yôs nids en lai boquatte des toiyies que s’ trovant â yuedit Moûetche Tchievre. È y’ en é meinme ïn coupye qu’ é éyu d’moéraince chu l’toit di môtie d’ces Etiureûs ! Tchétche paitchi-feû, an ont l’piaiji d’voûere des p’téts bacs s’eûvri ât raintchat des nids è pe des poirents brâment otiupès è les rempiâtre. Dâli, d’aivô tos ces aiffaimès bacs, les raittes, les s’ris, les roudges-raittes, les raines è pe les bats n’aint que d’se s’bïn t’ni. Mains âchi, qué bonhèye po les Etiureûs, les Quoûes d’aignés, les Tiaissèts obïn les Gravalons, sains pailaie bïn chur des Rétchéjy, Coéchèlles o Çhoérimont, d’voûere pyainaie dains l’cie d’Aidjoûe ces bés gros l’oûegés. Voili qu’ïn bé djoué di mois d’mai, qu’i reug’nôs en vélo enmé lai caimpaigne è les voirdgies en çhoés d’ci bé carre de tiere, i m’ râté po faire ïn p’tét sanne dôs ces toiyies de Moûetche Tchievre. Mais pe trop d’dôs bïn chur, è câse di « bonhèye » que tchoit d’ces nids (è pe li, i vôs peus dire que c’n’ât’p d’lai miedge de p’tét l’oûegé !). Dâli qu’i étôs quasi endreumi, voili qu’i ôs djâsaie dains les braintchaidges. È m’ vôs fât dire que tiaind qu’i étôs p’tét, ènne boénne daimatte s’ât çhainnè chu mon bré pe, d’aivô sai maidjique baidyètte, m’é béyie l’ pouvoi d’ compâre le langaidge des bétes. Dâli voili c’ qu’i ôyé : - È bïn moi, qu’dit ènne permiere cigangne, âdj’d’heû, i seus brâment héy’rouse pochqu’i ai aippoûetchè di bonhèye dains ènne mâjon d’ Tieûve. Mains ô, i seus t’aivu yivraie ïn bé p’tét boûebât en des dgens que craiyïnt ne dj’mais aivoi d’afaint. - Po moi, qu’dit lai doujieme cigangne, çoli srè po d’main. Ç’ât ènne djoli baich’natte qu’i m’en veus allaie dépôsaie dains ènne faimille de Y’voncouèt, dains ïn hôta laivousqu’è n’y é po l’môment qu’des boûebats. I m’ rédjoiyis dje l’lai djoûe qu’i bot’ré dains l’tiûre de ces dgens. Ènne trâjieme cigangne ne diait ran, mais écoutait les doues âtres d’aîvo ènne p’téte maliciouse mine. - È pe toi, qu’èlles y’i d’maindainnent ensoinne, te n’fais ran ces djoués ? - Nian, qu’èlle réponjé, i n’ai p’brâment è faire ces djoués. Mains i veus tot pairie allaie churvoulaie l’covent ! Les boénnes soeurs ne me c’mandant djemais ran, mains i ainme taint yôs faire pavou ! {Les Foulets, le 19 de feuvrie 2010 Eric Matthey}

Les cigognes

Comme vous le savez, il y a déjà bien quelques années, une troupe de cigognes s’est installée à Damphreux, juste à côté des étangs des Coeudres. Ces gracieux échassiers ont construit leurs nids au sommet des pins qui se trouvent au lieudit Chèvre Morte. Il y en a même un couple qui a élu domicile sur le toit de l’église de ces Queues d’écureuils (habitants de Damphreux). Chaque printemps, on a le plaisir de voir des petits becs s’ouvrir au bord des nids et des parents très occupés à les remplir. Alors, avec ces becs affamés, les souris, les musaraignes, les campagnols, les grenouilles et les crapauds n’ont qu’à bien se tenir. Mais aussi, quel bonheur pour les Queues d’écureuils, les Queues d’agneaux , les Casseroles ou les Frelons (respectivement habitants de Damphreux, Lugnez, Coeuve et Beurnevésin), sans parler bien sûr des Réchésy, Courcelles ou Florimont, de voir planer dans le ciel d’Ajoie ces beaux grands oiseaux. Voici qu’un beau jour du mois de mai, alors que je vagabondais en vélo dans la campagne et les vergers fleuris de ce beau coin de pays, je m’arrêtai pour faire un petit somme sous ces pins de Chèvre Morte. Mais pas trop au-dessous bien sûr, à cause du « bonheur » qui tombe de ces nids (et là, je peux vous dire que ce n’est pas de la m…. de petit oiseau !). Alors que j’étais presque endormi, voilà que j’entends parler dans les branchages. Je dois vous dire que lorsque j’étais tout petit, une bonne fée s’est penchée sur mon berceau et, avec sa baguette magique, m’a attribué le pouvoir de comprendre le langage des bêtes. Alors, voici ce que j’entendis : Et bien moi, dit une première cigogne, aujourd’hui je suis vraiment heureuse parce que j’ai apporté du bonheur dans une maison de Coeuve. Mais oui, je suis allée livrer un beau petit garçon chez des gens qui croyaient ne jamais avoir d’enfant. Pour moi, dit la deuxième, ce sera pour demain. C’est une jolie petite fille que j’irai déposer à une famille de Levoncourt, dans un foyer où il n’y a pour le moment que des garçons. Je me réjouis déjà de la joie que je mettrai dans le cœur de ces gens. Une troisième cigogne ne disait rien, mais écoutait les deux autres avec un petit air malicieux. Et toi, qu’elles lui demandèrent ensemble, tu n’as rien à faire ces jours ? Non, répondit-elle, je n’ai pas vraiment à faire ces jours-ci. Mais je vais quand même aller survoler le couvent ! Les bonnes sœurs ne me commandent jamais rien, mais j’adore aller leur foutre la trouille !