Par : Fleury LJ
Publié : 7 février 2012

Eribert Affolter, RFJ, 5 février 2012

Radio Fréquence Jura RFJ Rubrique en patois du 15 février 2012 Auteur : Eribert Affolter Thème : La situation de la femme dans la société
---- 5 février 2012 Aimis di patois bondjoué, Voili ïn po pus de quairante annèes que les fannes de ce care de tiere aint le drèt d’allaie vâtaie. Ç’était le duemoine chèt d’feuvrier diche nûef cent septante èt yun. Nôs étïns, tchu c’te bole, quasi les drie è aivoi ènne mentalitè achi r’tairdgie. Nos véjïns aivïnt bèyie ci drèt dâ bïn grand. Tiaint an y muse, adjeud’heu, çoli fait riolaie ; mains è me sembye qu’an dairait putôt en puraie. D’vaint d’an airrivè li, les fannes aint daivu s’baitre c’ment des diaîles. An raiconte quéques loûenes qu’an ojerèz’p raicontaie â djûenes d’adjed’heû. Ề fât qu’i vôs en dieuche ènne po vôs motraie l’airboué (la bêtise) d’ci temps li. Ềnne daime ç’ât fait dérobaie son sait â main. Ềlle vait tchie le diaîdge (garde-police) po s’piaîndre. Le dgendairme, bïn chur ïn hanne, è n’y aivait’p encoé de dgendairmette de ci temps li, lu fait c’te réponche : « Ci sait ç’n’ât’p le vote, ç’ât c’tu de vote hanne, poche que les fannes n’aint’p le drèt d’aivoi âtçhe. Vôs allaie tchri vote hanne po qu’an poyeuchïnt faire âtçhe po vôs. » Oh ! Ề y é encoé bïn des cares laivoù les fannes n’aint ran è dire. Bïn hèyerousement ç’n’ât’p le cas tchie nôs. Ran que l’annèe péssèe, è y aivait quaitre fannes â Conseil Fédérât. Tchie nôs quéques hannes musant encoé que les fannes daivant d’moraie en l’hôtâ. Ềls aint encoé, drie lai caboche, qu’ènne fanne dait s’ottchupaie : - Des afaints - Allaie â môtie - Faire lai tieujainne C’n’ât pu dïnche. Vos voites dains les grosse écôles è y é pus de baichattes que de bouèbes. Ềt peus è n’y é pu de métie de fannes et des méties d’hannes. An voit bïn s’vent des fannes en grïmpe-tiu (en salopette). I remairtche que les fannes frainçaises poyeuchïnt s’inchcrire dains ïn syndicat, se piaindre tchie les dgendairmes, signait des paipies offichiâ, sains l’aiccoue de yos hannes dje dains les annèes diche nûef cent vingt. Po vâtaie, ès aint daivu aittendre dich neuf cent quairantre cïntçhe. Lai condute d’ènne dyïmbarde était défendu. Tot çoci po vôs dire qu’è fât di temps po que les dgens tchaindgeuchïnt d’aivisaîye. Ïn véye de mon v’laidge me diait : « Mitnaint ç’ât les fannes que poétchant lai tiulatte. Sai fanne que ne s’tirait’p en drie r’diait : Oh ! Les hannes sont prou malïns po s’défendre. Èt bïn ç’ât tot po adjed’heû. I vôs tchvâ ïn bon duemoine èt ïn bon peûtou che vôs péssè è tâle. E. Affolter ---- 5 février 2012 Amis du patois bonjour, Voilà un peu plus de quarante années que les femmes de ce pays ont le droit d’aller voter. C’était le dimanche sept février mille neuf cent septante-et-un. Nous étions, sur cette terre, presque les derniers à avoir une mentalité aussi retardée. Nos voisins avaient donné ce droit depuis longtemps. Lorsque l’on n’y pense, aujourd’hui, ça fait rigoler ; mais il me semble qu’on devrait plutôt en pleurer. Avant d’en arriver là, les femmes ont dû se battre comme des diables. On raconte quelques histoires qu’on n’oserait pas raconter aux jeunes d’aujourd’hui. Il faut que je vous en narre une pour vous montrer la bêtise de ce temps-là. Une dame s’était fait voler son sac à main. Elle alla chez le gendarme pour se plaindre. Le gendarme, bien sûr un homme, il n’y avait pas encore de femmes gendarmes en ce temps là, lui répondit de la sorte : « Ce sac n’est pas à vous, c’est celui de votre homme, parce que les femmes n’ont pas le droit de posséder des objets. Il faut que vous alliez chercher votre homme afin que l’on puisse faire quelque chose pour vous. » Oh ! Il y a encore bien des pays où les femmes n’ont rien à dire. Bien heureusement ce n’est pas le cas chez nous. Rien que l’année dernière, il y avait quatre femmes au Conseil Fédéral. Chez nous quelques hommes pensent encore que les femmes doivent rester à la maison. Ils ont encore, en tête, qu’une femme doit s’occuper : - Des enfants - Aller à l’église - Faire la cuisine. Ce n’est plus ainsi. Dans les hautes écoles il y a plus de filles que de garçons. Et puis, il n’y a plus de métiers de filles et des métiers de garçons. On voit souvent des femmes en salopette. Je remarque que les femmes françaises pouvaient s’inscrire à un syndicat, se plaindre chez les gendarmes, signer des papiers officiels, sans l’accord de leur mari déjà dans les années mille neuf cent vingt. Pour voter, elles ont dû attendre mil neuf cent-quarante-cinq. La conduite d’une automobile était défendue. Tout ceci pour vous dire qu’il faut du temps pour changer la mentalité des personnes. Un vieux de mon village me disait : « Maintenant se sont les femmes qui portent la culotte ». Sa femme surenchérissait sans gêne : « Oh ! Les hommes sont assez malins pour se défendre. Et bien c’est tout pour aujourd’hui. Je vous souhaite un bon dimanche et un bon appétit si vous passez à table. E. Affolter