Par : Fleury LJ
Publié : 29 janvier 2023

Il y a un remède à tout !

È y é ïn rméde en tot !

Bernard Chapuis

È y é ïn rméde en tot

« Long plaingnaint, long vétiaint », que diaît la Rosalie di Mlïn en son hanne. Çtu-ci s’piaingeaît aidé. Ïn côp, c’était le dos, ïn côp les tchaimbes. Èl aivaît des fremis dains le gairguesson èt peus de l’âve dains les atchailles. - I n’seus p’bïn, Zalie. - Qu’ât-ce que t’és, adjd’heû ? - Ç’ât dains l’épâle, çoli me tire tot d’ènne sens. - Ç’ât lai yeune, çoli veut péssaie. Mains le lendemain : - I n’seus p’bïn, Zalie. - Ç’ât encoé çt’épâle ? - Nian, l’épâle, çoli vait. Ç’ât li, te vois, laivou qu’i bote mon doigt. - Ç’ât ci ptèt laîd qu’t’és maindgi hyie â soi. Te sais que te n’dairôs p’maindgie di grais. Voiche-te ïn p’tèt tyissat de gentiane. Ç’ât bon po les tripes. Èt peus l’djoué d’aiprés : - I n’seus p’bïn, Zalie. - Qu’ât-ce que ç’r’ât, ci côp ? Çte gentiane ne t’é p’faît di bïn ? - Ç’n’ât pus l’ventre. Le ventre vait meu, Dûe sait bni. Mains tiaind qu’i m’bote è crepéchon, dïnche, çoli craique dains le dgenonyon gâtche. Les tchaimbes ne me poétchant plus èt peus i aî pavou de tyissie. - È t’fât t’frottaie d’aivô de çt’âve de Saint-Fromont èt peus n’y pus musaie. Ïn djoué qu’è se r’piaingeaît, lai Zalie y é réponju : - Te me sôles d’aivô tes mâs, Colas. I n’veus pus t’ouyi. Vais t’en tchie l’médcïn èt peus râte de m’endoûerlaie. Voili mon Colas tchie l’médcïn. Çtu-ci vôs le rvire de totes les sens èt peus n’y trove ran. - Ç’ât di rhumatisse, qu’è yi dié. I en aî âchi. - Ah ? Èt peus, qu’ât-ce qu’vôs faîtes ? - Tiaind qu’çoli m’prend, i m’serre tot contre mai fanne dos lai tçhvéche. Lo tchâd di yét me faît di bïn. Mon Colas muse ènne boussiatte èt peus dit â médcïn : - Dites voûere, elle ât li, mitnaint, vot’ fanne ? {Bernard Chapuis, mai 2011} ---- {{Enregistrement par Michel Cerf, le Micou, Alle, 28.1.2023}}
----

Il y a un remède à tout

Long plaignant, long vivant, disait la Rosalie du Moulin à son homme. Celui-ci se plaignait tout le temps. Une fois, c’était le dos, une fois les jambes. Il avait des fourmis dans le gosier et de l’eau dans les orteils. - Je ne suis pas bien, Zalie. - Qu’est-ce que tu as aujourd’hui ? - C’est dans l’épaule. Ça me tire tout d’un côté. - C’est la lune. Ça va passer. Mais le lendemain : - Je ne suis pas bien, Zalie. - C’est encore cette épaule ? - Non, l’épaule, ça va. C’est là, tu vois, où je mets mon doigt. - C’est ce petit lard que tu as mangé hier soir. Tu sais que tu ne devrais pas manger du gras. Verse-toi un petit verre de gentiane. C’est bon pour les intestins. Et le jour suivant : - Je ne suis pas bien, Zalie. - Qu’est-ce que c’est de nouveau ? Cette gentiane ne t’a fait de bien ? - Ce n’est plus le ventre. Le ventre va mieux, Dieu soit béni. Mais quand je m’accroupis, comme ça, ça craque dans le genou gauche. Les jambes ne me portent plus et j’ai peur de glisser. - Il faut te frotter avec cette eau de Saint-Fromont et n’y plus penser. Un jour qu’il se plaignait à nouveau, la Zalie lui a répondu : - Tu me soûles avec tes maux, Colas. Je ne veux plus t’entendre. Va t’en chez le médecin et cesse de m’importuner. Voilà mon Colas chez le médecin. Celui-ci vous le retourne de tous côtés sans rien trouver. - C’est du rhumatisme, lui dit-il. J’en ai aussi. - Ah ? Et puis qu’est-ce que vous faites ? - Quand ça me prend, je me serre tout contre ma femme sous la couverture. Le chaud du lit me fait du bien. Mon Colas réfléchit un moment puis dit au médecin : - Dites donc, elle est là, maintenant, votre femme ? {Bernard Chapuis}