Publié : 30 septembre 2022

Yainnure (12) Au charme des mots d’antan.

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 23 septembre 2022

Yainnure (12) Au charme des mots d’antan.

Pitçhatte est un dérivé de{ pitçhe}, pique, lance, pointe, dont il est un diminutif. Il entre dans l’expression imagée {en lai pitçhatte di djoué}, rendu en français par « à l’aube », ou, pour coller à l’expression patoise, « à la pointe du jour ». La famille de {pitçhe} est très productive : {Pitçhat}, se dit de l’ortie (picot en français régional) et de toute plante épineuse. {Pitçhaie}, piquer :{ I m’seus fait pitçhaie poi ènne vépre}. Je me suis fait piquer par une guêpe. {Pitçhenaie}, picorer, se dit aussi d’un petit mangeur qui {pitçhene} sans grand appétit. La barbe naissante de l’adolescent ne pique pas encore, c’est du duvet,{ d’lai pitcheûlatt}e. Des pommes tavelées sont{{ pitçholèes}}. {Prou}, assez. Survit en français dans l’expression peu ou prou. {T’en és prou, mitnaint, des sous, diait mon pére en ci crassou aillondgie dains son voîe. } Tu en as assez, des sous, maintenant, disait mon père à cet avare allongé dans son cercueil. {Roncïn}. Le vieux mot français roncin désignait, au moyen âge, le cheval de charge, par opposition au coursier ou cheval de guerre. Il est définitivement sorti de l’usage. En revanche, notre patois l’a conservé avec le sens général d’étalon. {Èl éyeuve des roncïns}. Il élève des étalons. {Lai sôte}, désigne un abri contre la pluie et se rencontre essentiellement dans l’expression figée{ se botaie en lai sôte}, s’abriter.{ Vïns pie en lai sôte, è veut bïn raîssotaie ïn djoué}. Viens t’abriter, il va bien cesser de pleuvoir un jour. {Taîtieut}, lambin.{ Ci nitiou n’ât dj’mais prât, ç’ât ïn sacré taîtieût}. Ce gamin n’est jamais prêt, c’est un sacré lambin.{ Èl aivait breûlè è Bonfô. Yun des soudaits di fûe était ïn taîtieût. Ailaîrmè â moitan d’lai neût, è ne r’trovait pus ses aifféres. D’vaint que d’paitchi, è d’mainde encoé en sai fanne de yi faire vite ènne sope en lai fairainne. Tiaind qu’è feut ch’l’e yûe, lai mâjon était dj’eurconchtrute.} Un incendie s’était déclaré à Bonfol. Un pompier était connu pour sa lenteur. Alerté au milieu de la nuit, il peine à réunir son équipement et, avant de se rendre sur les lieux du sinistre, demande à sa femme de vite lui préparer une soupe à la farine. Quand il arrive sur les lieux du sinistre, la ferme était reconstruite. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
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